Goliath : un action-RPG électrique ! (Test)

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Votre premier bébé !

Quand les deux indépendants que sont  Octopus Tree (éditeur) et le studio Whalebox se jettent dans une aventure vidéoludique, cela donne Goliath. Dans le genre très prisé des RPG, les places sont chères. Beaucoup d’indépendants sont dans l’ombre de triples A comme Witcher ou Dragon Age. Et si l’on se tourne du côté de la science-fiction, des mastodontes comme Mass Effect et Fallout se partagent l’affiche. Alors comment se démarquer des leaders quand on a de modestes prétentions ? Sans doute en proposant un jeu où le craft prédomine ! Goliath a-t-il conquis le public avec une approche différente et personnelle des RPG ? Chez Just Focus, on vous dit tout sans détour.

Votre premier bébé !
Votre premier bébé !

Un monde cohérent et plein de surprises

Bienvenue dans un monde mystérieux et terriblement dangereux. Après un crash inexpliqué, Andrew Gromov, brillant inventeur qui s’est créé un bras mécanique, doit apprendre à survivre dans un univers étrange… Et quel univers ! Des bâtiments américains des années 30 côtoient des araignées toxiques, des léopards des neiges dorment près des vestiges de vaisseaux spatiaux et des dinosaures pullulent dans les steppes ! Pour survivre, Andrew ne pourra compter que sur son ingéniosité en construisant des robots : les Goliath.  De ce postulat de départ, dans lequel le joueur est lâché à l’aveugle, il faudra appréhender cet autre monde qui est aussi inconnu pour vous que pour le héros. Un petit tutoriel très rapide et basique vous renseignera sur les capacités de Andrew : poser un campement, se rendre invisible et tirer au pistolet. Les capacités apparaissent à droite de l’écran, et sont utilisables selon un cycle. Il faut donc attendre pour les réactiver. A noter que le jeu est entièrement en anglais, et que les commandes ne sont malheureusement pas personnalisables, du coup, il sera plus simple pour les joueurs francophones de passer leurs claviers en QWERTY. Le campement vous donnera accès aux prémices du craft, nerf de la guerre du jeu Goliath. En effet, le feu de camp vous permettra de brûler des éléments comme le bois et de cuire des aliments. La tente vous donnera accès à tout ce qui est fabrication des consommables : kits de réparation, onguents pour les soins et plein de petites choses sympathiques que vous découvrirez en jouant au jeu (oui, on est bon seigneur, on vous laisse ce privilège). A partir de là, une quête principale vous donnera accès à votre base. Cette base se téléportera avec vous partout sur la carte, épousant les lieux très différents que vous allez parcourir. Ce nouveau chez vous, très pratique est muni de trois coffres de rangement (vous n’en aurez jamais assez), d’une tente, d’un feu de camp, d’un atelier de construction pour les Goliath et un téléporteur. Basique me direz-vous ? Mais c’est sans compter sur Andrew qui peut construire en plus un laboratoire, une station pour les armes, des garages à Goliath et améliorer plusieurs éléments de la base.

Goliath crapaud
Ce crapaud ne m’inspire pas confiance !

