Les dramas historiques, l’authenticité mise en cause : Iljimae

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Bien sûr, quand nous tombons dans la marmite des dramas coréens, nous ingurgitons tout un tas de termes propres à la langue en plus de beaucoup d’éléments qui, au début, s’insinuent tout doucement dans notre esprit, mais qui finissent par nous être familiers. Ainsi, Oppa, Omma, Ahjuma deviennent transparents, car nous arrivons presque à notre insu, à discerner les mots de cette langue mélodieuse (Et Yah! Et aigoo, et aish… avec le ton qui va avec, évidemment). Et puis un jour, sans s’en rendre compte, on arrête par exemple de dire « Drama historique » et on utilise le « vrai » terme, à savoir Sageuk.

Faisant référence aux dramas et films coréens situés pendant la période Joseon (1392-1897), on pourrait parler des dramas historiques comme une tendance, une branche du cinéma sud-coréen contemporain. Fidèles pour la plupart aux faits historiques, ils sont soutenus par le gouvernement en tant qu’industrie du contenu culturel.

Pas seulement, le gouvernement tient à rappeler à la population leur contexte, leur passé historique, mais il essaye surtout d’attirer un public international fasciné par la nouveauté, les costumes, les couleurs, les décors fastueux, les jeux d’épées, la lutte des classes, les complots, les rois, les reines etc… Cette intention de faire jouer les Sageuk dans la même cour des grands que ces dramas tant en vogue en ce moment, semble avoir du mal à s’épanouir au milieu de cette ébullition actuelle.

Mais inexactitude donne lieu à controverse, car si la nation aimerait que son histoire s’exporte en toute authenticité, la question de la fusion s’avère sujet délicat. C’est ce qu’on appelle le « Pyujeon Sageuk ». Une fiction est située dans un contexte ayant existé. On peut introduire des zombies mais la description de l’époque reste intacte. Cela fait moins objecter mais exige que l’appellation « Sageuk » lui soit enlevé.

Jumong Les dramas historiques, l'authenticité mise en cause : Iljimae
Jumong

La volonté du gouvernement d’exporter des dramas historiques pour séduire le marché international et surtout, pour étoffer un marketing plus que calculé, tombe donc dans un piège. On exporte des dramas, peu importe le contenu pourvu que cela plaise ou on les exporte pour que notre histoire soit connue et reconnue ? Quelle est la priorité ?

Le terme Jeongtong Sageuk prône l’authenticité. Ce sont des dramas censés raconter les faits, tels comme ils s’y sont passés mais, comment se fier à une exactitude quelconque dans la mesure où l’histoire reflète des événements complètement différents, selon le point de vue du Japon, de la Chine ou de la Corée ? Sans compter que nous vivons une époque où il faut faire très attention à ce que l’on dit ou fait pour ne pas vexer autrui. Et même ainsi on risque encore de froisser quelqu’un. Alors les réalisateurs actuels préfèrent parler plus de fusion que d’authenticité, pour ne pas s’attirer les foudres des critiques.

Les années 2000 nous font grâce des longues séries comme Jumong, The Kingdom of the Winds, Queen Seondeok ou le magnifique Jewel in the Palace, pour ne citer que quelques exemples. Malheureusement, dans cette époque que nous vivons actuellement, où tout se passe très vite et tout de suite, il ne serait peut-être pas très évident de s’embarquer dans un tel exploit mais, le détour en vaut vraiment la peine. Ainsi comme nous l’avons indiqué plus haut, il s’agit vraiment d’un monde très vaste.

Il semblerait qu’un nouvel engouement arrive vers 2012 avec des dramas comme Moon Lovers: Scarlet Heart Ryeo, Gu Family Book, Kingdom, Love in the Moonlight, Arthdal Chronicles, The Moon That Embraces the Sun, Empress Ki. Cette série de 51 épisodes est devenue la série incontournable et même les plus réticents se seront laissés convaincre grâce aux bonnes critiques laissées un peu partout sur le net. Si il est difficile, voire impensable d’aborder une série coréenne aussi longue, sous-titrée qui plus est, il sera encore plus ardu de la quitter. L’histoire nous immerge, nous happe, dès la première seconde. Nous regardons d’affilée, on n’arrive pas à faire autre chose, on se couche à trois heures du matin et on attend avec impatience ce moment précis où l’on pourra reprendre. En plus, proposé par Netflix, nous avons juste à cliquer sur le bouton magique et cela nous ramène exactement au moment où nous avions dû éteindre pour suivre, quand même, le cours de notre vie. Le jour où l’on termine ce biopic merveilleux, on se demande avec stupéfaction, ce que nous allons devenir. Un peu comme il se passe lorsque l’on finit un livre de Dostoïevski.

Les Saegeuk ont souvent été assimilés à ces bons vieux Shaw Brothers, société hongkongaise où il est souvent question des coups de pieds, des fantômes, des guerriers errants et d’autres sujets récurrents. Assimilés aux jidai mono japonais, des pièces de théâtre qui racontent des faits historiques mais aussi des fictions au sujet des samouraïs, des guerres et des prises de pouvoir entre autres.

