Oppenheimer : une superbe bande-annonce de 3 heures

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Ce mercredi, Christopher Nolan est de retour dans les salles obscures avec son nouveau film : Oppenheimer. Pour son douzième long-métrage, le cinéaste s’attaque à la biographie de J. Robert Oppenheimer, le créateur de la bombe nucléaire, ici incarné par Cillian Murphy. Emmené par un casting de dingue, avec, en vrac Matt Damon, Emily Blunt, Robert Downey Jr, Florence Pugh ou encore Jason Clarke, le film retrace le parcours de ce scientifique, de sa jeunesse à son rôle pendant la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à ses accointances avec le partie Communiste. Une fresque de 3h généreuse, parfois asphyxiante, qui ne laissera sans doute personne de marbre.

Oppenheimer : le montage classique de Christopher Nolan

Comme avec Dunkerque, Inception ou Tenet, le cinéaste opte pour un montage alterné entre différentes temporalités, différents moments de son histoire. Comme d’habitude, le réalisateur confronte, oppose, met en collisions différentes timelines qui permettent de créer une histoire complète à la fin de son récit. En fait, que les choses soient bien claires, Oppenheimer est un film de Christopher Nolan à 100%. Le fait qu’il choisisse de mettre en scène un biopic ne change rien à sa mise en scène dynamique, son montage presque épileptique, comme si on se retrouvait devant une immense bande-annonce de 3h. Le rythme va à 100 à l’heure, et le réalisateur n’épargne pas son public via des ramifications permanentes au sein de son intrigue.

Les scènes sont très courtes, s’enchaînent à une vitesse folle, comme des petites scénettes capter à la voler. Certains personnages n’ont que de très courtes apparitions, comme Rami Malek ou Gary Oldman qui ne sont convoqués que pour quelques scènes seulement. Et forcément, voir des énormes stars comme figurants ça a toujours quelque chose de passionnant, frustrant pour les uns, séduisants pour les autres. Difficile de résumer la vie du père du projet Manhattan en si peu de temps. Mais Christopher Nolan use d’une mise en scène sinueuse qui permet aux spectateurs de s’accrocher aux 3 heures de métrage.

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En tout cas, comme toujours avec Christopher Nolan, Oppenheimer est une œuvre plastiquement superbe. Tourné en pellicule, le film passe par plusieurs états, du film policier froid, au western eblouissant, en s’arrêtant évidemment dans un superbe noir et blanc. Le réalisateur parvient également à parfaitement gérer ses silences. Emmené par la musique de Ludwig Goransson (qui se la joue clairement Hans Zimmer), superbe mais incessante, le film n’a pratiquement jamais de pause, de calme et de silence. Une approche volontaire du cinéaste qui contre balance avec de rares instants d’un calme hallucinant, qui sont paradoxalement les véritables déflagrations du long-métrage.

Certains diront que Oppenheimer est pompeux, inutilement verbeux, balourd, et surtout égocentrique tant Christopher Nolan se regarde parfois filmer. Il en fait des caisses, et il ne se le cache plus. De quoi donner de l’eau au moulin de ses détracteurs mais de séduire ses fervents défenseurs.

Une approche déconcertante

Ainsi, Oppenheimer se découpe en trois segments principaux. Il y a d’abord la jeunesse du scientifique, comment il se fait connaître, jusqu’à son recrutement pour le projet Manhattan et ainsi la création de la bombe atomique. Il y a aussi tout une partie qui se déroule à posteriori durant laquelle J. Robert Oppenheimer doit affronter un tribunal privé du gouvernement qui veut le faire chuter à cause de ses connexions avec le Parti Communiste. Enfin, il y a une troisième partie, tournée en noir et blanc, qui se concentre sur Lewis Stauss, campé par Robert Downey Jr.

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Il est clair que c’est évidemment tout le segment sur le projet Manhattan le plus passionnant. Et malheureusement, on regrette que Nolan apporte trop d’importance, accorde trop de temps, à toute la partie sur les relations entre Oppenheimer et le Parti Communiste. Une section trop longue, trop bavarde, trop peu intéressante, qui n’aboutie fondamentalement sur rien de concret et de réellement percutant. On aurait alors préféré que le cinéaste se concentre sur les doutes moreaux de son héros, qui a tout de même créé une arme de destruction massive. Une question éthique finalement à peine effleurée, qui trouve néanmoins sa quintessence dans une séquence intense d’angoisse devant un public qui se désintègre…