Chaussez vos crampons car Ao Ashi revient chez Mangetsu pour un sixième tome ! Pour l’espoir Ashito, les enjeux ne cessent de monter à chaque volume.
Une ligue des champions
Ashito est désormais un membre du meilleur club de formation du Japon, le Tokyo City Esperion. Après d’éprouvants tests de détection, il a été intégré à l’équipe B. Cependant, il éprouve encore des difficultés à jouer collectif. Lors de la première mi-temps contre le lycée Seikyô, il ne comprenait pas la technique d’Asari et Kuroda et pensait pouvoir marquer seul. Cette mésentente et l’entêtement d’Ashito aboutissent à la mi-temps au score humiliant de 0-3. Au début de ce sixième tome, une discussion au sein de l’équipe a permis de retrouver une unité et le Tokyo City Esperion vient de marquer. Même si les joueurs ont trouvé la clé pour briser la défense adversaire compacte, il ne leur reste que 15 minutes pour refaire leur retard.
Ao Ashi réussit le doublé. D’une part, il présente une galerie variée et riche de joueurs. On les retrouve au tout début sur le schéma de l’équipe puis les portraits individuels. Le trio d’attaquant n’a plus besoin de se parler et anticipe les actions de chacun. Plus globalement, une équipe naît dépassant les tensions entre les anciens du club attachés à leur prérogative et les jeunes arrivants assoiffés de conquête et de reconnaissance. D’autre part, il met en avant un jeune héros attachant, Ashito. On ne peut qu’être touché par ce génie de l’instinct. Assoiffé de victoire, il veut défendre son honneur de buteur mais il vient d’apprendre à passer la balle si cela profite au groupe. Dans Ao Ashi, les éléments techniques ne sont pas toujours expliqués par les entraîneurs adultes mais par des fans du même âge que les joueurs. Des croquis expliquent l’importance du trio et des zooms sur un geste de main montrent l’importance des signes. On évite ainsi le verbiage inaccessible aux néophytes.
Une victoire décisive
Peut-être n’êtes-vous pas abonné en tribune d’honneur d’un club de Ligue 1 ou un accro des résultats en direct sur votre portable ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul et pourtant Ao Ashi pourrait totalement vous séduire. Cette série est scénarisée et dessinée par Yûgo Kobayashi qui est certes précis sur le milieu du foot mais Ao Ashi vise plus haut. Elle est un mélange réussi de shônen et de seinen. On est ému de voir cet enfant progresser en apprenant la solidarité. Ashito n’est plus l’enfant centré sur sa personne mais un adulte en construction s’ouvrant aux autres. Venant d’une petite ville, Ashito a appris en autodidacte. Désormais, il comprend que les discussions entre joueurs sont une clé de la compréhension du football. Yûgo Kobayashi transforme certaines phases de jeu en combat. Il faut agir ensemble et se faire des signes discrets mais sans parler pour ne rien révéler à l’autre équipe. On est même parfois proche de la révélation mystique quand le jeune héros arrive à anticiper les mouvements de la défense adverse. Il obtient le don de l’eagle eye comme s’il pouvait transférer son esprit dans un oiseau. Cependant, il constate les efforts énormes qu’il devra encore accomplir pour atteindre un tel niveau.
Kobayashi sait retranscrire ces différents moments dans le manga. En multipliant les traits et en déformant les corps, il retranscrit la vitesse des matchs. Par un nuage d’énergie, il montre qu’Ashita a acquis un nouveau sens tactique. Cependant, il sait également donner de la tension au match en associant l’action principale, les réactions des coéquipiers et du public.
Avec ce sixième tome, Ao Ashi devient une série de plus en plus collective. Le lecteur est toujours ému par les évolutions d’Ashito mais on assiste à la naissance d’un groupe et d’un sens du collectif. Le final est dans ce sens pour Ashito aussi humiliant qu’un petit pont.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques sur Mangetsu et sur le dernier tome de Chiruran du même éditeur