Andrew est équipé d’une pioche et d’une hache, lui permettant de couper les arbres et de casser la pierre. Tout s’utilise dans Goliath, que cela soit les brindilles, le mucus des araignées, les champignons que l’on peut ramasser, les baies à récolter, la pierre à casser… Vous ne ferez pas un pas sans avoir des choses à récolter. Et comme dans tout RPG qui se respecte, vous aurez très rapidement l’inventaire plein. A noter pourtant qu’il est possible de faire des tas de 100, mais vous comprendrez vite que c’est des tas de 1000 qu’il aurait fallu ! Fort de son Cel Shading chatoyant, les graphismes de Goliath sont comme les couleurs d’une palette bien fournie et le rendu celui d’un peintre chevronné ! L’univers de Goliath est très joli et particulièrement diversifié. En effet, les principaux biotopes sont au nombre de six : jungle, forêt, marais, désert, enneigé et robotique. A chaque environnement, la faune et la flore varient, permettant une certaine cohérence et surtout des conditions environnementales qui influent. Le bestiaire est particulièrement varié : des araignées toxiques aux araignées explosives, en passant par les Dodos, les Golems de pierre aux Golems de glace, des Grabbers (dinosaures théropodes) aux Stag (la fusion entre un mammouth et un rhinocéros), des momies aux trolls pour finir par des reptiliens intelligents… C’est un vrai écosystème qui prend vie dans Goliath et chacun d’entre eux à ses attaques, ses spécificités, et ses faiblesses. Si vous voulez vider une région, il faudra détruire tous les nids des espèces les plus prolifiques sous peine de voir apparaître des rejetons toujours plus nombreux. Il est amusant dans le cas des Dodos de voir les bébés vous coursez alors qu’ils font deux têtes de moins que vous !  D’ailleurs chacun aura une réaction différente vis-à-vis de vous : les gros animaux peuvent dormir et vous attaquez que si vous insistez comme un lourdaud, les dodos et les araignées seront automatiquement hostiles alors que les petites créatures comme les lapins se sauveront à votre approche. Le cycle jour  / nuit est un plus bien appréciable pour crédibiliser la vie environnante. Et dans cet univers particulièrement redoutable, plusieurs civilisations feront appel à vous. Trois factions seront au centre des interactions.  Avec ces peuplades, vous pourrez augmenter votre réputation et avoir la possibilité de commercer avec leurs vendeurs. Pour ce faire, il vous faudra accepter des quêtes répétables où il sera souvent question de ressources à donner. Une bonne façon de vous faire des gemmes ! Trop de gemmes tue la gemme ? Vous n’en aurez jamais assez…

Goliath inventaire
L’inventaire le fléau des rôlistes !

Craftons beaucoup et craftons bien !

Parallèlement à votre quête principale, qui justifiera votre avancée dans ce monde surprenant, la totalité du gameplay repose sur cette devise : « ramasser, entasser, créer« . Goliath est le genre de jeu où il est difficile de trouver des éléments du décor superflus. Tout aura nécessairement une utilité, même les squelettes, les débris, les caisses de matériaux… A partir du Goliath de métal, les minerais auront besoin d’être fondus pour obtenir des lingots. Si certains éléments seront utiles pour fabriquer des soins, des mines, des boosts et des kits, la plupart serviront à construire vos Goliath et leurs armes. Ces robots aussi fascinants qu’imposants, permettent à Andrew d’évoluer et se défendre. Il existe quatre grands types de Goliath : Goliath de bois, de pierre, de métal et de cristal. Trop peu ? C’était sans compter sur quelques subtilités… Pour chaque type de Goliath, il existe une dizaine de déclinaisons. Par exemple le Goliath de bois, il y en a cinq en plus du Goliath de base : Coal Goliath, Wooden Sniper, Wooden Fortress, Wooden Demolitionist, Wooden Savage. Chaque sous-catégorie de Goliath est constituée selon un set : une tête, un torse, des jambes et des bras. Pour déverrouiller chaque partie du Goliath, il faut remplir des conditions. Les critères diffèrent, cela peut être en fonction d’une capacité du Goliath (comme tuer des créatures juste avec les poings), de votre niveau, de défis… A mesure que vous débloquez des pièces de Goliath, vous pourrez faire le Goliath qui vous convient et dépend de votre style de jeu. A noter qu’il est possible de s’équiper de 3 Goliath quand vous partez en vadrouille. Les Goliath ont des bonus et des malus très différents selon le type de base (bois, pierre, métal et cristal) mais aussi selon les éléments qui les constitueront. Ainsi un Goliath de bois entièrement sous le set Goal Goliath pourra se régénérer dans les milieux chauds. Un Goliath avec le plastron de base pourra lui reprendre de la vie dans l’eau. Les différents écosystèmes et climats dans les régions du jeu permettront de vous donner des malus ou des bonus selon le Goliath que vous utilisez. Le désert provoque une forte chaleur qui pourrait mettre à mal un Goliath à base d’éléments de bois ou de glace. Il vous incombera d’analyser votre environnement avant de sélectionner son équipe !