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Le Roi et le Clown

Mais il suffit de regarder un seul Saegeuk, et nous vous conseillons fortement « Le Roi et le Clown » (qui marque le début du succès de Lee Joon-Gi), pour nous rendre compte que l’univers des dramas historiques coréens est très vaste. La porte s’ouvre à un monde absolument fascinant avec une diversité infinie de sujets. Des complots, des stratégies, mais aussi des princes qui aspirent – ou qui n’aspirent pas du tout – au trône, des révolutions, des soulèvements, des rois dévastateurs, des très méchants premiers ministres, des factions, des reines très perverses (les reines qui ne se font jamais « visiter » par le roi peuvent devenir réellement machiavéliques), des concubines avides de pouvoir. Des princes exécutés car des idées trop innovantes, des amours contrariés, des jeunes filles qui se font passer pour des jeunes hommes pour avoir accès aux études, des usurpateurs…

Parfois les dramas historiques se mélangent au sujet fantastique. Il s’agit du Gumiho ou le renard à neuf queues, créature qui selon les légendes, peut se transformer en ce qu’elle veut (même en Lee Dong-Wook). D’un royaume infesté des zombies (Kingdom). Ou encore d’un monde imaginaire où de magiciens et des princes magnifiques évoluent dans un environnement presque féerique (Alchemy of Souls, vous l’avez deviné).

tale of a nine tailed fox Les dramas historiques, l'authenticité mise en cause : Iljimae
Lee Dong-Wook

Et puis, nous rentrons aussi dans le style « Robin des bois », comme Hong Gil-dong, Rebel : Thief Who Stole the People ou Iljimae, deuxième sujet de notre article. Des héros intrépides, beaux et bienveillants qui volent aux riches très riches pour donner aux pauvres très pauvres.

Ainsi que nous le soulignons dans d’autres articles, il serait vraiment dommage de passer à côté de cet univers merveilleux qui sont les dramas historiques coréens, vieux comme actuels. Nous assistons quand même à un phénomène assez particulier : tous ceux qui s’intéressent aux dramas historiques semblent se désintéresser de tous les autres dramas et vice versa. Ce n’est que timidement que les deux côtés s’aventurent aux nouvelles découvertes, évoluant malgré tout plutôt en parallèle.

Iljimae

Iljimae est vaguement basé sur une bande dessinée de Ko Yung Woo. Il a été produit par Lee Yong Suk. L’intrigue est différente de la bande dessinée d’origine, car la société de production n’a pas pu obtenir les droits de l’histoire. Les droits sont allés à MBC qui a diffusé sa version de Iljimae au début de 2009. Bien que réalisé en tant que drama, il a été produit auparavant comme film.

Fiche technique
Titre: Iljimae
Genre: Historique
Réalisateur: Hwang In Roi
Episodes: 20 / 1h
Chaine: SBS
Période: 21/05/2008 à Juillet 2008

Distribution
Lee Joon-Gi : Iljimae / Ryung / Geom
Han Hyo-Joo : Eun Chae
Lee Young-Ah : Bong Soon
Park Shi-Hoo : Shi Hoo
Lee Moon-Sik : Seo Dol

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Iljimae

Synopsis

Iljimae est un bandit pendant la Dynastie Joseon. Enfant, Geom est témoin de l’assassinat de son père, accusé d’être un traitre. Il perd la mémoire et est adopté par un couple lié à son passé. Des années plus tard, découvrant qui il est, il cherche à connaître l’identité du meurtrier de son père. Il devient Iljimae, celui qui vole aux riches pour donner aux pauvres, celui qui sauve ses concitoyens du poids du palais interdit.
Impressions

Ce drama se classe sans aucun doute dans le genre historique. Légende populaire connue des enfants, il raconte les aventures d’une sorte de Robin des bois qui protège les pauvres des méchants riches.

Situé à l’époque de la dynastie Joseon, dynastie de rois coréens qui occupa le trône de 1392 à 1897, ce drama fait allusion aux troubles de successions, les luttes de factions, la corruption au sein du gouvernement et la séparation des classes. A une justice plus que douteuse, une richesse acquise par les taxes et des méthodes épouvantables de torture.

Des costumes époustouflants reflétant une époque de grande différence sociale, l’histoire se déroule sous des pétales blancs et rouges, ce qui donne au drama un côté magique, parfois triste. Les cerisiers pleurent l’injustice.

Mais Iljimae est surtout un policier, un thriller, un puzzle dont les pièces rapprochent le héros de son but, trouver l’assassin de son père. Et pas seulement lui : les pistes laissées dans les lieux du crime sont mises très adroitement à jour par Shi Hoo, demi-frère de Geom.

Impossible de ne pas regarder ces épisodes d’affilée. Sans compter que ce drama se caractérise par ces typiques coups de stress (et on aime bien souffrir) « On passe à deux centimètres l’un de l’autre, mais nous ne nous voyons pas ». M’enfin !!!! Par ces « Je vois tout mais, ce que je devrais voir absolument, pour la paix d’âme du spectateur, ça, je ne le vois pas ». Par des non-dits, alors que tout le monde est au courant de tout. S’ils se parlaient entre eux, cela simplifierait beaucoup les choses, nous permettant de respirer, nous, pauvres accros masochistes.

Une très bonne interprétation de la plupart des acteurs même si les ministres sont fort comiques avec leurs gémissements. Tchioooona!!! Et quand les villageois pleurent, on dirait les enfants des mangas, image figée, grande bouche ouverte, les larmes jaillissant à l’horizontale. (Serait-ce fait exprès?)

Lee Joon Ki joue très bien son personnage à plusieurs visages et est maitre dans l’art de changer d’attitude. Magnifique avec son costume, Park Shi Hoo (le demi-frère meurtri) impressionne avec son côté viril-fragile, avec son forfait sourires… Mais notre best one c’était Lee Moon Sik, le père d’Iljimae, avec sa dent cassée et son sourire. Très bon et beau dans ce rôle. Et le supposé père de Shi Hoo, même s’il est agaçant et trèèèèès méchant, il incarne à la perfection son rôle.

A voir avec une bonne dose de provisions à grignoter, vous n’arriverez pas à décrocher.

OST