Critique « Trainspotting 2 » de Danny Boyle : un retour aux sources salvateur

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Vingt années ont passé depuis les exploits de ce petit groupe d’Edimbourg. En 1996 sortait Trainspotting de Danny Boyle, porté par Ewan McGregor, Ewen Bremner, Robert Carlyle et Johnny Lee Miller. Deux décennies plus tard, on prend les mêmes et on recommence.

 

Un film éminemment nostalgique :

trainspotting 2

 

On aurait pu douter de la pertinence de cette suite. Des années après, était-il réellement nécessaire de donner une suite à ce film culte ? Danny Boyle concentre son long métrage principalement dans une dimension mémorielle connectée au premier film, mais parvient pour autant à moderniser son propos. Avec quelques flash-backs, de nombreuses références et des personnages emplis de regrets et de nostalgie, Danny Boyle cherche incontestablement à toucher son spectateur par la mélancolie. Il lie le spectateur avec ses personnages, avec ce drôle de groupe qui a marqué une génération entière en 1996. T2 reprend un cheminement similaire au très récent Logan :  remémorer les souvenirs du spectateur pour porter un dernier regard en arrière et établir ainsi les conséquences du passé. Trainspotting 2 en est donc relativement touchant, parfois émouvant, réveillant des sensations enfouies, des souvenirs imprimés dans notre mémoire. Avec des notions fortes de regrets, Danny Boyle se remémore une époque révolue, enfouie sous les méandres d’un monde en perpétuelle évolution.

Le temps passe, le monde change, mais pas les êtres humains, pas ces personnages qui demeurent exactement les mêmes, cherchant leur place dans un univers qui les dépasse, dans une société qui assujetti ses membres. Danny Boyle évoque la société de consommation, les rêves brisés, le conditionnement de masse, notamment par un monologue profond et impressionnant de Ewan McGregor, précis, viscéral et révélateur. Un coup de gueule qui pourrait rappeler celui d’Edward Norton dans La 25ème Heure. Dans un moule conformiste où ces personnages n’ont pas leur place, T2 démontre à quel point la société tourne en rond, comment l’art, l’histoire, les manières de penser ne sont qu’un cycle sans fin où personne ne parvient réellement à évoluer, où personne ne parvient à sortir du moule et des déceptions. Trainspotting 2 démontre que le commun des mortels finit dans la solitude et la tristesse, ne se raccrochant qu’à des bribes d’un passé meilleur, parfois retrouvé le temps de quelques instants. La pop culture se mord la queue, enfermée dans une société commerciale perverse. 

 

T2 – Une œuvre aux idées de mise en scène somptueuses :

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Avec cette suite, Danny Boyle a moins de chose à raconter, préférant la forme au fond. La première partie se contente de n’être qu’un retour aux sources, ponctué de références ça et là, jouant avec les sentiments du spectateur. Disséminant ponctuellement des clins d’œil au premier opus, Danny Boyle signe une mise en scène dantesque, portée par une photographie impressionnante. Via un cadrage parfait, le cinéaste anglais trouve quelques pépites visuelles, rythmant son intrigue à la manière de ses œuvres passées, à la manière aussi parfois de son compère Guy Ritchie. Les couleurs sont superbes, les quelques passages de stoner très réussis et le rythme fou de Trainspotting parvient à être retranscrit tout en évoluant. Moins détonant que dans le premier film, le rythme est plus mature, un peu plus posé, comme le regard de ces personnages sur le monde, comme touché par le temps qui passe, à l’image de ces figures vieillissantes à l’écran.

Jusqu’à ce dernier plan très évocateur d’une boucle sans fin, T2 réserve les quelques prouesses visuelles espérées et attendues de la part de Danny Boyle, accompagnées d’une bande originale rock de grande qualité. Ce dernier offre une mise en scène clipée, très représentative du cinéma pop actuel, pour faire écho à la société de masse critiquée régulièrement dans le long métrage. T2 se conclu dans l’émotion, dans un dénouement qui clos une histoire qui avait, finalement, besoin de ce second chapitre.

Trainspotting 2 n’atteint pas la folie du premier épisode, mais demeure pour autant une œuvre puissante, inscrit dans une pop culture culte et intelligente, qui a des choses à dire et à montrer.