Après un premier volet sorti en 2015, Kesley Mann succède à Pete Docter pour mettre en scène Vice-Versa 2. Sorti ce mercredi 19 juin 2024, le récit retourne dans la tête de la petite Riley et met en scène de toutes nouvelles émotions. Une suite solide, un peu moins touchante que l’originale, mais souvent très drôle.
Vice-Versa : l’aventure continue
Après un premier chapitre extrêmement réussi, Pixar décide de remettre le couvert et de retourner dans l’esprit de la pette Riley. Mais cette dernière a grandi, et cette fois, les émotions de Riley vont devoir affronter la puberté. Une période difficile durant laquelle de nouvelles émotions font leur apparition comme Anxiété, Envie, Ennui et Embarras. Sans surprise, Vice-Versa 2 se place incontestablement dans le haut du panier des productions Pixar. Kesley Mann décortique la puberté, l’adolescence, ses passions, ses inquiétudes, sa pression, ses peurs, avec empathie, compréhension et intelligence.
Vice-Versa 2 explore encore plus les recoins du cerveau de Riley. Les spectateurs découvrent de nouvelles zones passionnantes, mais toujours totalement exploitées. Nos émotions de base (Joie, Tristesse, Peur, Colère et Dégoût) se lancent dans une quête pour réparer les dégâts apportés par Anxiété. L’occasion de découvrir de nouveaux mondes comme Imagination Land ou encore la Prison des Souvenirs Refoulés. D’excellentes idées qui ne sont malheureusement pas totalement développées. On aurait adoré en voir davantage sur la Prison des Souvenirs Refoulés, terrain de jeu parfait pour emmener le film vers des questionnements introspectifs plus profonds.
Mais Kesley Mann, plutôt que de proposer une aventure réellement philosophique, préfère rester dans le domaine de la comédie. A cause de cette approche, Vice-Versa 2 est moins touchant et moins profond que son prédécesseur. Certaines idées, comme l’utilisation de Nostalgie (hilarante dans le film) ou de ces mondes (surtout la prison des souvenirs refoulés) auraient permis d’emmener l’audience dans un voyage introspectif puissant. Mais par manque de maturité, le film préfère rester une production tout public.
En fait, on aurait presque aimé que Vice-Versa 2 soit un film pour adultes. Le concept gagnerait incontestablement en profondeur si ces émotions tournaient autour des problématiques d’adultes. Ce concept serait une étude psychologique puissante et passionnante de l’esprit humain via des émotions plus matures. Le regret, la nostalgie, la mélancolie sont tant de sujets à explorer dans un éventuel Vice-Versa 3. Parce que le problème de ce deuxième volet réside dans l’intrigue générale de Riley. La jeune fille a des problématiques d’adolescents, et franchement savoir si elle va être acceptée ou pas dans son équipe de baseball on s’en tamponne un peu. Savoir comment elle va s’habiller, comment elle va être invitée par les autres élèves, ce ne sont pas des conflits forcément très adultes, modernes et surtout passionnants. Encore une fois, le film aurait gagné à avoir des introspections plus adultes. La faiblesse de cette intrigue réduit l’impact émotionnel du monde des petits êtres de couleurs. Il aurait peut-être fallu donner à Riley de véritables tribulations pour que l’impact narratif du film gagne réellement en profondeur.
Enfin, certaines émotions ne sont pas totalement utilisées à bon escient. Peur et Tristesse se marchent dessus. Les deux personnages ont la même identité, la même utilisation, et leurs traits de caractères sont trop proches pour vraiment être utiles. En fait, puisque Tristesse à tout le temps la trouille, Peur ne sert plus à rien, et devient un personnage secondaire sans âme, ni développement. Il en va de même avec Anxiété qui joue sur les plats de bande de Envie. Pleine d’ambition, Anxiété prend toute la place par rapport aux autres nouvelles émotions, dont la plus-value est encore à déterminer.
Il n’empêche que Vice-Versa 2 est une belle étude de l’adolescence, permettant de mettre des mots justes sur les changements comportementaux inhérents à la puberté. Surtout, le film est souvent très drôle et réserve de grands moments de comédie, notamment dans la Prison des Souvenirs Refoulés où l’on croise des personnages de dessin-animé et de jeu vidéo. C’est à mourir de rire et l’idée est absolument géniale. Reste que le film ne parvient jamais à retrouver l’impact émotionnel saisissant de la disparition de Bing Bong. . En gros, ici, on pleure moins, mais on rigole davantage !
Belle réussite que ce #InsideOut2
Moins profond que le premier volet, Pixar frappe néanmoins très fort en développant son monde avec beaucoup d'humour et de créativité.
Une très belle performance, touchante, drôle et totalement divertissante. @DisneyFR pic.twitter.com/i7ZNRvUBAt
— Aubin Bouillé (@7emeCritique) June 11, 2024