Tandis que les produits sur le rap français cartonnent en ce moment, Suprêmes sort ce mercredi dans les salles obscures. Après Validé saison 2 et le documentaire sur Orelsan intitulé Montre jamais ça à personne, c’est au tour du groupe NTM d’avoir son propre biopic. Réalisé par Audrey Estrougo, le long-métrage revient sur l’ascension de Joey Starr et Kool Shen dans le milieu du rap français dans les années 1990. Pour incarner les deux rappeurs, Théo Christine a été choisit pour interpréter Didier Morville dit Joey Starr et Sandor Funtek a été sélectionné pour camper Bruno Lopes, aka Kool Shen. Suprêmes se place comme un biopic efficace mais qui manque de profondeur.
Suprêmes : un film extrêmement bien rythmé…
Décidément, le rap français est sur tous les supports en ce moment. Tandis que le nouvel album de Orelsan, Civilisation, cartonne actuellement dans les bacs, le groupe NTM est à l’honneur ce mercredi dans les salles obscures. En effet, Audrey Estrougo a décidé de se lancer dans un biopic sur Joey Starr et Kool Shen. La cinéaste livre un film somme toute assez classique mais diablement efficace. 1H50 de métrage qui déroule à une vitesse folle. Le tempo est parfait, à l’image du rap, vif, rapide, qui va à l’essentiel. Suprêmes est loin d’être un film déplaisant et s’avère être un divertissement qui passe à 100 à l’heure.
Porté par une bande-son explosive (forcément), le film doit beaucoup à ses deux jeunes interprètes. Si Théo Christine s’en sort avec les honneurs dans la peau de Joey Starr, bien qu’il en fait parfois un peu trop, c’est surtout Sandor Funtek qui crève tout simplement l’écran. Avec ses airs de Reda Kateb, le jeune acteur est brillant dans la peau de Kool Shen, et parvient à lui donner une profondeur sidérante. Élément porteur, il parvient à rester touchant tout en dirigeant le navire d’une main de fer. Intelligent, drôle, sentimental, c’est LE personnage de Suprêmes.
… mais qui ne rentre pas dans les détails
Malgré son rythme séduisant, Suprêmes est un biopic qui manque cruellement de profondeur. Audrey Estrougo reste toujours en surface, et manque d’approfondissement. Suprêmes est une œuvre classique, peu novatrice qui suit l’articulation basique de ce genre de production : la montée en puissance, les doutes, le déchirement jusqu’à la consécration. Les protagonistes manquent de développement, et certaines situations sont survolées, à l’image des cessions d’enregistrement extrêmement rares. Ce rythme effréné à une contrepartie : une sensation de superficialité assez rare dans les films adaptés de la vie d’artistes.
Les problèmes des banlieues dans la scène médiatique comme les problèmes familiaux des personnages sont également survolés. La relation des deux artistes avec leur clan est elle aussi effleurée. Surtout, les personnages secondaires n’existent pas vraiment, et sont simplement des figures dénuées d’âme qui servent le scénario. Peut-être qu’aussi, Audrey Estrougo décide de s’étaler sur de trop nombreuses années plutôt que de ce concentrer sur certains faits précis. Finalement, Suprêmes ne s’apprécie pas tant pour l’histoire, qui est déjà assez connue, mais pour le rap lui-même. Parce que Suprêmes trouve sa meilleure expression quand il met en scène les concerts de rap, filmés avec un certain talent. Film musical plus que d’écriture, Suprêmes est un divertissement indéniablement efficace, mais qui survole régulièrement son propos.