Tetsuo Hara poursuit les aventures d’Oda Nobunaga dans le tome trois d’Ikusa No Ko. A chaque chapitre, l’enfant grandit. Le tome précédent se terminait par la cérémonie faisant du prince un adulte. Mais, comment le jeune homme turbulent va-t-il se faire une place au temps des seigneurs de la guerre ?
Se créer une troupe
Cette suite d’Ikusa No Ko propose un début géopolitique. Le père du héros, Nobuhide, est fragilisé par une défaite contre le puissant voisin Sessai Taigen. Il perd son château des terres et les régions soumises se rebellent. Si la richesse vient du commerce et des sanctuaires, la puissance est surtout militaire. La stricte hiérarchie administrative impériale est dépassée par l’ascension des chefs de guerre. L’un d’entre eux, Yoshimoto Imawaga, ressemble à un dieu hindou par le talent du dessinateur Tetsuo Hara. Il se maquille et se fait peigner ses cheveux longs car son visage doit être prêt s’il meurt au combat. Même si dans Ikusa No Ko, l’histoire demeure en arrière-plan, le lecteur a découvert les relations entre la Chine et l’Occident dans les tomes précédents. Par le navire de Cisco, Oda comprend la supériorité scientifique et militaire de l’Occident.
Ikusa No Ko n’est l’hagiographie du clan Oda. Kippôshi se fait désormais appeler Nobunaga. Il n’est pas un saint mais un chef de guerre violent. Dès sa plus tendre enfance, le noble refuse de faire appel à des mercenaires et même à l’armée de son père mais veut ses propres soldats. Dans le tome un, Kippôshi a recruté toute une bande de voleurs et de pauvres pour attaquer un camp de pirates. Lors de sa captivité, il rencontre Cisco, un Occidental et Inumaru, un enfant rondouillard. Sans cesse rejeté, il est très émotif. En intégrant la troupe de Kippôshi, il se sent aimé et traité en égal. Ses formes sont proches du cartoon car Inumaru est le clown du groupe. Par ses questions naïves, il permet aux plus jeunes lecteurs de comprendre le récit.
Le passage de relai
Ces premiers enfants qui le suivent aveuglément formeront sa garde rapprochée. Comment expliquer cette passion ? Ikusa No Ko cherche à l’expliquer. Nobunaga sait parler pour galvaniser ou cesser les pleurs. Il leur propose des folles aventures qui forment au combat à venir. Après des années d’entraînement au vol et à la chasse, son armée est prête. Toute son éducation est orientée vers la guerre. Il a déjà une réflexion tactique : la vitesse comme clé de la victoire. Cependant il se fait passer pour un imbécile.
En effet, son père le cache car Nobunaga est trop jeune. La relation père-fils s’est développée dans le tome deux. Les relations parentales se sont adoucies comparées à la série Keiji. Nobuhide est fier de son fils et lève une troupe pour lui. Lors de sa cérémonie de passage à l’âge adulte, le lecteur rencontre la mère et le frère cadet de Kippôchi. Alors que son cadet est réservé et responsable, Kippôchi ne respecte pas les codes sociaux. Pourtant, il a une écrasante responsabilité : assurer l’avenir du clan par ses talents militaires. Même très malade c’est encore au patriarche de combattre. Pour célébrer ce courage, son fils danse lors d’une fête somptueuse.
Si le père est très présent, ce n’est pas le cas de sa mère. Ikusa No Ko ne parle que de personnages masculins. Les femmes sont totalement absents des premiers tomes et sont des objets sexuels ensuite. On peut penser que c’est lié à la période. Le mariage n’est pas une alliance mais un rapt. La nouvelle épouse est aussi une espionne pour son clan d’origine.
Édité par Mangetsu dans sa collection consacrée au maître du dessin Tetsuo Hara, Ikusa No Ko montre l’ascension d’un homme. La série est toujours dans l’excès. Il y a autant d’emphase dans la guerre, les sentiments filiaux et la mort. Le scénariste Seibô Kitahara s’intéresse également à l’éducation d’un prince, à sa relation à son père et à la politique complexe des clans.
Retrouvez sur le site la chronique des deux premiers tomes ainsi que sur Keiji, une autre série de Tetsuo Hara.