A la suite de Ping Kong, l’éditeur Mangetsu propose une nouvelle série en deux volumes sur le sport mais, dans All Free, on abandonne les raquettes pour mettre un kimono.
Renouer avec la tradition
Dans le tome 1 d’All Free, nous faisons connaissance avec Mifune qui est une descendante du dieu du judo, Kyûzô Mifune et la nièce d’un ancien champion du monde. Elle veut prouver qu’elle est digne de ce double héritage. Pour cela, l’adolescente de quinze ans se confronte à des adultes plutôt que de combattre des femmes de son âge et elle gagne ! Très respectueuse des traditions, elle met en avant, comme son aïeul, sa grande technique. Comme souvent dans les manga de sport, elle a commencé à s’entraîner seule démontrant une forte obstination mais aussi une grande solitude. En effet, elle doit faire face au mépris de son oncle. Lui qui affirmait que le judo est la liberté, trouve désormais ce sport ennuyeux et délaisse son hygiène de vie. Il a perdu la flamme du judo et fume plutôt que de s’entraîner. Cependant, il retrouve la passion en voyant sa nièce défendre le style familial. Il va la former et devenir un entraîneur sévère que l’on croise souvent dans ce genre de shônen. Il peaufine sa technique et lui donne des cours de morale : comment surmonter un échec, l’importance de l’expérience mais aussi de surprendre l’adversaire… All Free est alors un récit de transmission entre les générations. Cependant, Jun est aussi un esprit libre qui fait ses propres choix.
Une série de connaisseurs ?
Le scénariste et dessinateur d’All Free, Terubo Aono est ceinture noire de judo. Il use de tout son savoir technique pour nous transmettre sa passion. Les termes sont très techniques mais les images illustrent les positions et surtout le lecteur ou la lectrice néophyte saisit les enjeux sous-jacents. On voit s’affronter deux conceptions du judo. Une vision traditionnelle qui prône la technique et la souplesse estimant que le poids est secondaire. Une autre plus moderne qui mise tout sur la force et donc définit des catégories de poids pour éviter les accidents mortels. On croise également différentes techniques qui correspondent à la personnalité de chacun, comme l’illustre le titre de la série. All Free ne présente pas seulement des vainqueurs mais aussi un besogneux qui a oublié son rêve de gloire pour se concentrer sur une unique prise. Ce sport est si ancré dans la culture japonaise que des dojos sont installés dans les cliniques chiropratiques. On peut néanmoins trouver les dialogues convenus.
Prévu ou provoqués par le hasard, les combats s’enchaînent dans All Free et aboutissent au climax du tome 2 : Jun Mifune affronte David Ours, le champion français invaincu depuis dix ans qui seul avait réussi à battre son oncle. Si le prénom fait penser à Douillet, la représentation est plus proche de Teddy Riner. Le dessin de Terubo Aono est très agile illustrant très bien la vitesse mais manque de douceur dans les formes et de précision dans les prises. La série étant très courte, les combats deviennent trop vite très disproportionnés. On a du mal à croire qu’une néophyte se mesure à un judoka de rang international au bout de si peu de temps.
Néophyte ou visiteurs réguliers des dojos, All Free est un manga frappant sur le judo. Terubo Aono reprend des classiques du manga de sport, nous montre la place forte de ce sport dans la culture japonaise mais il fait également tomber de nombreux aprioris sur le judo. Une femme y bat des hommes deux fois plus grand qu’elle, montrant que la force ne fait pas tout…
Si le sport en manga, vous intéresse vous pouvez trouver des articles sur une série sur le foot (Ao Ashi) et le tennis de table (Ping Kong).