Mardi 13 septembre 2016, il y a tout juste une semaine, était un jour particulier. En effet, ce jour là on célébrait le centième anniversaire d’un grand maître de la machine à écrire et de la plume, de la fantaisie et du rêve : l’écrivain gallois Roald Dahl !
Si lors de la seconde Guerre Mondiale, alors membre de la Royal Air Force, il commence déjà à écrire des nouvelles, ce n’est qu’à la fin du conflit de retour chez lui, qu’il commence vraiment à « jouer de la plume ». Il écrit aussi bien des nouvelles pour adultes que des romans destinés à un public plus jeune.
Ces recueils de nouvelles tels que « Bizarre ! Bizarre ! » (1948) ou « Grande Entourloupe » (1974) reçoivent des prix. Le prix Edgar-Alan Poe de la meilleure nouvelle pour le premier et le grand prix de l’humour noir pour le second. (Liste non exhaustive)
Malgré cela, ce sont ses romans pour enfant qui seront à l’honneur aujourd’hui. En effet, si l’humour est patent dans l’ensemble de ses livres pour adultes, celui-ci l’est également dans ses écrits pour enfants. Néanmoins, le cynisme des nouvelles laisse place, tout en ne disparaissant pas totalement, à la fantaisie. C’est sans aucun doute, cette formule qui plaît tant aux enfants et qui explique que même les adultes en tirent un plaisir jouissif.
Lorsque Roahl Dahl décède en 1990 à Oxford, il laisse derrière lui un Univers où l’étrangeté et le loufoque sont les maîtres mots. Et tout comme un de ces contemporains, J.R.R Tolkien, père du « seigneur des anneaux », un tel univers couché sur papier, ne demande qu’une chose : Prendre vie ! Que l’encre devienne image !
Si certaines de ses nouvelles ont été adaptées par le grand Hitchcock, ce qui est suffisamment intéressant pour être noté; c’est bien de cinq adaptations de ses romans pour la jeunesse dont il va être question dans ce papier.
James et la Pèche géante
Si l’œuvre de Roald Dahl parue en 1961 et son adaptation (1996) ont le même nom dans leur langue original, en français l’œuvre écrite et l’œuvre filmée divergent sur l’adjectif caractérisant la pèche. Si celle-ci est « géante » sur papier, elle devient « grosse » chez Henry Selick.
Henry Selick utilisera pour ce film d’animation, tout comme son film précédent, L’étrange noël de monsieur Jack (1993), et celui qui suivra, Monkeybone (2001), la technique de l’animation en volume. C’est-à-dire, une succession de photos qui, à l’aide d’un collage, donne l’illusion du mouvement. Toutefois, contrairement à ses autres films d’animations, celui-ci mêle prises de vues réelles et animation. Les transitions ont lieu dès que James passe par un long tunnel pour rentrer et pour sortir, pour de bon, de la pêche géante.
Cette histoire d’un petit garçon orphelin, élevé par ses deux vilaines tantes, qui, pour des raisons qui ne seront pas précisées ici, arrive dans une pêche géante est un conte fantastique. Elle raconte un périple à travers terre, mer et air, un voyage entre danger, merveille et mélancolie. Elle raconte l’histoire d’un enfant, l’histoire d’un enfant qui grandit.
Charlie et la chocolaterie
Contrairement aux autres adaptations présentes dans ce papier, Charlie et la chocolaterie aura droit à une faveur. En effet, le livre de Roald Dahl (1964) a été adapté à deux reprises, une première fois en 1971 et une seconde en 2005. Deux adaptations qui ont eu un certain succès. Par conséquent, il s’agira de parler des deux adaptations pour présenter l’œuvre littéraire.
Cette histoire, « Dickensienne« , relate la vie d’un enfant, Charlie Bucket, qui vie pauvrement avec sa famille. Il vit près de la fabrique de chocolat, d’un extravagant créateur de sucrerie : Willy Wonka. Créateur qui reste cloîtré dans son usine, avec de mystérieux ouvriers. Pourtant un jour, il accepte de laisser entrer les cinq enfants qui trouveront des « tickets d’or » présent dans ses tablettes de chocolat. Charlie rêverait de trouver l’un d’eux, malheureusement, il ne peut recevoir qu’une seule tablette : à l’occasion de son anniversaire.
