Un peu d’histoire. C’est en des temps immémoriaux (comprenez en 1983) qu’est créé l’univers de Warhammer sous l’impulsion de Steve Jackson et Ian Livingstone, fondateurs de Games Workshop. A la base, c’était un simple cadre pour une gamme de figurine. Au fil des années, la licence s’est développée, en jeux de rôles, jeux de plateau, et même en jeux vidéo. Dans le cœur de beaucoup de rôlistes, c’ est un univers majeur, qui a servi de cadre à bien des aventures depuis sa création. Dans ses nombreuses déclinaisons, Warhammer est exploité en 1995 pour un jeu de plateau nommé Warhammer Quest. 1 à 4 joueurs pouvaient explorer des donjons tout en essayant de résoudre des quêtes. Pas loin de 20 ans plus tard, une version éponyme pour Iphone et Ipad de ce jeu de plateau est proposé à 4,49 euros. Que les Pcistes se rassurent, une nouvelle version voit le jour développée par Rodeo Games et Twistplay, disponible le 07 janvier 2015 pour 14,99 euros sur Steam pour l’édition standard. Mais que vaut vraiment cette version par rapport à la version iphone ?
Sos donjons express
Warhammer Quest met à votre disposition une équipe de quatre compagnons de fortune (du moins c’est à souhaiter) spécialisés dans le nettoyage à sec de donjons de leurs orcs, gobelins, et autres immondices. Le principe est toujours le même : vous vous balladez bien tranquillement de ville en ville, à chaque fois, des textes viennent vous décrire l’atmosphère générale du coin. Ensuite, une quête vous est attribuée, vous rappelant que vous n’êtes pas de simples touristes. De la ville, vous avez le choix entre un donjon rouge, qui symbolise la quête principale à accomplir, ainsi que quelques donjons blancs, où il sera surtout question de gagner de l’équipement pour vos héros, alors que la quête, elle, vous apporte surtout des pièces d’or. Il s’agira ensuite d’enchaîner les donjons, pour augmenter votre niveau, et avancer de ville en ville. A chaque fois, une nouvelle quête. Tout cela est assez addictif si l’on adhère au principe du jeu.
Une gameplay classique mais efficace
Si vous avez déjà approché un jeu de rôle au tour par tour, vous ne devriez pas être perdu devant Warhammer Quest. La caméra en vue de dessus cadre plutôt bien l’action, et permet de visualiser clairement où vous en êtes dans le donjon. De toute manière, vous ne devriez pas vous perdre, puisque l’ensemble des couloirs offre parfois deux choix de directions, mais il faut avouer que l’on progresse souvent en ligne droite. Au final, les donjons s’enchaînant plutôt rapidement, cela n’est pas très dérangeant. Au fil de votre progression, vous rencontrez des groupes d’ennemis de façon aléatoire. Une fois en combat, vous programmez vos actions, et vous finissez votre tour lorsque vous avez terminé, ce qui démarre ainsi le tour des ennemis, et ainsi de suite. C’est assez classique, mais au final, très facile à prendre en main, et plus efficace que jamais. Les fans du genre seront ravis. Pour ce qui est de l’équipement, vos héros pourront transporter 5 objets communs, 5 objets rares et 5 objets légendaires, comprenant les consommables tels des potions, des bandages, des parchemins magiques, mais aussi vos pièces d’armures et vos armes. Le système est assez bien fichu, renforcé par une interface claire et agréable.
Oh, un rat sauvage apparaît !
