Depuis le tome précédent, Keiji a quitté son protecteur mais peut-on survivre sans soutien dans le Japon médiéval ? Le samouraï vous le prouvera avec style dans ce quatrième tome.
Keiji, le récit d’un samouraï…
Considéré comme totalement ingérable, Keiji vient de quitter son clan et se rend dans la capitale Kyôto. Il est donc devenu un rônin, un homme certes libre mais, pour la première fois, sans protection. Cependant, le samouraï n’est pourtant pas seul car il voyage avec Ofû, la fille d’un ancien amour et son domestique nain Sotemaru. Ils sont unis par un même refus de l’injustice. Quand un domestique force un valet à déplacer du lisier à main nue, ils sont prêts à sortir les armes. Sotemaru fait usage de violence si on lui manque de respect. Ce ninja rencontré à Tsuruga n’est pas un esclave mais il veut payer ses frais.
Plus techniquement, ce duo sert également au dessinateur Tetsuo Hara a visuellement renforcé la démesure du héros. Keiji est loin d’être parfait car il fréquente les geishas mais il est profondément égalitaire, tuant tous ceux qui le défient quel que soit leur classe sociale. Keiji soutient ses amis sans demander pourquoi. Plus globalement, sa gentillesse et son espièglerie font que tout le monde se confie à lui. Mais toujours avec classe comme au moment où il fait une entrée fracassante dans la capitale Kyoto. Il s’y retrouve également mêlé aux intrigues de cour en rencontrant des hommes les plus puissants du pays. Le politique Toyotomi Hideyoshi et le commerçant de thé Sen no Rikyû. Le héros utilise si nécessaire la violence mais il est aussi un fin stratège.
Ce quatrième tome de Keijo reste dans le style de Tetsuo Hara avec des scènes gores et les excès dans le nombre d’opposants. Les problèmes de proportion montrent que la taille n’est pas réelle mais illustre la puissance. Mais, en racontant la vie d’un kabuki-mono, chaque jour devient également un défilé de mode et le lecteur profite des tenues extravagantes de Keiji. Sa rencontre avec le kabuki-mono le plus connu, La langue d’Apis ,est autant un conflit de sabre qu’une comparaison de tenues.
… dans une société inégalitaire
Keiji vit dans une société où règnent de fortes inégalités sociales. Un bourgeois méprise les autres et impose sa domination par l’humiliation. On découvre d’ailleurs que son père, Maître du thé du régent, est bien plus qu’un fournisseur du prince mais aussi son conseiller politique. Il était pourtant fils d’un poissonnier et c’est son talent qui lui a apporté richesse, prestige et influence politique. Il domine la guilde des marchands et use de son influence pour soutenir le clan le plus favorable au commerce. Cependant, il reste marqué par son origine modeste qu’il porte comme une cicatrice visible de tous.
C’est par lui que Keiji accède aux arcanes du pouvoir. Il le rencontre lors d’une cérémonie du thé dans une forêt de bambou. On découvre dans ce tome les différents clans comme les Tokugawa. La série alterne la grande histoire et les petites anecdotes. Certaines pages sont clairement reprises de la peinture bouddhique. Des courts textes présentent les différents clans et les motifs des alliances. Les influences occidentales commencent à arriver au Japon par le commerce et le christianisme. Un chef est surnommé « le général des tempêtes » car toutes ses victoires se sont déroulées sous la pluie.
On peut cependant trouver le récit un peu simpliste. Pour les scénaristes Keichirô Ryû et Mio Asô, un héros est celui qui frappe le plus fort alors qu’une attitude ou un physique féminins sont une source de moquerie. En effet, malgré la violence de certaines scènes, Keiji est une série morale voire religieuse parfois . Une prière de la grande prêtresse de Marici peut guérir.
Édité par Mangetsu, Keiji poursuit sa route. Il garde un tempérament tempétueux et moraliste mais l’exerce désormais dans la capitale au cœur des arcanes du pouvoir.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques de Mangetsu avec le premier tome de Keiji et Butterfly Beast.