Yûgo Kobayashi revient aux fourneaux dans le tome deux de Fermat Kitchen, mais il épice sa recette en ajoutant un ingrédient ; l’entrée dans la vie active.
Tout en rupture
Le deuxième tome de Fermat Kitchen s’ouvre par la remise des prix de fin d’année au lycée. Gaku Kitada s’y révèle d’un calme révolutionnaire. Cet élève respecte les règles et ses promesses mais il trouve toujours un moyen de faire ses propres choix sans se conformer aux codes sociaux. En effet, il a été admis à l’université prestigieuse Todai et avec un score parfait en mathématiques mais il se rétracte. Gaku choisit une autre voie en partant à Tokyo étudier la cuisine.
Gaku déménage et quitte son père pour débuter sa carrière professionnelle. Le grand chef Kai Asakura l’engage comme apprenti, mais c’est loin d’être une sinécure. Dès le premier soir, le chef montre sa supériorité. Il est parti d’une idée de Gaku qu’il a sublimé en ajoutant du jambon cru, des ormeaux et du homard. Le jeune étudiant est dépassé. En effet, Kai veut non seulement devenir un grand chef de rang mondial, mais il veut révolutionner l’art culinaire en inventant un plat.
Gaku doit relever le défi que lance Kai à chaque nouvel employé : il a une semaine pour cuisiner un plat capable de satisfaire l’exigeante équipe de son restaurant. Ce personnel vient du monde entier pour profiter des conseils de Kai. Si Gaku échoue, il sera renvoyé car le chef estime que ses employés sont des engrais qui doivent lui permettre de progresser pour révolutionner la cuisine. Quand Gaku se présente pour la première fois dans les cuisines, il est testé par les autres employés puis doit tenir le rythme lors du service. Quelle pression pour le jeune homme ! Cependant, son sens de l’observation et ses qualités de raisonnement seront des atouts déterminants.
Le dessin de Yûgo Kobayashi est toujours aussi efficace dans Fermat Kitchen. Il montre l’agitation des cuisiniers lors du coup de feu. Les employés sont facilement reconnaissables : l’un a le masque d’un clown et l’autre des cheveux blonds avec des points noirs. En revanche, je ne vois pas l’intérêt de montrer des femmes dénudées à deux reprises.
Un héros bien entouré
Lors de la remise des prix, une camarade de promo de Gaku, Uomi propose de l’écouter s’il se sent mal. Son père, fier de son fils, adore ses plats. Il le soutient dans son choix surprenant d’étude. Il lui demande de faire le maximum mais il sera présent en cas d’échec. Son patron le loge car Gaku ne pourrait habiter à Tokyo compte tenu du prix élevé des loyers. Kai Asakura veut également le décharger de tous ses soucis pour qu’il se concentre sur la seule chose importante : la cuisine. Ce tome deux de Fermat Kitchen montre que chaque employé de Kai a son domaine.
La série teste également le lecteur puisque les recettes des plats concluent les chapitres. En effet, Fermat Kitchen veut élever la cuisine au rang de science. Gaku mixe les ingrédients comme des éléments chimiques, il multiplie les saveurs mais sait parfois diviser les ingrédients pour trouver le parfait théorème. Quand Gaku goûte un plat, il voit un problème à résoudre. Il comprend cependant que les mathématiques ne lui suffiront pas. Il sort de la théorie pour découvrir l’entreprise qu’est un restaurant.
Le scénariste et dessinateur Yûgo Kobayashi est également l’auteur d’Ao Ashi et Short Peace publiés par Mangetsu. Comme dans ses séries, un passion (le foot et le cinéma) est l’occasion de raconter la trajectoire d’une jeune homme et de décrire la société japonaise. Fermat Kitchen donne l’image d’une société très hiérarchisée. Lors de la remise des prix au lycée, le premier rang pour les admis à l’université Todai et les autres est placé plus loin. Dans le restaurant de Kai, l’apprenti porte une tenue blanche et les employés confirmés sont en noir. Il n’est pas autorisé à préparer un plat pour les clients, mais commence par la cantine des employés et doit couper les légumes.
Après un premier volume introductif, Fermat Kitchen offre un niveau supérieur dans ce deuxième tome. La confrontation de l’élève au monde professionnel est rude. Au fur et à mesure que le dernier jour du test approche, le pression monte pour Gaku mais également pour le lecteur.