Alors que l’Asie connaît une montée des tensions, le mangaka Junya Inoue propose une série sur l’attaque du Japon par un monstre géant, mais Kaiju Defense Force est-il seulement une série sur les kaijû ?
Un manga sur une catastrophe annoncée
Kaijû Defense Force est dessiné par Junya Inoue, auteur de Btooom! et La Vie en doll, qui assure le scénario avec Seiichi Shirato. Inoue a un style très précis et détaillé. il rend très bien dans ses mises en page le gigantisme des monstres. Mélangeant des parties de mannifères et de crustacés, sa créature est originale. Les scènes de destructions nous plongent au cœur de la catastrophe. Les différents réactions des personnages sont très justes.
Kaiju Defense Force commence comme un film catastrophe. L’an X de l’ère Reiwa, Une île nippone est détruite par un tsunami, mais la cause est encore trouble. Le lecteur voit ensuite des plateformes pétrolières être détruites par un monstre. Il n’y a donc pas de mystère on sait dès le début qu’il y s des monstres. En suivant les ravages provoqués par le monstre, Kaiju Defense Force présente différents personnages sur plusieurs espaces maritimes. On suit Yoshikazu un marin ayant perdu toute sa famille lors du tsunami. Il est une oreille d’or, un spécialiste du sonar chargé d’écouter les sons dans l’océan.
Pourtant, il est dépassé par la situation de multiples manières. Ce militaire est censé être maître de ses moyens, mais il est confronté à l’inconcevable : un monstre gigantesque. Rationnel, il entend pourtant des voix au fond des mers, le cri de colère d’un monstre voulant détruire le monde. Refusant de passer pour fou, il se conforme aux ordres. Comprenant que le navire risque de disparaître, il dépasse son statut.
Konoé Sakimori est en croisière de luxe sur le Fugaku avec sa grand-mère. Cette militaire qui vient de sortir de l’Académie de défense nationale observe avec passion un avion se dirigeant vers des navires chinois et japonais au loin luttant contre le monstre. Seule militaire à bord du paquebot, elle prend son rôle à cœur quand le monstre attaque le paquebot. Elle tente non seulement de sauver les civils, mais également d’informer l’état-major de ce qu’elle apprend sur le kaijû.
Un monstre face à l’armée
Kaiju Defense Force se situe pleinement dans le contexte du XXIe siècle. On découvre que le Japon n’a pas d’armée mais une force d’autodéfense ne pouvant agir à l’étranger. La marine est pourtant nettement mise en avant. Ce choix montre que le Japon se questionne sur sa place en Asie alors que la Chine veut affirmer son contrôle sur les mers. On le voit d’ailleurs par les îles Senkaku, archipel revendiqué par trois pays ou lors d’un débat entre ministres.
Très prudente, la Première ministre consulte régulièrement les Etats-Unis sur des choix militaires. Le nationalisme est (trop) présent ce qui illustre l’évolution conservatrice du gouvernement japonais questionnant le pacifisme national depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une personne censé se rangerait du côté de la grand-mère refusant la guerre et se poserait la question de l’idéalisation du passé du grand-père dans l’armée impériale. On pourrait alors voir dans Kaiju Defense Force, une parabole sur l’armée au Japon. Le monstre symboliserait les menaces sur l’avenir du pays qui ne pourraient être combattue que par l’armée. Après tout, ce monstre se trouve autour d’iles revendiquées par la Chine.
Kaiju Defense Force est une série étrange. Dans cette nouvelle série des éditions Mangetsu, les images de destruction et l’apparition du monstre sont admirablement mises en scène proposant un possible film catastrophe horrifique en manga. Hélas, la suite propose une longue disgression sur l’armée. Le rythme ralentit et pose même la question sur le but de Junya Inoue : veut-il faire la promotion de l’armée ?
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