Shangri-La Frontier, édité par les éditions de Glénat, figure au panthéon des meilleurs isekai. Scénarisée par Katarina et dessinée par Ryosuke Fuji, la série offre une immersion totale dans le monde des jeux-vidéos en ligne et de l’e-sport. Multipliant les hommages, les références, l’histoire s’enrichit constamment et ose les changements de ton. Ce 14ème opus en est la preuve, délaissant les espaces de Shangri-La Frontier, pour nous plonger dans un tournoi épique.
La grande explication
Sunraku, l’expert en bouse, a arrêté de jouer aux mauvais jeux pour se lancer dans le M.M.O.R.P.G le plus populaire du moment : Shangri-La Frontier. A sa grande surprise, il découvre un titre merveilleusement écrit, conçu et pensé. Il se lance un défi : vaincre les Sept Suprêmes, les Boss ultimes du jeu et encore mystérieux. A chaque partie, il progresse, gagne en niveaux et devient une célébrité admirée, copiée par les autres joueurs.
Cette célébrité amène Sunraku à être contacté par une équipe de e-sport afin qu’il la rejoingne au Global Game Competition. Avec ses partenaires, il va affronter la meilleure équipe pro américaine en jeux de baston, Star Rain. Dans ses rangs, que des cracks, dont l’invincible Silvia Goldberg. La démo du jeu Galaxia Heroes a été choisie pour accueillir ce match d’exhibition. Quatre duels en deux manches gagnantes décideront du vainqueur.
Shangri-La Frontier : changement d’univers
Il y a peu de séries qui osent de changer en pleine histoire de direction. Alors que son intrigue principale nous a conduit sous les océans de Shangri-La Frontier à la recherche d’un redoutable monstre marin, le mangaka Katarina décide de nous ramener sur Terre pour nous décrire un nouvel univers. Celui-ci est doublement urbain : celui du monde réel, celui du nouveau jeu. La modernité vient prendre la place de la fantaisie.
Cette évolution est une réussite complète. Visuellement, le travail de Ryosuke Fuji est magnifique. L’arène qui accueille les équipes et le public est magnifique, détaillée. Nous sommes à la frontière entre les jeux du cirque de l’Ancienne Rome et l’univers des Hunger Games. L’univers de Galaxia Heroes, quant à lui, convoque le monde des super-héros : nous sommes au croisement entre Avengers et Batman v Superman. Nos personnages vont s’affronter au cœur d’une métropole moderne, densément peuplée et surplombée de tours vertigineuses.
Duels dantesques
Ce tome 14 va mettre aux prises le meilleur des joueurs de jeux vidéo. Ils sont à la fois au sommet de leur forme physique et de leur tactique. Alors que dans Shangri-La Frontier, nos héros combattaient des monstres générés par des algorithmes et des I.A plus ou moins performantes, désormais ils font se frotter à des humains n’obéissant à aucune règle si ce n’est les limites de leurs capacités à anticiper les coups de l’adversaire.
Cela débouche sur deux affrontements extraordinaires. En effet, l’équipe des américains incarne des héros alors que celle des challengers emprunte l’identité de super-vilains. Chaque participant doit rentrer dans du rôle play car celui-ci conditionne le déblocage de bonus. Cela amène l’équipe de Sunraku à agir comme des méchants dans le jeu, à se servir des P.N.J, à démolir le décor pour obtenir la victoire. Ce qui les conduit parfois à se poser des questions sur l’être profond de ces joueurs. Car même si ce n’est qu’un jeu, peut-on commettre tout et n’importe quoi ?
Shangri-La Frontier : la voie de la victoire
Katarina offre dans ce tome une démonstration éclatante de sa créativité. En effet, pour rajouter du piment à son tournoi, il impose une contrainte supplémentaire à l’équipe de Sunraku. L’un de leurs membres ne pouvant pas être disponible tout de suite, il va falloir gagner du temps et faire durer le combat. Voilà un paramètre qui va influencer leur stratégie : la victoire est obligatoire mais en prenant son temps et donc en perdant au moins une manche.
Il en résulte des affrontements qui exploitent toutes les possibilités des personnages de ce jeu vidéo. Entre le sauvetage d’otages, la démolition d’immeubles, des attaques végétales, ballons piégées, les combattants déploient des trésors de stratégie. Ce tome offre ainsi de jolis clins d’œil au monde des super-héros que ce soit dans les références à des personnages de comics (Zatana, Poison Ivy, Randal Savage) ou à travers des scènes dignes de Batman ou des Ultimates. Avec un suspense intenable car aucune partie n’est jouée d’avance.
Le plaisir est donc total à la fin de la lecture de ce tome 14. Le changement d’univers n’altère en rien le plaisir, au contraire il le déculpe et démontre que cette série est loin d’être finie.