Goliath Set à avoir
Certains objectifs à remplir pour déverrouiller d’autres Goliath sont particulièrement durs !

Les Goliath peuvent en plus s’équiper de deux armes, une au corps-à-corps et l’autre à distance. Chaque Goliath à son type d’arme : celui en bois aura des épées, des massues et des catapultes. Celui en pierre aura des haches, des masses, des fusils à pompe. Et ainsi de suite. Toutes les armes ne se valent pas. Certaines sont communes et ne produisent aucun effet. D’autres sont fabuleuses, mythiques ou légendaires et peuvent infliger des dégâts de froid, de feu, d’électricité… Les armes s’abîment et se cassent, il vous sera donc très utile de posséder une station dans votre base ou de connaître les bons marchands pour refaire vos stocks. Chez vous, il deviendra possible de réaliser vos propres armes avec la station. Les farmeurs chinois et les collectionneurs de trophées vont s’en donner à cœur joie ! Il faut dire que Goliath ne lésine pas sur les moyens et offre pas mal de possibilités. Tout comme  la création des Goliath, il faudra parfois s’armer de patience et de persévérance pour obtenir tous vos composants. Passer d’une région à une autre sera donc indispensable et bien connaître quels environnements possèdent vos éléments encore plus. La station d’armes peut être améliorée trois fois et vous permettre de construire un plus large éventail d’armes en vue de combats épiques !

Choisissez comment sera votre Goliath !
Choisissez comment sera votre Goliath !

Un RPG atypique !

Tout d’abord, Goliath fait le choix de peu de quêtes secondaires, préférant axer le gros de son gameplay sur le craft. Et il faut l’avouer, cela fonctionne très bien. On se prend à faire des allers-retours sur toute la carte sans ressentir un profond ennui. Il est bien agréable de faire ses propres choix de déplacements. Si vous allez dans un endroit, c’est principalement pour récupérer des composants en vue des pièces de Goliath que vous avez décidé de construire. Il existe cependant des quêtes secondaires qui ont pour but de gagner de la réputation, de l’expérience, d’obtenir des emplacements de trésors ou encore de gagner des récompenses intéressantes comme des armes. Ensuite, elles mettent en scène les principales factions avec lesquelles vous pourrez interagir, elles ont donc la plupart du temps une utilité pratique. Cela n’empêche pas de diffuser quelques notes d’humour ici et là. D’ailleurs, certaines quêtes vous proposeront de faire des choix moraux, souvent basés sur le mensonge ou l’honnêteté. On peut ainsi passer un accord avec un voleur après l’avoir pourchassé pour gagner une double récompense ou bien mener à bien la mission initiale et le combattre. Les quêtes répétables auront pour but de monter votre réputation auprès des factions et de gagner des gemmes. Si les gemmes vous paraissent superflues, elles seront en fait très importantes pour deux raisons : elles vous permettront de vous déplacer d’une région à une autre et elles seront utilisables pour crafter. L’univers de Goliath est particulièrement vaste : la carte est divisée en 5 mondes, chacun possédant une dizaine de régions en moyenne. Ce qui représente une bonne cinquantaine de régions à explorer ! Côté vie, Goliath est du même calibre avec une durée de vie entre 50h et 60h selon vos ambitions et votre volonté de débloquer tous les Goliath, de construire, de tout visiter et de prendre des niveaux (pour débloquer aussi certaines pièces de Goliath). Bien sûr les éternels rushers pourraient bien faire descendre la durée de vie. Mais est-ce vraiment nécessaire de préciser que ce serait passer à côté de Goliath et de son gameplay ?

Par la puissance des régions !
Par la puissance des régions !

