Western Love d’Augustin Lebon nous conte la romance contrariée de deux hors la loi aimant autant braquer les banques que vivre normalement leur passion naissante. Pour ces deux as de la gâchette, la vie réserve bien des surprises même lorsqu’il décide de se ranger et de profiter du temps présent. Dans un second tome réussi, mêlant habilement humour et drame, les lecteurs vont donc les suivre essayer de tracer leur chemin malgré les caprices de la vie.
La ruée vers l’or
Molly et Gentil vivent la vie de palais. Profitant de l’argent récupéré lors de leur dernier braquage (voir tome 1), ils dépensent sans compter. Mais il est temps de se mettre en route car ils n’ont pas l’intention de rester toute leur vie dans cette petite bourgade perdue de l’Ouest américain. Direction la Californie et une vie paisible d’honnêtes commerçants. Le couple se met en route en plein hiver lorsque son attention est attirée par les pleurs d’un enfant. Un bébé est allongé dans la neige aux côté du cadavre de sa mère.
Les deux bandits décident de prendre avec eux l’enfant et découvrent sur lui une photo et le nom de ce qu’ils pensent être sa famille. Un détour s’impose mais des hommes de main surgissent pour s’emparer de l’enfant. Face aux deux redoutables tireurs, les brutes ne font pas long feu. Mais ce n’est que le début d’une traque féroce car une mystérieuse Madame David est sur les traces du nouveau né et met une prime de 10 000 $ sur la tête du couple. Il va falloir ruser pour sauver l’enfant et retrouver le chemin de la Californie.
Western Love : tragi-comédie au cœur de l’Ouest
Cette série s’appuie sur l’excellent dessin d’Augustin Lebon. Il surprend en adoptant une ambiance semi-réaliste, parfois baroque, très colorée, à l’opposée de ce que proposent d’autres série de western comme Marshall Bass ou Blueberry. Ce ton s’adapte idéalement à l’histoire qui nous est racontée : un conte de Noël tragique. Nos héros vivent au début dans un quasi conte de fée où ils s’offrent tous les plaisirs du monde et où la neige embellit tout. Ils vont s’enfoncer dans un Sud qui reste ancré dans son passé glorieux fait de fêtes, de plantations.
Mais derrière ce décor, l’auteur va nous livrer un récit qui devient de plus en plus adulte et mature au fil des pages. Notre couple d’amoureux subit en effet un vrai examen de conscience. Gentil se prend d’affection paternelle pour cet enfant quand Molly, elle, est rattrapée par ses doutes sur la maternité. Elle se pense en femme libre et pas du tout en mère de famille. De même, cet enfant les plonge dans les ombres du vieux Sud où les traces de l’esclavagisme sont toujours vivaces dans les esprits.
Baby Unchained
Si vous avez aimé l’ambiance de Django Unchained, cet album va vous plaire. En effet, son auteur réussit avec originalité à nous parler de l’esclavage en terre du Sud et des années qui ont suivi son abolition. Pour beaucoup d’Européens, la libération des esclaves a signifié la fin du système. En réalité, il a fallu presque un siècle pour que les anciens esclaves obtiennent l’égalité juridique. Western Love nous décrit très bien ce Sud où les anciennes familles, les nostalgiques de la Confédération tiennent toujours le haut du pavé.
D’autre part, Western Love Noël de famille nous met en scène une histoire de vengeance. Il y a celle de Madame Davies face aux actes de son mari, celle de la famille de l’enfant, celle des anciens esclaves et celle de nos héros. Ils embrassent la cause du bébé et s’élèvent, par humanité, contre son destin injuste. Ils vont mettre leur vie en danger, faire des choix lourds de conséquences. Tant pis, si leur rêve californien prend du retard. Cet enfant fait rejaillir le meilleur en eux et renforce encore leur amour.
Western Love: hommage au 7ème art
Quel plaisir de parcours ces pages qui sont autant de clins d’œil aux 7ème art. Tout le début s’inspire d’abord de Conan le Barbare en nous présentant ces deux voleurs grisés par l’argent et qui le jettent par la fenêtre au mépris de toutes les règles de prudence. Cette histoire d’enfant retrouvé dans la neige fait aussi penser au film de Satoshi Kon Tokyo Godfathers où trois sans abris se lancent à la recherche des parents d’un nourrisson abandonné dans la rue.
Augustin Lebon se nourrit surtout d’un siècle de Western sur Grand écran. Il balaie en un album plusieurs genres. On pense évidemment au Western classique de Ford et Sturges avec cette description de ces petites bourgades tenues par une clique d’hommes de main. Le western de Sergio Leone est évidemment convoqué au travers de ces deux héros/anti-héros plus vrais que nature, as de gâchette et de la phrase qui tue. Il y a enfin Tarantino que l’on ne cesse de revoir à travers ces immenses paysages enneigés dignes des Huit Salopards.
Western Love tome 2 est une très belle surprise qui confirme toutes les belles promesses du premier volume. Vous pouvez retrouvez la série aux éditions soleil.