Voici une interview importante pour la rédaction de Justfocus, celle de Florencia Jerez, une artiste peintre de Tucùman, une ville située en Argentine. Il s’agit d’un véritable coup de coeur pour cette femme sensible qui réussit à retranscrire avec brio tout ce qui l’inspire dans son quotidien.
Florencia Jerez, une artiste très influencée par la nature
Justfocus: Peux-tu nous conter tes débuts dans la peinture?
Florencia: Mes débuts dans la peinture, eh bien, en réalité déjà petite j’aimais dessiner avec le crayon, je dessinais les ombres rien qu’avec le crayon noir, j’étais très portée sur le détail. Je me rappelle d’une anecdote racontée par ma mère quand j’allais au jardin d’enfant. La maitresse lui avait dit qu’elle était surprise de mon dessin sur la famille car j’avais dessiné les boucles d’oreilles de ma mère à seulement cinq ans. Ha Ha, la vérité c’est que je ne m’en souviens même pas mais ma mère m’en a fait part.
Adolescente, le dessin était pour moi une thérapie, j’exprimais mes angoisses ou mes peurs à travers des dessins assez réalistes mais surréalistes à la fois. Ce fut une époque un peu sombre pour moi et mes dessins représentaient tout ça. Ensuite, je suis entrée à la faculté des arts en 2009, et à mes 18 ans, mes dessins changèrent beaucoup. Je voulais montrer quelque chose de plus positif et non sombre, ou triste, j’ai commencé à prendre goût à la nature, même si déjà étant petite, une des choses que j’aimais le plus dessiner, c’était les arbres.
Justfocus: Comment s’est déroulée ton évolution dans le milieu des arts?
Florencia: À la faculté des arts, j’ai commencé à peindre des papillons, d’autres insectes, des fleurs et paysages. En plus du basique pour une carrière dans l’art c’est à dire le nu, la figure humaine, que j’aimais aussi beaucoup faire. À cette époque, j’avais une tendance pour l’hyperréalisme, ça me surprenait de voir ces artistes qui peignaient comme si c’était des photos mais avec un stylo (comme Francisco Casas) ou avec de la peinture. De toute façon, j’ai abandonné la carrière des arts car je pensais que ce serait trop compliqué de vivre de ça ici dans ma ville. En plus, je me suis mariée par la suite. Plusieurs années après, quand j’ai dû me concentrer dans mon travail et ma nouvelle vie de mariée, pour moi, l’art continuait à être une thérapie, lorsque j’avais des insomnies je dessinais des portraits ou des nus à l’encre de chine et la plume ou avec un stylo.
En 2014, j’ai eu l’idée de peindre des cadres décoratifs afin de les vendre, le premier que j’ai fait c’était un triptyque (cadre composé de 3 panneaux). Il avait un aspect très réaliste, mais avec le temps j’ai commencé à changer pour un coup de pinceau plus artistique, sans limites aussi définies, mais plus libre, que l’on puisse remarquer que c’était une peinture et non une image imprimée. Puis, je suis revenue au thème de l’évolution artistique dans ma peinture.
Justfocus: Quel était ton objectif en évoluant dans ce monde particulier?
Mon but initial était d’aller à l’Université Nationale de Tucuman pour la Licence en Arts Plastiques, mais je n’ai fait que la première année. Puis, en travaillant directement dans le milieu, j’étais plus autodidacte, bien que la base théorique de la première année de licence m’ait beaucoup servie pour être plus critique et précise dans mon travail. Un travail orienté sur la nature, et particulièrement les arbres.
Justfocus: Quelles sont les thématiques que tu exploites Florencia?
Pendant mon époque surréaliste, je dessinais des êtres mi-humain, mi-nature ou des personnes attrapées dans des arbres, ou des mondes connectés entre eux à travers les arbres. Ensuite, je me suis dirigé vers les fleurs surtout parce que j’étais à la recherche de la beauté, l’esthétique.
De plus, je considère que la nature est d’elle même thérapeutique, elle te relaxe, elle te connecte avec Dieu que je considère comme étant son créateur. Dans cette vie agitée que nous avons surtout dans les villes, sans contact avec la nature, avoir une peinture qui reflète un paysage naturel ou des plantes c’est une manière de mettre un peu de nature au sein du foyer sans intervention humaine.
Justfocus: Quelles sont les demandes de tes clients?
La plus grande partie des tableaux que mes clients me demandent sont des paysages et parfois des animaux. J’ai commencé à peindre surtout par besoin économique, en raison de cela, je n’ai pas peint des tableaux qui soient entièrement de mon inspiration. Ils étaient conditionnés par l’exigence du client. Encore aujourd’hui, il arrive que je donne des conseils à des clients par rapport à la décoration mais ce sont eux qui choisissent la couleur qu’ils veulent pour leur chambre, s’ils veulent de l’abstrait, des paysages ou des fleurs. De toute façon, avec l’art décoratif, je considère qu’il est impossible de ne pas transmettre une part de moi-même à travers la peinture, les coups de pinceaux, les lignes et l’utilisation des couleurs… Je sais qu’il y aura toujours quelque chose de moi dans les peintures.
C’est pourquoi, à chaque fois que je peint, je dois me mettre d’humeur artistique, je ne peux pas peindre en étant de mauvaise humeur. Afin d’y parvenir, je dois écouter de la musique qui m’inspire par exemple.
Les objectifs de Florencia Jerez
Justfocus: Si tu pouvais nous parler un peu de tes inspirations… et de tes objectifs pour le futur
En parlant d’inspiration, la nature et la musique m’inspirent beaucoup. Je sens que ça stimule ma sensibilité artistique et concernant l’évolution de mes œuvres, ce que je souhaite faire le plus maintenant c’est une série de peintures plus personnelles à exposer, quelque chose de différent par rapport aux peintures décoratives que j’ai l’habitude de faire. Elles seraient plus abstraites et dans un grand format.
C’est ce que je pense faire pour le futur, je souhaiterais continuer à travailler avec ma ligne décorative mais avoir parallèlement ma ligne d’exposition personnelle.
Justfocus: Est-ce facile pour une femme d’évoluer en tant qu’artiste en Argentine?
Concernant la position de la femme en Argentine, elle reste actuellement défavorable si on la compare à celle de l’homme comme dans une grande partie des pays, surtout culturellement et socialement. Dans le monde de l’art ce n’est pas tant le cas, mais dans le monde des affaires, oui.
On remercie Florencia Jerez pour sa disponibilité. Pour suivre au quotidien son travail, vous pouvez consulter sa page Facebook ou son instagram artistique.