Ce qui va profondément changer l’expérience de jeu, et peut être user de votre patience à l’ extrême, c’est l’aléatoire. En effet, sa place est prépondérante dans ce jeu. Des fois, ça peut être assez sympa, et prendre la forme de petits événements qui font un peu vivre les donjons, ou encore les voyages sur la carte. Bien sûr ça peut être profitable du genre « au détour d’un couloir, une prêtresse agonisante vous restaure toute votre vie », mais au contraire, vous pouvez vous faire ni plus ni moins racketter par le jeu. Il n’est pas rare, comme ça, d’un coup, en sortant du marchand en ville après une de vos expéditions, qu’un de vos héros soit arrêté pour meurtre, et que vous deviez payer 150 pièces d’or pour le libérer, par exemple. Parfois, le jeu nous place devant un choix, ce qui rend la punition moins frustrante, mais quand on s’abrite chez quelqu’un à cause des intempéries, qu’il nous extorque 200 pièces d’or durement gagnées, et qu’on peut rien faire pour éviter ça, on a un peu envie de crier à l’injustice. Pour les combats aussi, vous n’aurez pas fini de vous arracher les cheveux. Parfois, vous rencontrez un groupe en arrivant dans une salle. Normal, me direz-vous. Ce qui l’est moins, c’est que le groupe déjà conséquent que vous affrontez soit renforcé arbitrairement par un groupe de 6 squelettes dès le tour suivant. Bien sûr, si vous avez déjà approché un jeu de plateau et que vous êtes familier au concept de tirer des cartes de rencontres aléatoires, cela ne vous choquera pas, mais si vous ne l’êtes pas, vous risquez parfois de vous sentir persécutés, et de proférer des insultes assez incongrues envers le jeu. Devant ses mésaventures, on se demanderait presque si l’on ne se trouve pas dans un épisode du donjon de Naheulbeuk.
La démo de luxe
Qu’on se le dise, déjà à l’époque, les critiques qui revenaient souvent à l’encontre du jeu sur ios étaient surtout à l’encontre des DLC, dont le prix global revenait à bien plus cher que le prix du jeu de base. Sur pc c’est exactement la même chose, sauf que le jeu de base a quand même pris 10 euros de plus entre temps. Ce que je ne vous avais encore volontairement pas dit, c’est que la fabuleuse carte ci-dessus comporte trois régions…. dont 2 en dlc qui peuvent être achetés d’emblée avec l’édition de luxe, ou bien pièce par pièce. Pour l’édition standard, soit 14,99 euros, vous avez donc 1 carte qui comporte 9 quêtes, et 4 classes de personnages (assez classique il faut bien le dire). Vous pouvez bien sûr mettre la main au portefeuille et vous offrir l’édition de luxe, qui comprend 3 régions, 11 classes de personnages, 5 objets légendaires, des monstres en plus, des donjons en plus….En gros, le jeu complet, mais pour pas loin du double, soit 27,99 euros. L’addition semble assez salée pour un jeu mobile adapté tel quel, sans renforts visuels. Les animations de présentation des villes sont assez bien rendues, mais très vite redondantes, mais le reste correspond au minimum syndical d’un jeu téléphone. Déjà, il n’y a aucune scène cinématique, que du texte, et souvent de gros pavés pour ne pas dire grand-chose, et surtout les animations d’attaques sont particulièrement molles, particulièrement pour le sorcier. Ne vous attendez pas à voir des sorts visuellement impressionnants, parce que les attaques les plus dévastatrices ressembleront juste à un pétard que votre petit frère aura jeté dans la rue un 14 juillet.
Vous l’aurez peut être remarqué, ma frustration est montée crescendo au cours de l’écriture de ce test. Les défauts de ce jeu pèsent lourd, et c’est bien dommage, puisque ses qualités sont assez intéressantes. Si l’on accroche au principe du jeu, et si on pardonne au racket de l’aléatoire, on peut vite ne pas voir les heures défiler, et entrer dans des phases de levelling et de chasse au loot vraiment passionnantes. Le tout étant un peu redondant, et pas scénarisé. Certes, pas mal de descriptions informent le joueur sur le contexte des villes, et les quêtes qu’ils doivent accomplir, mais ces dernières n’ont aucun lien entre elles se résument souvent à sauver un boulanger, ou retrouver un objet perdu. De ce fait, en considérant l’absence de trame principale, l’aléatoire bien trop présent, et le gameplay tour par tour très classique, le jeu a bien plus de chances de plaire aux fans de jeux de plateau qu’au fans de RPG pc. L’addition passe encore plus mal si l’on prend en compte le prix fort que l’on doit payer pour avoir accès à l’ensemble du contenu, qui paraît bien maigre avec l’édition standard. Surtout que là, on est sur steam, pas sur app store