L’Étang, de Claire-Louise Bennett : le calme reposant de la campagne irlandaise

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Il ne vous est jamais arrivé de penser à tout quitter ? De songer à déménager au bord d’un étang, avec pour seuls compagnons une chèvre et le murmure d’un ruisseau… Claire-Louise Bennett vous emmène avec elle.

1e de Couverture
Couverture du roman L’Étang, Claire-Louise Bennett
  • Date de parution en France : 2018
  • éditeur : L’Olivier
  • 224 pages
  • prix grand format : 19,50 € | prix version poche : 6,50 €

Pour cette première critique littéraire, penchons nous en douceur sur un roman léger et contemplatif, qui plaira aux amoureux de la nature comme aux philosophes en herbe. L’Étang est l’histoire éthérée d’une narratrice dont on ne sait presque rien, partie sur un coup de tête dans la campagne irlandaise, pour s’y installer après avoir abandonné ses études.

De là part donc une histoire qui narre une suite d’événements au rythme de la vie de cette nouvelle “ermite” des campagnes. Les mots simples et le cadre paisible emportent le lecteur dans une fable contemplatrice qui invite à la rêverie. On se croirait presque au bord de l’étang à ses côtés.

 

« Une feuille entrée par la fenêtre est venue se poser directement sur l’eau entre mes genoux tandis qu’assise dans la baignoire je regardais dehors. »

 

Notre personnage principal n’a pas de nom ni de passé. On évoque seulement la thèse qu’elle a abandonné pour partir vivre seule. Elle semble n’avoir aucun autre but que de vivre là, perdue dans sa maison isolée. Loin de tout, loin de tout le monde. Dans les chapitres de son journal elle se confie à la première personne sur ses routines, sa vie surprenamment peu monotone, ses visiteurs et ses observations. Elle observe beaucoup, tout le temps. Car c’est dans les menus détails que se trouve la beauté de l’écriture de Claire-Louise Bennett. Elle décrit avec finesse la progression des insectes sur une branche, le bruit du vent entre les troncs ou le calme paisible avant l’orage. C’est une Thoreau avide de grands espaces, une Jean Hegland perdue en forêt. Elle envoûte le lecteur et le captive, le capture dans une bulle.

 

« J’écoutais un petit scarabée longer la naissance de mes cheveux sur mon front. J’écoutais une araignée traverser l’herbe vers ma couverture. J’écoutais le yo-yo d’un couple de mésanges bleues querelleuses derrière moi. J’écoutais le ramier s’ébrouer dans les branches moyennes d’un hêtre revêtu de lierre et les étourneaux sur les câbles électriques au-dessus, et les mouettes et les martinets bien plus haut encore. Et chaque son était un échelon par lequel je m’élevais, et ainsi il m’était possible de monter très haut, de grimper au-delà des nuages, vers une exubérance volatile. »

 

À l’image des scènes de vie calmes et tranquilles d’un Kawabata, L’Étang invite à une introspection rêveuse. Claire-Louise Bennett y mêle avec brio plusieurs registres de langue. L’ensemble crée un récit original dans la lignée des auteurs qui expérimentent la symbiose de l’être avec la nature.
Il faut y plonger pour saisir toute la philosophie du livre, son essence, sa symbolique.