Critique de The dragon of wares, critique des volumes 1 et 2 : une partition inachevée

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Depuis qu’il s’est lancé dans la publication de manga en 2013, l’éditeur Blackbox a choisi la voie de la différence. Derrière la formule « retour aux fondamentaux », il propose des séries reflétant la diversité et l’audace de l’univers des mangas. Son catalogue reflète ainsi cet éclectisme assumé : des séries décalées, de l’humour adulte, des récits violents ou des sagas vintage. Avec pour mot d’ordre de donner sa chance à des oeuvres trop peu connues ou  interrompues trop tôt. Et d’offrir alors aux lecteurs francophones la chance de découvrir des univers nouveaux. Les deux premiers tomes de The Dragon of wares illustrent à merveille la force de ce concept mais aussi la frustration qui peut en découler.

Mon nom est vengeance

Le jeune prince Dumashion, fils cadet et héritier du royaume d’Ishkâk, vit difficilement son statut. Ecrasé par l’aura de son père et de son grand frère, il s’enfonce dans la solitude. Il choisit donc d’aller étudier dans une université impériale abandonnant progressivement la vie de cour pour une existence plus libre. Jusqu’au jour où une nouvelle bouleverse sa vie. Son père et son frère viennent d’être assassinés et lui-même est accusé d’être l’instigateur de ces meurtres. L’étudiant devient l’homme le plus recherché de l’empire.

Il ignore qu’il est la victime des machinations du royaume voisin de Nakâda. Celui-ci a organisé un complot machiavélique aidé par la mère de Dumashion. Manipulant son dernier fils et jeune prince héritier, elle l’a convaincu d’accepter l’aide du Nakada. Lequel transforme son intervention en conquête pure et simple. Une seule personne peut s’opposer à ses projets : Dumashion. Le fuyard peut heureusement compter sur des alliés mystérieux. Notamment sur une amie qui le met sur la piste d’une antique civilisation à l’origine des mech-armures, ces exo-squelettes puissants capables de renverser des armées.

The Dragon of wares : une intrigue qui ouvre de nombreuses pistes

Cette histoire se présente en apparence comme un récit de vengeance classique. Mélange d’Hamlet et de Dune, le manga s’appuie sur un héros que rien ne prédispose à son destin. Mal aimé, en proie au doute, ces deux premiers tomes décrivent son itinéraire. La rencontre avec des alliés inconnus, la quête du mentor, les épreuves, scandent son odyssée. Ayant tout perdu, il se construit en tant qu’homme. Et de là devient digne enfin de son héritage.

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Néanmoins, ces deux premiers tomes élargissent très vite ce scénario. Dumashion apparaît en effet comme un insecte pris dans une redoutable toile d’araignées. Celle-ci s’inspire d’une part d’Hamlet. La mort de son père et de son frère relève d’une redoutable intrigue familiale dont sa mère semble tirer les ficelles. Mais celle-ci n’est qu’un élément d’un plan encore plus vaste où d’antiques forces se sont éveillées. D’autre part, The dragon of wares  rappelle aussi Dune. Dumashion et sa némésis, le roi du Nakâde, agissent comme des pions au service d’un empire. Tandis qu’un antique savoir oublié menace l’équilibre des forces.

Quand médiéval fantastique rime avec Mécha

Si la série est narrativement prometteuse, c’est par son visuel qu’elle devient fascinante. Ces manga sont la publication de light novel parus entre 1996 et 2014. Satoshi Chiba les a scénarisés tandis que d’Hidetoshi Fujii les a illustrés. Leur collaboration fait des merveilles. D’un côté, nous sommes plongés dans un monde médiéval fantastique. Armures, chevaliers, blasons, architecture très occidentale, construisent un référentiel facile à reconnaître. Seule la magie est pour le moment absente ce qui renforce la cohérence de cette univers techno-réaliste.

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Le récit d’un autre côté, apporte une innovation qui le transcende totalement : les mécha-armures. Les combattants les plus méritants  de ce monde ont en effet le droit de s’équiper de gigantesque exo-squelettes de métal. Prolongements de leur corps, dotées d’une conscience, elles sont visuellement magnifiques. Le dessinateur les représente comme de véritable syncrétisme entre les Cloths de Saint Seiya, l’armure des samouraïs et celle des chevaliers du XVème siècle. Avec un luxe de détails sur les articulations, les armes, les textures. Elles vont donner tout leur souffle aux nombreux affrontements qui émaillent le périple du héros. Elles déplacent aussi subtilement l’intrigue vers des chemins mystiques : qui a conçu ces armures ? Quel est leur véritable puissance?

The dragon of wares : une immense frustration

Par l’édition de ces deux premiers tomes, blackbox comble un vide. Cette œuvre mérite en effet d’être connue du public français notamment par ce subtile mélange de références et cette jolie variation sur le thème du méca. Blackbox agrémente en plus ces publications de bonus appréciables. Des carnets de croquis permettent d’admirer tout le travail préparatoire d’Hidetoshi Fujii. Tandis que les commentaires des auteurs éclairent sur les difficultés dans la production de cette œuvre.

Il reste un point sur lequel l’éditeur n’a pas la main : l’avenir de la série. En effet, seuls deux tomes furent publiés au Japon au début des années 2000. L’histoire s’est donc interrompue sans conclusion. Si la série devait en rester là, cela provoquerait un légitime sentiment de frustration au vu du potentiel de l’oeuvre. A moins que les lights novels sortis depuis ne proposent une fin astucieuse aux arcs narratifs.

Avec The dragon of wares, blackbox redonne sa chance à une œuvre méconnue voire inconnue en France. Choix judicieux tant ces deux tomes donnent furieusement envie de suivre l’ascension de Dumashion. Qui peut cependant engendrer une déception si la série n’est pas poursuivie.

Vous pouvez commander la série directement sur le site de l’éditeur en suivant ce lien.