Le Shinsen Gumi évoque une partie sombre de l’Histoire du Japon. Adulé autant que craint, il est souvent dépeint sous des traits menaçants. Avec Chiruran, Eiji Hashimoto et Shinya Umemura tentent de leur rendre leurs lettres de noblesse. Tout comme Mangetsu qui n’a pas eu peur de se lancer dans l’aventure. Cette série historique compte actuellement 29 volumes et ne cesse de gagner en popularité.
Des samouraïs charismatiques
Début 1859, le jeune Toshizô Hijitaka, connu comme le « vice-commandant démoniaque », n’est pas encore membre du Shinsen Gumi. Il va de ville en ville, défiant les dojos afin de s’améliorer au kendo et de vendre ses remèdes. Ce petit malin tombe sur un os en s’en prenant au Tennen Rishinryû où Isami Kondô l’humilie et l’intrigue au plus au point. Toshizô finira par se joindre à eux, formant une famille étrange de condisciples hétéroclites aussi bien que de voyous qu’intellectuels.
Bien qu’on semble suivre principalement l’histoire assez mystérieuse de Toshizô, une tête brûlée charismatique, on s’attarde aussi sur les autres grands noms en devenir du Bakumatsu. De plus, le narrateur est en réalité Shinpachi Nagakura, un des rares survivants du groupe. Il raconte ce passé à une jeune journaliste qui lui rappelle l’ancien vice-commandant. Cette jeune femme est l’antithèse du Shinsen Gumi et pourtant elle est celle qui recherche la vérité sur eux.
Un pan de l’Histoire nippone souvent méconnue en France
D’office, le parti pris du duo de mangaka de se servir d’une interview comme base scénaristique, donne le ton sur la volonté de donner la parole au Shinsen Gumi. Une opportunité de dépeindre les faits tels qu’ils les ont vécus. Après tout, ne dit-on pas que l’Histoire est écrite par les vainqueurs ? Surtout que ce groupe à la veste azur a choisi de défendre le mauvais camps. Ils étaient partisans de la tradition et de l’honneur des samouraïs, les bras armés du Shogunat.
Le Bakumatsu est la période la plus sanglante après le Sengoku, une nouvelle guerre civile qui a fait de nombreuses victimes. Ce passage de l’ère Edo à l’ère Meiji est avant tout une opposition entre le Shogunat et l’Empereur. Ces deux puissances nationales régnaient main dans la main jusqu’alors. Mais l’arrivée des étrangers avec les fameux navires noirs du Commodore Perry ont mis le feu aux poudres.
Cette époque a souvent été le décor de mangas et animés, cristallisant le fantasme de combats épiques. Kenshin le Vagabond est une adaptation similaire à celle de Chiruran mais du point de vue des partisans de l’empire. Gintama en est une version parodique et anachronique. Quant à Hakuouki Shinsengumi Kitan, ce shôjo romancé aborde les mêmes faits avec une touche fantastique, tout en étant plus fidèle historiquement.
Une adaptation très soignée
Il faut saluer le travail des éditions Mangetsu sur Chiruran. Le logo de la série semble être réalisé à la calligraphie avec une substance qu’on pourrait imaginer être du sang. La traduction est tout simplement excellente, avec un ton qui colle bien à la période et le caractère des différents personnages. Il y a aussi beaucoup d’annotations explicatives, concernant des termes mais aussi des événements précis. Cela rend abordable la découverte de l’histoire avec un grand « H » d’un Japon féodal qui tente de se moderniser.
Cette version française est donc au niveau de l’œuvre originale. Avec Shinya Umemura au scénario, que l’on connaissait déjà en France avec Valkyrie Apocalypse, on sait qu’on aura droit à des personnages incroyables et des combats dantesques. Le tout sous le sublime coup de crayon d’Eiji Matsumoto dans des planches dynamiques, nerveuses et détaillées.