A la fin de chaque monde, vous pourrez compter sur un boss. Souvent impressionnants, ils sont massifs, avec des spécificités particulières et un design singulier. Ce sera l’occasion de voir si vous êtes bien équipés et si vous savez jouer vos Goliath. Les combats font partie intégrante des mécanismes récurrents, ils sont l’occasion de mettre à l’épreuve vos Goliath. Ceux-ci possèdent trois capacités propres à leur type, la dernière étant comme une capacité ultime (elle est donc plus longue à recharger). Une jauge de coups puissants se remplit en bas de votre écran et peut être déclenchée quand elle est pleine. Les combats sont souvent très pêchus, l’aspect action demande d’être concentré et vigilant ! En cas de besoin, vous pouvez compter sur les quatre raccourcis avec les objets que vous aurez équipés. Rien de plus banal jusqu’à présent et pourtant… Andrew Gromov peut s’équiper de trois Goliath dans son inventaire, à tout moment dans le combat, il peut passer de l’un à l’autre grâce à la touche T et la roue des Goliath qui apparaît. Très utile quand on remarque qu’un adversaire reprend sa vie grâce à la chaleur, ou que notre propre Goliath est sensible à des dégâts électriques. Comme nous l’avions expliqué un peu plus tôt, Andrew peut parcourir le monde entouré de deux autres Goliath. Pour cela rien de plus simple, il suffit de faire H et descendre de celui équipé. Il est possible alors de demander aux Goliath de nous suivre. Avec cette méthode, vos Goliath contrôlés par l’IA se lanceront dans la bataille dès que des créatures vous attaquent. Ce qui peut donner un sacré champ de bataille.

Goliath team
Une équipe qui envoie du rêve !

La bande-son devient nerveuse à l’approche du combat, dès qu’un ennemi vous remarque, les notes changent. Une bonne musique rythmée et la motivation est gonflée à bloc ! Dommage d’ailleurs que le reste du temps, la musique soit plus calme, plus d’ambiance ! Les effets et bruits sont plutôt bien fichus, il faut dire que dans un jeu comme celui-ci, cela contraste avec des personnages totalement muets (les dialogues sont entièrement écrits). L’anglais peut en rebuter plus d’un mais les dialogues restent courts et plutôt compréhensibles. Pas de panique, on ne parlera pas métaphysique dans Goliath ! Même les anglophobes y trouveront leur compte tant le jeu est intuitif ! Et pour les aventuriers, les courageux, les curieux… Goliath propose des donjons ! Ils sont balisés par un crâne d’une créature gigantesque et avec un poteau en bois devant. Une fois à l’intérieur, c’est le parcours du combattant qui commence ! Mais le jeu en vaut la chandelle, parce qu’il s’avère que des coffres souvent bien garnis vous attendent. Et puis, rien de tel qu’un ou plusieurs élites pour vous faire grincer des dents. Ils sont signalés par des têtes de morts rouges à côté de leur barre de vie. Si vous aimez les trésors à découvrir à la manière d’un Indiana Jones, les cartes aux trésors pourraient bien vous plaire. Elles s’obtiennent souvent par le biais des PNJ : une fois lues, les trésors sont matérialisés sur la carte par une pièce de monnaie. Facile ? Oui, sauf qu’il faut se trouver dans la bonne région pour pouvoir les activer ! De quoi vous donner de bonnes raisons de voyager !

Goliath Donjon
Un élite coriace qui tape fort et n’aime pas qu’on vienne dans son tombeau !

Goliath a un diction « tout le monde fait des erreurs, vous faites des géants » et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est un RPG qui n’en fait aucune ! Joli, avec des graphismes colorés, une bande-son appréciable, un gameplay et une histoire basés sur le craft via les Goliath, des donjons, des trésors à traquer et une durée de vie colossale… Goliath ne manque pas d’arguments pour devenir la référence des RPG indépendants. On aimerait croiser des jeux aussi généreux et aboutis que celui-ci. C’est assez rare pour le souligner, mais Goliath n’a vraiment que peu de bugs et ses développeurs se montrent très réceptifs aux remarques de la communauté Steam. Octopus Tree et Whalebox peuvent sans problème plancher sur un nouveau RPG, s’il se base sur les mêmes mécanismes que Goliath, ce sera un plaisir d’y jouer !