Ces aventures musicales sont, que ce soit chez Mel Stuart (1971) ou chez Tim Burton (2005), de vraies broderies. D’un côté, l’extérieur de l’usine aux couleurs ordinaires ou sombres, le noir des bâtiments et le blanc de la neige, chez Burton, qui contraste avec l’autre côté, l’autre monde : l’intérieur de l’usine, aux couleurs éclatantes ! Un monde féerique et pourtant …
Ou peut-être, plus qu’une broderie, faudrait –il parler de miroir. En effet, contrairement aux autres œuvres, ce livre, tout comme son adaptation de 2005 ne semble pas avoir plus à dire que ce qui est visible. La critique des vices, l’idée d’amour familial, tout semble innocent. La version de 1971 a peut-être cela de différent que l’on ne sait pas ce qu’il advient des enfants au fur et à mesure de la visite et que le personnage de Willy Wonka, semble mystérieux autant aux spectateurs qu’aux autres personnages. Le Willy Wonka de 2005 pèche par son côté loufoque qui manque d’opacité.
Fantastique maître renard
Voici un film particulier. En plus d’être le seul de la liste à être entièrement animé, il est également le seul film d’animation que Wes Anderson ait réalisé (2009). Enfin, il est l’unique livre que Roald Dalh ait écrit (1970) avec des animaux comme personnages principaux.
A l’instar du livre, il joue énormément avec l’humour. Faut –il rappeler que Wes Anderson est un réalisateur qui a toujours privilégié ce genre : de La Famille Tenembaum (2001) à son dernier film Le Grand Budapest Hôtel (2014) en passant par La Vie aquatique en 2004 ? Toutefois, les effets comiques y sont plus nombreux avec la présence de nombreux gags, qui n’étaient pas présent dans le livre, et de jeux visuels qu’il devenait intéressants de développer ou de mettre en place, dès lors que le livre était adapté.
Il y a également une autre distinction entre l’œuvre originale et l’adaptation. L’idée d’acceptation des différences ou de respect, qui au départ était à lire entre les lignes du roman, se retrouve dans le film présentée d’une manière assez grossière. Néanmoins, cette modification qui alourdit quelque peu l’adaptation, semble avoir pour but louable, de rendre plus accessible la morale de l’histoire au jeune public.
Le Bon Gros Géant
Dans cette liste, ce film est le plus récent (2016) et pourtant il ne l’est pas dans l’ordre chronologique de parution (1982). Dès 1989, la télévision britannique diffuse une adaptation du roman. Cependant ici, il sera uniquement question du film de Spielberg, présenté cette année à Cannes hors compétition.
Ce roman ressemble fortement à un conte de fée. Il a en commun avec le Peter Pan de l’écossais J. M Barrie (1902), ou encore Narnia de l’écrivain irlandais C. S Lewis (1949), d’appartenir au genre du réalisme merveilleux. C’est-à-dire, un récit où la narration de fait réaliste est entrecoupée d’évènements surnaturels, auxquels le ou les protagonistes assistent médusé(s).
Médusé et terrorisé sont les mots exacts pour décrire ce que ressent cette petite fille, qui apprend l’existence des géants. Toutefois, cette crainte se meut en affection pour l’un d’eux : le Bon Gros Géant. Un géant qui s’attèle à prendre les rêves d’un arbre magique pour les insuffler dans l’esprit des enfants endormis.
Cette histoire est celle d’une rencontre entre deux êtres si différents, et qui, pourtant, ont en commun une vie de profonde solitude. Cette histoire, aux couleurs des aurores boréales, est une recette, dont l’auteur, la mise en scène et les effets spéciaux sont les ingrédients. Des ingrédients qu’il faut utiliser avec le bon dosage pour que le rêve imprimé sur les feuilles puisse s’imprimer sur les rétines des spectateurs émerveillés.
Matilda
Matilda est l’un des derniers livres de Roald Dahl (1982) et son adaptation est paru moins d’une quinzaine d’années après (1996), réalisé par Danny Devito. Ce dernier est célèbre pour avoir souvent interprété des personnages drôles ou délurés ainsi que pour avoir souvent réalisé des comédies. Il fallut attendre les années 2000 pour que le film soit reconnu auprès du public.
Cette histoire d’une petite fille, délaissée et maltraitée par sa famille, moquée par sa directrice, mais qui trouve le salue en aidant sa bienvaillante professeur, est une parfaite allégorie de l’œuvre entière du romancier britannique.
En effet, qu’il s’agisse de la famille aimante (les parents de Charlie Bucket dans Charlie et la chocolaterie, la famille renard) et/ ou horrible (les tantes de James et la pèche géante, le père de Charlie dans Charlie et la chocolaterie), ou qu’il s’agisse de la solitude souvent liée à cette question familiale, certains thèmes sont constamment présents dans les romans de Roald Dahl. Des romans où des rencontres impensables se produisent dans des environnements fantaisistes et féeriques. Des environnements qui donnent une couleur toute particulière à l’oeuvre de l’écrivain, qui avec ses histoires transportait, transporte et transportera petits et grands.
Pour plus d’informations sur l’auteur lui même.