Avec l’énorme succès assez inattendue de l’adaptation en série live-action d’Alice in Borderland sur Netflix, le nouveau manga scénarisé par Haro Asô était une des sorties les plus attendues de ce mois de Mai. Sous les traits dynamiques et soignés de Kotaro Takata, Bucket List of the Dead revisite la zombie apocalypse sous un angle plein d’humour et d’espoir décalé.
La survie c’est bien, profiter de la vie c’est encore mieux !
Akira Tendô est un salarié japonais comme tant d’autres qui se fait exploiter par son entreprise depuis maintenant trois ans. Au bout du rouleau, ce jeune homme de 24 ans plein d’entrain s’est peu à peu transformé en zombie, vampirisé par ses heures de travail et ses collègues. C’est alors qu’un beau matin, la fin du monde frappe à sa porte sous la forme de morts vivants par dizaines. Face à cette catastrophe, il va prendre les choses positivement et décider de créer une liste de 100 choses à faire avant de devenir un zombie.
Cette zombie apocalypse avait beau le laisser perplexe au début, il va très vite s’en réjouir. Pour Akira, c’est une chance de quitter son travail, se reposer et enfin réaliser certains de ses rêves. Que ce soit déclarer ses sentiments à celle qu’il aime, conduire une moto, se souler toute une journée ou bien sauter en parachute, ce ne sont pas quelques cadavres ambulants qui vont lui barrer la route. Akira retrouve sa joie de vivre dans tout ce chaos et pourrait bien être le sauveur de l’humanité avec son optimisme à toute épreuve. Bien que cela puisse sembler déplacer, ses sourires ont redonné goût à la vie à d’autres survivants qu’il a croisé, comme son meilleur ami.
Une vision sombre mais réaliste de la société japonaise
Aggretsuko ou bien The Dungeon of Black Company ne sont que quelques exemples qui décrivent ce quotidien complètement hallucinant d’un point de vue français. Dans le cas de Bucket List of the Dead, malgré un ton léger et loufoque qui dégoupille l’ambiance lourde qui entoure Akira, le duo Haro Asô / Kotaro Takata n’hésite pas à appuyer où ça fait mal sans tourner autour du pot. Le parallèle entre les zombies et Akira n’est absolument pas caché. L’apparence du jeune rappelle celui des maquillages que l’on peut se faire à Halloween, sans parler de son manque de motivation quasi végétatif.
La naïveté et l’innocence brisées d’Akira sont représentatives des sacrifices faits par les employés lambdas au Japon. Les grandes entreprises donnent une stabilité bénie au pays du Soleil Levant, mais à quel prix ! Heures supplémentaires qui se comptent par dizaines, nuits blanches qui s’enchainent, voila le quotidiens de bien des japonais. Il est mal vu de partir à l’heure et ne parlons pas de prendre des congés. Cette situation n’est plus une rumeur ou un petit secret honteux, ceux sont des faits avérés de nos jours.
Un duo de mangaka pas si inconnu que cela
Haro Asô n’est plus à présenter pour la plupart des fans de manga, pourtant, il aura fallu attendre 2020 pour que son nom parle au grand public. Mangaka plutôt prolifique depuis 2008, toutes ses séries sont disponibles en France et son œuvre majeur reste Alice in Borderland. Le succès a été tellement énorme qu’il a eu l’opportunité de créer des spin-offs reprenant le concept de course poursuite dans un monde alternatif. Haro-sensei est un scénariste doué, spécialisé dans les histoires horrifiques et psychologiques.
Son partenariat avec Kotaro Takata est donc complémentaire. Il est habitué à écrire des aventures plus légères et amusantes, avec un graphisme mignon et coloré. Malgré une carrière aussi longue que celle de son comparse, Takata-sensei a vu sa première parution française publiée l’an passé avec la série en 4 volumes, Moi, Sherlock.
Ce premier opus est un excellent début d’introduction pour une série pleine de potentiel. Les personnages sont drôles et attachants. L’ambiance jongle entre le rire et la panique, sans oublier une bonne dose d’action et de mystère. La suite promet d’être du même acabit, alors si vous aimez les séries Z, ne passez pas à côté de Bucket List of the Dead.