Chaque nouveau film d’animation des studios Pixar est une petite révolution. « Vice-Versa » n’a pas échappé à la règle. Réalisé par Pete Docter, déjà co réalisateur de l’excellent « La Haut », « Vice-versa » était attendu par une bonne partie de la planète. Avec un concept quelque peu révolutionnaire dans le monde de l’animation, « Vice-versa » promettait de frapper très fort. Le résultat attendu est il réellement présent ?
Tous les amateurs de cinéma ont des souvenirs à travers les films Pixar, des souvenirs d’enfants ou d’adultes, les long métrages des studios Pixar ayant à chaque fois une double lecture permettant de séduire les plus jeunes, mais aussi les adultes qui les accompagnent. Entre « Le monde de Némo », « La haut » ou « Wall-e », John Lasseter et sa bande nous ont prouvés leur génie indéfinissable et sans fin. Ils ont toujours de nouvelles idées à proposer pour des résultats pratiquement jouissifs à chaque essai. Malgré deux derniers films en demi teinte des studios Pixar, « Monstres et Cie 2 » et « Rebelle », Pete Docter revient avec un concept des plus séduisants.
Le spectateur suit l’évolution des émotions dans la tête d’une petite fille. Ainsi, le cerveau des êtres humains est contrôlé par 5 émotions : Tristesse, Joie, Colère, Dégout et Peur. Complices et plus ou moins organisées, ces émotions lorsqu’elles fonctionnent en équipe maintiennent un certain équilibre au sein du cerveau de la jeune enfant. Tout se passe relativement bien jusqu’à la disparition de Joie et de Tristesse de la tour de contrôle centrale. Une véritable aventure et une course contre la montre débutent pour ces deux petites émotions pour revenir à temps au contrôle central et éviter que des drames surviennent à l’enfant.
Peter Docter a trouvé un concept des plus brillants. S’immiscer dans la tête des individus et imaginer comment s’articule la pensée humaine de manière simple mais représentée avec beaucoup de métaphores et de stylisations. Au delà de ces émotions, personnages centraux du long métrage, c’est tout un monde qui est projeté devant les yeux du spectateur. Un monde optant pour des représentations féériques sublimes. Joie et Tristesse se retrouvent perdues dans les dédales sans fin de la mémoire, des rêves, des mondes imaginaires. Docter a créé un monde de magie, un monde d’imageries sublimes et colorées pratiquement aussi puissant, généreux, fourni et passionnant que « Alice au pays des merveilles » ou « Le magicien d’Oz ». Les souvenirs sont représentés par des boules brillantes, la mémoire par un immense labyrinthe, chaque aspect cérébral est représenté par une imagerie, une idée magnifique et si bien trouvée que le spectateur accroche sans aucune difficulté. Les aspects de la personnalité sont représentés par des îles reliées à la tour centrale, îles qui disparaissent en cas de déprime ou de mauvaises passes. « Vice-versa » rappelle parfois « Les mondes de Ralph », le dessin animé Disney qui avait lui aussi obtenu un retour plutôt satisfaisant. Pourtant là où « Les mondes de Ralph » ne se contentait d’explorer réellement qu’un seul monde, pour le plus grand regret de son spectateur, les studios Disney n’ayant pas eu l’ambition d’illustrer d’autres mondes, « Vice-Versa » lui ne se prive pas d’en mettre plein la vue au spectateur et lui offre des voyages dans de nombreux mondes différents. Un long métrage généreux, jamais avare en idées, en blagues et évidemment en émotions. Ces voyages aux confins du cerveau étonnent sans arrêt de par leur inventivité.
Peter Docter offre également une véritable étude du temps qui passe, l’importance des souvenirs, fussent ils mauvais, et une touchante représentation de l’enfance. Parfois très nostalgique, Peter Docter revient aux sources de l’esprit Pixar, il rappelle à quel point les créateurs qui travaillent dans ce studio sont de grands enfants. Il nous ramène à nos premiers souvenirs, aux réchauffantes satisfaction, simplicité et sécurité qu’offrent le domicile familial et la protection parentale. « Vice-versa » est à l’image des deux protagonistes principaux, un mélange subtile et poignant entre joie et tristesse. Un long métrage nostalgique qui fait rire les enfants et pleurer les adultes. L’évolution de l’esprit humain est somptueusement représentée grâce à ces petits personnages mignons et attachants. « Vice-versa » ramène son spectateur dans un état de rêverie, de bonté, de générosité… Certaines références pourraient être retrouvées ici et là, un personnage imaginaire à la conceptualisation étrangement ressemblante à celle du chat au sourire radieux qui guide Alice dans le pays des merveilles, une représentation du monde proche parfois de celle de « Tron », un clown aussi effrayant que « Ca », que des références à des fantasmes imaginaires, des mondes illusoires, des allégories de notre propre monde. « Vice-Versa » s’inscrit véritablement et durablement dans les trips hallucinogènes et immuables à l’image d’un passage en deux dimensions assez jouissif et malheureusement trop court. « Vice-versa » offre également de vrais moments de franche rigolade, des moments loufoques et littéralement hilarants. Mais comme d’habitude là où « Vice-versa » trouve sa meilleure réussite est bien dans les moments d’émotions, les moments de douceur et d’humanité propre à l’univers Pixar. Naturels et spontanés ces passages sont de véritables pépites d’émotions rares et revigorantes qui permettent de mettre certains films Pixar au rang de chefs d’œuvres.
Quant à savoir si « Vice-Versa » est une totale réussite la réponse est incontestablement oui.
La bande annonce :