En 2022, le cinéaste Parker Finn séduit les fans du cinéma d’horreur avec Smile. Quelque part entre It Follows, The Ring et Destination Finale, Smile s’est avéré être un succès inattendu. Un film plutôt malin, et surtout parfois terrifiant grâce à une utilisation intelligente des jump scares. Et bien Parker Finn est de retour avec Smile 2, et le film est supérieur à l’original en tout point.
Smile 2 : grosse claque !
Sans révolutionner le genre, Smile était un honnête divertissement qui s’inspire des films à boucle type It Follow et The Ring. Le film pouvait compter sur une utilisation habile des jump scares et sur une BO assez séduisante. Même si la fin était un peu décevante, car trop formatée et déposée sur les chemins attendus des productions horrifiques grand public, Smile était suffisamment convaincant pour nous donner envie de découvrir la suite.
Parker Finn est donc de retour à la réalisation de Smile 2. Naomi Scott succède à Sosie Bacon, et le cinéaste déplace son intrigue dans un milieu totalement différent : le monde de la musique. Smile 2 suit les pérégrinations d’une pop star. Ancienne toxicomane, elle essaye de reprendre sa vie et sa carrière en main, jusqu’à ce que le démon de Smile mette son sourire sur elle.
Et contre toute attente, Smile 2 dépasse son prédécesseur en tout point. Plus long (2h15 tout de même, un format assez long pour de l’horreur), plus violent, plus intense, Parker Finn semble avoir eu davantage de libertés sur ce deuxième volet. Et il met le paquet, pour le plaisir des amateurs d’horreur.
Dès la séquence d’ouverture, ultra intense, le ton est posé. Parker Finn offre une scène d’ouverture totalement dingue, où l’horreur est sous-jacente. Davantage orientée vers le thriller, voir le film d’action, cette introduction, esthétiquement superbe est l’un des meilleurs morceaux du film. Via une esthétique froide, un décor enneigé, des plans séquences circulaires géniaux, Smile 2 s’ouvre sur les chapeaux de roue, avec une introduction qui emprunte autant à Longlegs qu’à It Follows. Une introduction qui annonce la couleur, et qui plonge les spectateurs dans un grand huit de frissons sans interruption.
Un film étonnement courageux
Smile 2 parvient à conserver l’identité de l’original, sans jamais tomber dans la redite. Le film ne recycle pas les événements du premier, que ce soit dans son traitement de l’horreur autant que dans ses thématiques. Parker Finn propose des séquences horrifiques extrêmement bien tenues. Comme dans le premier film, le metteur en scène utilise les jump scares à bon escient, avec intelligence. Il les place là où on les attend certes, mais à chaque fois avec une efficacité remarquable. Difficile de ne pas sursauter une seule fois devant Smile 2 tant certains effets de montage glacent le sang.
De même, le cinéaste va plus loin que dans le premier chapitre en termes de créativité de mise en scène. Outre cette séquence d’ouverture, Parker Finn propose quelques envolées absolument incroyables. On pense évidemment à cette séquence totalement dingue, où Naomi Scott est attaquée par une horde de danseurs possédés. Une scène hallucinante, ultra bien chorégraphiée, à l’approche horrifique perturbante. Où comment proposer une créature hybride façon Evil Dead Rise ou Color out of Space, mais sans que les corps ne soit assimilés, fusionnés voir même symbiotisés. Une séquence terrifiante de part sa simplicité, de par l’absence d’esbroufe, simplement par l’utilisation du corps souple des danseurs. Sans doute la meilleure scène du film.
Et puis, Smile 2 impressionne aussi par son dénouement. Parker Finn propose une conclusion (qu’on ne spoilera pas ici) vraiment très courageuse, surtout au sein du paysage cinématographique horrifique contemporain. Parker Finn déjoue les conventions, les clichés, et se refuse à la happy end pour mettre en scène une fin stupéfiante, sans concession, sans espoir, d’une dureté et surtout d’une fatalité hallucinante. Un achèvement terrible, une fin méta très intelligente, qui porte un regard glaçant sur notre société de consommation moderne. C’est absolument brillant, c’est brutal, c’est pessimiste à souhait, c’est d’une violence rare dans le tout venant horrifique hollywoodien. Et rien que pour ça, chapeau monsieur Parker Finn.
En plus d’être souvent terrifiant, Smile 2 n’est pas dénué d’intelligence. Avec cette suite, Parker Finn a davantage de chose à raconter. Il porte un regard lucide et critique sur notre société moderne. Il aborde les dangers de la célébrité, la pression du milieu artistique, mais pointe aussi du doigt le comportement de la foule, du fan, du spectateur. Il réfléchit à notre condition de consommateur, de voyeur, de profiteur, de comment les réseaux sociaux sont une arme contre nous-même. Il parle également de l’addiction, que ce soit à la drogue (un rapport qui nous rappelle un peu le remake de Evil Dead par Fede Alvarez) mais également au smartphone. Il s’interroge sur la notion de célébrité, d’iconisation des individus, et de comment les artistes parviennent à gérer ou non, cette notoriété. Où trouver le juste milieu entre ses responsabilités et le respect de sa santé mentale ? Une dimension qui trouve une fois de plus toute sa quintessence dans sa conclusion ultra choquante.
En plus de tout ça, Smile 2 parvient à faire avancer sa mythologie avec malice, sans trop en dire, sans trop entrer dans le cliché du genre, tout en offrant de nouvelles clés de compréhension aux spectateurs. Et là encore, le développement de son démon intervient dans la conclusion du film, via quelques effets horrifiques organiques renversants, presque en forme de torture porn, qui rappellent presque du Carpenter et qui n’ont rien à envier à la saga Les Griffes de la Nuit.