Sortie en salles en mars 2017, la rédaction revient sur la sortie DVD d’Orpheline! Orpheline retrace de manière originale le portrait d’une même femme durant quatre périodes de sa vie. Successivement enfant de la campagne bouleversée par un tragique accident, adolescente en fuite, jeune femme aux mauvaises fréquentations et enfin institutrice accomplie, son passé tumultueux finit néanmoins par la rattraper.
Un rôle interprété par 4 actrices
Entre construction et déconstruction identitaire, les différentes périodes du personnage sont interprétées par quatre actrices talentueuses, à savoir: Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot, et Vega Cuzytek. Ce choix audacieux de mise en scène comporte le risque de perdre le spectateur car celui-ci n’est jamais clairement explicité. En effet, rien n’est fait pour donner un caractère homogène à la vie du personnage: le casting privilégie l’incarnation des émotions et l’évolution de l’état d’esprit du personnage plutôt que des ressemblances physiques. De plus, le personnage n’a de cesse de changé de nom; il se veut insaisissable au risque d’être insaisissable par le public. Avec ces choix singuliers, Arnaud de Palières interroge l’identité de l’individu: sommes-nous la même personne tout au long de notre vie ou bien sommes-nous un cumul de plusieurs personnalités?
Une narration à rebours
Dans cette logique d’analyse identitaire, le réalisateur construit son film à rebours. Il débute avec la personnalité la plus récente pour remonter jusqu’à l’enfance, à l’image d’une introspection. Il s’agit d’analyser les mécanismes de construction du personnage pour comprendre la situation dans laquelle le film à débuter. Même si cette forme narrative a mainte fois été employée dans le cinéma, elle n’en reste pas moins efficace et cohérente dans Orpheline.
Un film brut
Tout en abordant des thématiques fortes: le rapport au père, le rapport aux hommes, la violence, la prostitution, le film réussit à instaurer une certaine distance, quasiment «froide», entre le personnage et le spectateur ce qui renforce cette sensation d’analyse, cette volonté de compréhension plus que le développement d’une réelle empathie. L’image du film abonde dans cette direction puisqu’il n’est pas question d’embellir les actrices mais au contraire de jouer avec une certaine véracité, des images «brutes», «sans filtre». Orpheline a donc le mérite de proposer quelque chose de rare dans ce domaine là.
En plus de ce curieux objet cinématographique, l’édition DVD propose un entretien de 40 minutes avec Arnaud de Palières (réalisateur) et Christelle Berthevas (co-scénariste), dont la vie a inspiré le scénario.
Bande-annonce Orpheline :