L’angoisse ne cesse de monter à chaque tome de Shigahime. On espère le meilleur mais le pire est fréquent. Après tant de drame, que nous réserve alors le tome 4 ?
Une adolescence en crise
La lutte entre les serviteurs des maîtresses vampires ouvre cette suite de Shigahime. Deux adolescents se font face. D’un côté, Osamu maîtrise parfaitement ses griffes et de l’autre, Soichi, a perdu le mode d’emploi. Le combat est écourté d’une manière surprenante quand Tamaki, une originelle intervient. Elle est non seulement la nouvelle maîtresse de Soichi mais la sœur aînée de Miwako.
Il ne s’agit pas d’un simple combat mais cette lutte est également l’opposition de deux caractères. Soichi s’est élevé seul depuis le divorce de ses parents. Il est devenu paradoxalement l’adulte de sa mère en profonde dépression. Il a pu s’émanciper de sa soumission mais a trouvé une nouvelle maîtresse. Cette soumission à une adulte est un classique de l’horreur et on inverse les codes sociaux. Les maîtresses sont des femmes. Osamu a une famille heureuse et, par hasard, il est plongé dans un monde d’adulte terrifiant. Le héros Osamu a définitivement basculé. Il ne lui reste plus rien d’humain. Il défend son territoire et obéit fidèlement à sa maîtresse Tamaki. L’enjeu est de savoir qui a le plus basculé dans la monstruosité.
Shigahime ignore les bons car le scénariste et dessinateur Sato Hirohisa ne décrit que des ados perdus. Ils sont soumis aux désirs des femmes adultes et à leurs propres désirs de sexe mêlé de violence. Arrivé à ce niveau de Shigahime, les corps ne sont qu’une boîte à outil que l’on utilise pour le combat. Perdre c’est quand son corps n’est pas être assez dur. On voit les liens avec la puberté et l’éveil à la sexualité.
Un désir malsain mais bien visible
Attention aux cœurs sensibles certaines images de Shigahime sont très suggestives. Le précieux sang coule à flot et les os sortent des entrailles pour devenir des armes. Ne craignez pas de voir une faux en os et des costumes de peau. On peut couper des oreilles et s’en servir comme téléphone portable. On voit ensuite un bain de sang et on se frotte avec des cœur. Brrrr j’en ai eu un haut le cœur. Une scène est particulièrement forte. Deux têtes au bout d’une colonne vertébrale discutent avec douceur. Par Shigahime, on ne peut que saluer à nouveau l’éditeur Mangetsu qui soigne le lecteur avec une couverture au magnifique effet métallique. Le choix de l’image est d’ailleurs totalement dans le ton de ce volume. On y voit un baiser saphique mais aussi incestueux et dévorant avec ces crocs sur les joues.
Shigahime présente en effet des ado qui sont livrés sans éducation sexuelle à leur pulsion. Le rapport avec leur maîtresse est très clair quand on voit les regards de désir de ces ados. En retour, ces femmes jouissent de la souffrance mais aussi de la destruction de purs sentiments moraux de leurs familiers. Être amoureux c’est vouloir violer. Par les tenues, le sous-texte SM est de plus en plus évident : une fille en slip et enchaîné avec un collier. Le sexe n’est pas un plaisir mais un test d’obéissance. Face à une femme sûre d’elle, Sato Hirohisa montre un ado qui ne se maîtrise pas. Il est impuissant dans tous les sens du terme.
Shigahime n’est pas seulement une sombre histoire pour faire peur mais Sato Hirohisa dessine des portraits forts et terrifiants. Le lecteur est terrifié et écœuré mais il ne peut s’empêcher de suivre ces personnages. Les rebondissements sont si nombreux et souvent surprenants que le dernier tome est chaudement attendu tel du sang frais giclant d’une artère.
Vous pouvez retrouver sur le site la chronique du tome un et une autre série d’horreur avec Jujutsu Kaisen.