Transformers – Rise of the Beasts : un retour sans verve

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Après 5 films réalisés par Michael Bay, et un spin-off consacré à Bumblebee, la licence Transformers est de retour avec un septième long-métrage : Transformers – Rise of the Beasts. Mis en scène par Steven Caple Jr. (Creed II), ce nouvel opus se déroule dans les années 1990, entre les événements de Bumblebee et du premier Transformers. Côté casting, ce nouveau chapitre invite les jeunes Anthony Ramos et Dominique Fishback à rejoindre la licence. Mais alors que vaut le retour des Autobots ?

 

Transformers – Rise of the Beasts : un retour paresseux

 

Soyons clair, Transformers : Rise of the Beasts est certainement le pire volet de la saga. Un épisode poussif, paresseux, platonique, qui ne parvient jamais à retrouver la candeur de Michael Bay. Pourtant, avec Transformers : Rise of the Beasts, Steven Caple Jr. veut clairement imiter son prédécesseur. Le réalisateur s’éloigne de la dimension intimiste de Bumblebee proposée par Travis Knight pour revenir aux fondamentaux : des enjeux à la dimension cosmique et une planète à sauver des griffes des méchants robots. Comme d’habitude, le scénario va placer, malgré eux, des humains au centre du récit. Des protagonistes qui ne choisissent pas forcément d’être embarqués dans une guerre de robots aliens, mais dont le destin va changer lors de leur rencontre avec les Autobots.

La nouvelle publicite Transformers Rise of the Beasts au Superbowl Transformers - Rise of the Beasts : un retour sans verve

Malheureusement, Noah (Anthony Ramos) et Elena (Dominique Fishback) sont beaucoup moins passionnants que les précédents héros de la licence. Que ce soit Shia LaBeouf, Mark Wahlberg ou même Hailee Steinfeld, chacun de leur personnage apportait une dimension émotionnelle, une dimension plus intime dans des énormes blockbusters où le moindre immeuble peut finir en cendres. Dans Transformers : Rise of the Beasts, les protagonistes humains sont davantage des personnages fonctions, qui n’apportent pas grand-chose au récit global. On a bien une thématique raciale légèrement mise en avant, avec deux personnages issus de minorités qui peinent à se faire entendre et se faire reconnaître par le système américain blanc, mais ça ne va jamais vraiment plus loin. Pire, ces deux protagonistes ralentissent le rythme général du blockbuster. Et alors qu’on aimerait voir de gros robots qui se mettent sur la figure, on a les introspections de deux personnages insipides.

 

Rendez-nous Michael Bay

 

L’autre gros problème de Transformers : Rise of the Beasts, c’est sa mise en scène. Steven Caple Jr. ne parvient jamais à recréer le gigantisme de Michael Bay. Alors qu’il tente de reproduire une réalisation identique au patron du genre, le jeune cinéaste n’arrive pas à la cheville du maestro. Si les précédents Transformers étaient évidemment bourrés de défauts, même le moins bon des épisodes de Michael Bay se reposait sur les effets souvent vertigineux du cinéaste. Si on ne peut pas enlever une chose à Michael Bay, c’est sa capacité de passer du minuscule à l’énorme en un mouvement ; sa capacité à filmer le gigantisme et la destruction, et surtout sa capacité à faire interagir ses robots géants avec les décors. Proposant ainsi, parfois, des effets de cinéma hallucinants et une orgie de bastons numériques grandiose.

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Malheureusement, Steven Caple Jr., se prend les pieds dans le tapis sur chacun des éléments précédemment avancés. Le cinéaste ne parvient pas à imposer une simple notion de gigantisme, les robots sont moins bien ancrés dans les décors, parfois simplement « posés là » sur certaines séquences, et la fluidité des scènes d’action n’atteint pas la maîtrise de Michael Bay. Le problème de Transformers : Rise of the Beasts c’est son échelle de valeur souvent bancale. La preuve, notamment, avec cette séquence de baston terriblement ennuyeuse au musée où le rythme patauge à en donner mal à la tête. Steven Caple Jr. peine à insuffler un souffle épique dans ses joutes physiques. Il peine aussi à faire interagir ses robots avec les décors. Sauf le temps d’une des rares séquences d’action réussies, durant laquelle les combattants robotiques dévalent une montagne et passent par-dessus des routes. Une scène d’action sur plusieurs étages plutôt malignes, dans laquelle on retrouve un peu de la vision de Michael Bay justement. Mais à cause de tous ces défauts, on se retrouve pendant plus de deux heures, la tête posée sur la main, un peu blasé, à regarder d’une manière détachée et fatiguée, des tribulations sans grand intérêt scénaristique ou visuel…

 

Un climax efficace ?

 

Le ton du film n’est pas aidé par les Maximals, ces robots aliens déguisés en animaux. De nouveaux personnages très enfantins, qui alourdissent le récit. Dès la scène d’ouverture nanar et nian-nian, on sait que ces animaux-robots, qui ne feront finalement que de la figuration, vont encore davantage infantiliser le ton du film, déjà très axé pour les plus jeunes.

Reste cependant un climax final plutôt efficace. Une baston proprement réalisée, qui est, finalement, la partie la plus réussie du métrage. On peut également souligner la deuxième entrée en scène de Bumblebee, mis au placard pendant toute la durée du film, avant un come-back efficace, où il se passe enfin quelque chose de palpable à l’écran.

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Enfin, il faut également mettre en exergue le traitement de Optimus Prime, plutôt intéressant. Transformers : Rise of the Beasts prend en effet des risques sur un point : le traitement de Optimus. Pour la première fois de la licence, le long-métrage se concentre davantage sur les rebondissements des robots que sur ceux des humains. En ressort alors un Optimus bien loin de l’optimiste des premiers Transformers. Les spectateurs sont les témoins d’un personnage fatigué, désabusé, brisé, qui est en plein doute existentiel quant à sa manière de diriger ses pairs ou concernant les décisions à prendre vis-à-vis des humains. Optimus n’a pas encore la grandeur des premiers films, et c’est clairement intéressant de voir le superbe robot aussi fragilisé.

Finalement, Transformers : Rise of the Beasts est un film globalement insipide, qui n’a pas grand-chose à raconter. Une histoire bouche-trou, simplement là pour tenter de relancer la licence. Un film paresseux, qui fait à peine son job sans verve, sans créativité, dont la vacuité rythmique est masquée par une bande-son rap 90’ absolument géniale.