Le célèbre comédien Daniel Brühl (Rush, Inglourious Basterds, Good Bye Lenin ou encore le Baron Zemo dans le MCU), également cette semaine à l’affiche de The King’s Man : Première Mission, signe avec Next Door sa première réalisation. L’acteur décide en effet de passer derrière la caméra pour la première fois avec cette comédie allemande où il incarne le personnage principal, dans un huit clos passionnant face à Peter Kurth.
Next Door : un huit clos très efficace
C’est assez connu, rien de mieux qu’un huit clos pour débuter derrière la caméra. Daniel Brühl a bien appris ses leçons et se lance donc dans la réalisation de Next Door, une comédie noire pince sans rire et cynique, qui s’inspire de la propre vie de l’acteur. Daniel Brühl signe une autobiographie caricaturale intéressante qui reprend certains éléments de sa propre vie. Son personnage s’appelle Daniel, il est comédien, se prépare pour un rôle de super-héros (référence à son rôle du Baron Zemo dans le MCU) et vit entre Barcelone, Berlin et les Etats-Unis (comme dans sa vraie vie). Par ce prisme le comédien/cinéaste s’amuse à jouer avec le flou entre la réalité et la fiction. Daniel Brühl laisse ainsi ses spectateurs dans cette incertitude passionnante et intelligemment mise en scène.
Même si sa réalisation demeure assez classique, Next Door est un huit clos passionnant, et plutôt bien mené. Bruno, le personnage incarné par Peter Kurth, est lui aussi un protagoniste imposant et brillamment écrit. Les deux figures proposent ainsi une joute verbale impressionnante et une opposition qui permet d’aborder de nombreuses thématiques sociétales avec pertinence et clairvoyance.
Des thématiques passionnantes
Bruno est une représentation du peuple, des petites gens, du commun des mortels. Ce dernier vient ainsi s’opposer à Daniel, représentation de la richesse, de la puissance et de tout le système hollywoodien. Il vient se dresser contre les stars, contre la notoriété, prêt à tout pour faire plier un géant. Daniel Brühl met en lumière, par ce biais, et cette représentation, la relation entre la star et l’homme lambda. Le metteur en scène aborde ainsi beaucoup de questionnements. Il se demande où se trouve la place de chacun, il aborde le désir d’une vie impossible pour certains. Il traite aussi du statut de l’acteur, de l’image qu’il doit renvoyer, de la pression face aux gens, au regard des autres, parfois très insistants. Quelles sont les obligations d’un acteur envers les spectateurs ? Quelle est sa place dans la société ?
Bruno est également une matérialisation de la conscience de Daniel. Il représente ses peurs, ses doutes, son stress, ses hantises, ses blessures et ses erreurs. Par ce dialogue qui réserve des surprises de taille, Daniel Brühl met en scène la rencontre de son personnage, pastiche de lui-même, avec sa propre conscience. Une rencontre avec lui-même, dans un bar, dans son propre esprit. Next Door est aussi une manière pour Daniel Brühl d’expier toute sa pression de comédien, ses craintes par rapport aux autres, par rapport à la nature de son travail, et les exigences qui vont avec. Il critique toute une hiérarchisation de la société qui est mise en branle par le mystérieux Bruno. Daniel Brühl n’hésite pas à critiquer aussi discrètement le système hollywoodien et son fonctionnement vis à vis des acteurs. Tout en proposant une fin qui s’inspire lointainement de films comme Chez moi ou Le Locataire. Bref, pour son premier essai, Daniel Brühl s’en sort à merveille. Next Door est un huis clos intelligent qui confronte un comédien à son voisin intrusif dans une approche presque autobiographique.