Keiji, Le flamboyant samouraï continue son ascension, mais dans ce tome cinq, il affronte quatre cents soldats avec son meilleur ami et ce n’est que la première page.
De l’intime au majestueux
Le tome précédent de Keiji était centré sur les intrigues de cour. Ayant quitté son clan, il arrivait dans la capitale sans soutien et, en plus, il se mettait à dos un puissant commerçant de thé. Cependant, au fil des pages, Keiji obtenait l’aide du principal aristocrate de la ville grâce à son panache et sa force. Dans le volume cinq, les scénaristes Keiichirô Ryû et Mio Asô reviennent à des combats gigantesques. En effet, Keiji s’est associé avec son meilleur ami Sukeemon Okumusa pour affronter de multiples cavaliers travaillant pour un mystérieux commanditaire. Différents groupes sont en lutte pour le pouvoir, mais c’est le régent Hideoyoshi qui s’impose. Face à lui, Keiji doit lutter par les armes ou négocier pour fortifier le pouvoir du groupe. Rassurez-vous cette situation complexe est bien expliqué.
De plus, Keiji lutte surtout contre quelques hommes puissants que le lecteur ou la lectrice reconnaît facilement. On retrouve l’oncle de Keiji qui est de passage dans la capitale qui cherche à tout prix à l’éviter, car son insolence risque de mécontenter le régent. Cette rencontre à risque est le fil rouge de ce volume. On peut le voir quand il se met à nouveau à dos un marchant, mais ici d’étoffe. Les aventures du kabuki-mono sont plus touchantes quand il rencontre un enfant condamné à mort.
Les batailles rangées sont l’occasion pour le dessinateur Tetsuo Hara de démontrer comme dans la série Soten no Ken sa folie gore. Les corps sont coupés en deux au niveau du torse avec un souci poussé du détail. Les têtes sans corps planent comme les feuilles mortes à l’automne. Il s’amuse de cette démesure. En effet, la violence est si démesurée qu’elle en devient absurde et drôle. Sa précision se retrouve également dans les paysages des villes, les décors des maisons nobles ou les étoffes.
Qu’est-ce qu’un homme ?
Keiji est aussi un portait idéal du guerrier, de l’homme. Il est grand, fort, respectueux de l’ordre juste, mais prêt à se révolter en cas d’injustice. L’honneur dicte chaque geste. Il ne faut jamais se déshonorer sinon le seppuku est une nécessité. Devant le danger, Keiji ne fuit pas, mais rit avec Sukeemon Okumusa. Cependant, il ne suffit pas d’être une brute, car il faut être un esthète en portant des tenues soignées ou en respectant le rite de la cérémonie du thé.
Ces descriptions individuelles sont aussi une présentation d’une époque. Par l’art, les guerriers prouvent qu’ils ne sont plus des bandits ou des mercenaires travaillant pour le plus offrant, mais des aristocrates au service de l’État. Les actions de Keiji sont l’occasion d’assister à des cérémonies officielles comme l’entrée de l’empereur dans une résidence. Le régent réussit à s’imposer sur les nobles locaux, mais les scénaristes font de lui un ambitieux qui écrase les libertés locales. C’est lui qui fait couler le sang pour imposer son pouvoir. Plus anecdotique, on découvre les loisirs nobles comme le jeu de go. La nouvelle édition de Mangetsu a totalement revue la traduction pour être au plus près de l’œuvre originale et de toutes ces références historiques.
Avec ce cinquième tome, Keiji demeure une série précieuse sur l’histoire du Japon, mais surtout très distrayante par les combats. On en apprend beaucoup sur l’archipel nippon et on s’amuse surtout de la flamboyance du personnage principal.
Vous pouvez retrouver sur ces liens les chroniques vers les tomes quatre et les débuts de la série.