Critique de Shy, tome 2 : l’éveil de la force

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Shy, nouvellement arrivée dans le catalogue 2021 de Kana, a fait une entrée discrète mais fracassante dans la liste des œuvres à suivre. Dans ce deuxième tome, Bukimi Miki continue de nous offrir une histoire de super-héros qui dépoussière le genre et nous prend aux tripes.

Rappel des faits

Teru Momijiyama est une adolescente extrêmement timide et réservée, pour qui les relations sociales sont un calvaire. Mais elle est aussi l’héroïne du Japon, Shy ! Pétrie de doutes sur ses capacités, se comparant (défavorablement) aux autres héros mondiaux comme Spirits, héroïne de la Russie, ou Stardust, héros de l’Angleterre, elle parvient néanmoins à surmonter ses craintes et à battre Stigma, un enfant aux sombres et puissants pouvoirs. Mais ce mystérieux ennemi n’a pas dit son dernier mot…

Shy au cœur ardent

Nous avions laissé Shy à la fin du premier tome, rassérénée après le sauvetage d’Iko et sa victoire sur Stigma. Malgré tout, son pouvoir apparaît bien faible face aux possibilités de ce mystérieux antagoniste. C’est en tout cas la conclusion de Stardust et d’Unilord, la mystérieuse superviseuse des héros. Le premier propose alors à Teru/Shy un affrontement en combat singulier, qui signera la fin de sa vie d’héroïne si elle perd !

Plus qu’un simple combat au corps à corps, le duel entre Shy et Stardust permet à Bukimi Miki de confronter deux visions. La figure du super-héros est-elle définie par sa seule puissance ou bien par sa capacité d’empathie ? Celle-ci devient-elle un frein lorsqu’il faut affronter des ennemis cruels, quitte à les tuer ou à être tué ? Doit-on renoncer à son humanité pour être un sauveur ? La violence du combat entre Shy et Stardust nous prend au cœur, tout comme leur volonté de fer. Malgré les coups, Shy ne renonce pas et oppose à la froideur de Stardust son cœur brûlant d’amour et d’empathie. Allant jusqu’au bout de ses forces, la jeune fille se révèle, ouvrant au passage le cœur de l’antipathique anglais.

Héros ordinaires

Ce deuxième tome de Shy est aussi l’occasion pour Bukimi Miki de déployer tout son talent de conteur. La montée en tension s’accompagne de la montée en puissance des personnages. En dévoilant sans détours leurs travers, leurs défauts et leurs peurs, le mangaka les ancre dans une réalité qui résonne avec leur double vie. Les héros de Shy ne sont pas posés sur un piédestal. Lorsqu’ils délaissent leurs bracelets de métamorphose ou bien lorsque leur cœur atteint ses limites, ils redeviennent de simples civils, soumis à la turpitude d’un quotidien… très humain.

La force de ce manga tient donc en grande partie à ses personnages. Chaque lecteur peut s’y reconnaître, et donc s’investir d’autant plus à leurs côtés. Ce tome est ainsi l’occasion pour Bukimi Miki de creuser le passé de chacun. Les quelques indices semés par le mangaka titillent notre intérêt. Il est particulièrement intéressant de chercher des liens entre le « pouvoir du cœur » de chacun des héros et ce que l’on sait de leur vécu. Voir Shy évoluer et faire émerger son pouvoir est alors particulièrement émouvant. Les côtés tranche-de-vie  ne sont pas en reste, et démontrent qu’être un héros, ce n’est pas seulement se battre avec des pouvoirs incommensurables. Un simple geste d’altruisme et de gentillesse peut avoir autant de force que la victoire d’une grande et bruyante bataille.

Les antagonistes sont tout aussi fouillés. Stigma, bien sûr, dont l’innocence se teinte d’une perversité glaçante, semble particulièrement redoutable. Si son but est de « révéler le vrai cœur » des gens, ses méthodes sont particulièrement retorses, tout comme son point de vue sur le monde et les héros qui le gardent. Nous assistons au renforcement de son aura et à la création de son groupe, Amalarilk : « ceux qui rêvent ». Mais quel est ce rêve ? Espoir et désespoir se mêlent dans le cœur de ses membres, à l’image de Tsveta, la fille aux pouvoirs de glace. Alors même que Shy et Pepesha se préparent pour un rude combat, il semblerait qu’un lourd secret soit sur le point d’être révélé… et Tsveta pourrait en être la clé !

Le pouvoir du trait

Shy est une œuvre passionnante par bien des aspects. Le tome 1 nous en avait donné un aperçu ; le deuxième vient renforcer son impact. Le dessin est puissant et capable de nous donner des frissons avec un regard ou une attitude. Le découpage, toujours maîtrisé, est aussi fluide qu’un film, nous inondant d’action avant de nous époustoufler avec de pleines pages percutantes.

Bukimi Miki ne laisse passer aucun détail et jongle habilement entre des traits ciselés et une main plus déliée dans les moments d’humour. Chaque événement, même le plus subtil, a son importance et se répercute sur l’évolution des personnages et de l’histoire.

Shy est une œuvre qui emporte son lecteur et le fait passer par toute la palette des émotions. On rit, on pleure, on crie, on tremble, face aux épreuves que doivent affronter Teru et ses compagnons. Il est même difficile d’haïr les membres d’Amalarilk, car aucun d’entre eux n’est l’archétype de l’antagoniste sadique et inhumain. Le mangaka explore avec autant d’attention le passé et le destin des héros tout comme de leurs ennemis. Il n’y a pas de clivage entre bons et méchants, et c’est ce qui rend cette œuvre si profonde.

En conclusion, Shy poursuit sa route avec puissance et panache, nous offrant au fur et à mesure des pages une histoire innovante et complexe. Plusieurs niveaux de lecture se découvrent et renforcent l’aura de ces personnages attachants. Nous avons hâte de partager avec vous la suite de cette aventure !

Vous pouvez lire un extrait du tome 1 par ici !