Alors qu’il est toujours à l’affiche de John Wick 4, le comédien Donnie Yen est récemment passé derrière la caméra pour mettre en scène Sakra, La Légende des demi-dieux. Le comédien n’avait pas enfilé sa casquette de réalisateur depuis The Twins Effect en 2002. Mais alors que vaut Sakra, sa sixième réalisation ?
Sakra : c’est quoi le wu xia pian ?
Genre en désuétude, le wu xia pian est pourtant un genre extrêmement côté en Asie. Genre cinématographique chinois qui se concentre principalement sur les arts martiaux, l’héroïsme et les récits de chevalerie, le terme « wuxia » se traduit littéralement par « héros martial » en chinois. Le wu xia pian puise ses origines dans la littérature chinoise classique, en particulier dans les romans et les récits folkloriques.
Ce genre met en scène des protagonistes dotés de compétences martiales exceptionnelles, qui se battent pour la justice, la loyauté et l’honneur. Les héros wu xia sont souvent des experts dans l’utilisation des arts martiaux, usant de techniques acrobatiques et d’armes traditionnelles.
Le wu xia pian a eu une grande influence sur le cinéma asiatique et a gagné en popularité à travers le monde. Des réalisateurs tels que King Hu, Zhang Yimou, Ang Lee et Tsui Hark ont contribué à faire connaître ce genre à l’international. Tigre et Dragon de Ang Lee ou Hero de Zhang Yimou sont sans doute les exemples les plus célèbres du wu xia pian.
Côté mise en scène, le wu wia pian se manifeste par des séquences d’action en apesanteur. Les protagonistes de ces combats sont capables de léviter dans les airs, de sauter d’arbres en arbres ou de toits en toits avec une facilité déconcertante. Souvent, le wu xia pian convoque une forme de danse, de chorégraphie, de ballet en suspension, qui permet ainsi de proposer des séquences d’action uniques.
Donnie Yen s’inscrit dans cette tradition
Avec Sakra, La Légende des demi-dieux, Donnie Yen s’inscrit dans cette grande lignée du wu xia pian. Presque 20 ans après sa dernière réalisation, la star internationale décide de proposer un cinéma romanesque, emporté par des séquences d’action hallucinantes. Généreux en action, le film de Donnie Yen est une saga épique, intense, un brin mélancolique, généreuse, mais aussi essoufflant.
Trop long, trop dense, trop fatigant, Sakra va en user plus d’un. Donnie Yen s’enferme dans un sérieux rébarbatif et dans un complot politique interminable et inutilement bavard. Le réalisateur se prend les pieds dans le tapis face à une intrigue pataude, réchauffée, brouillonne, qui aurait méritée des coupes franches pour éviter un métrage trop long de 2h10. Donnie Yen s’enferme lui aussi dans la peau d’un héros cliché, trop jeune pour son âge (parce que le boug a presque 60 ans tout de même…), qui cherche son appartenance, et à s’affranchir de son ancienne vie. Il dépeint la figure d’un individu conservateur, borné, et même parfois un peu con, qui ne réussit jamais totalement à emporter son public avec lui dans des pérégrinations inutilement labyrinthiques. L’audience peut néanmoins compter sur des séquences d’action virtuoses qui la réveilleront de sa torpeur…