Disney continue l’adaptation de ses films d’animation en live-action. Cette fois-ci, le studio aux grandes oreilles s’attaque à un prequel de Le Roi Lion avec Mufasa : Le Roi Lion. Pour l’occasion, Mickey se tourne vers l’immense Barry Jenkins pour mettre en scène ce nouvel opus. Alors, verdict ?
Mufasa : le choix de Barry Jenkins
Ce n’est pas la première fois que Disney se tourne vers un metteur en scène réputé et adulé pour réaliser ses adaptations en live action. Tim Burton (Alice aux pays des Merveilles – Dumbo), Guy Ritchie (Aladin) ou encore Rob Marshall (La Petite Sirène) se sont prêtés à l’exercice. Cette fois-ci, c’est l’immense Barry Jenkins qui a été engagé. Barry Jenkins c’est un réalisateur américain de 45 ans qui a notamment été oscarisé pour son excellent Moonlight (2016). Il a une carrière assez récente puisque Mufasa est son quatrième long-métrage après Medicine for Melancholy (2008), Moonlight et Si Beale Street pouvait parler (2018).
Malheureusement, comme souvent avec Disney, le talent, le ton, l’âme de Barry Jenkins ont été noyés dans la grosse machine hollywoodienne. Si ce n’est quelques idées de mise en scène intéressantes, notamment dans l’utilisation des gros plans et de la caméra embarquée face aux personnages, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Attention, le film est esthétiquement très réussi, toujours visuellement magnifique, mais ne propose pas grand-chose en termes de créativité de mise en scène. Ce qui manque de stimulation pour un public un poil exigeant.
Un film très classique
En fait Mufasa n’est pas à proprement parlé une œuvre décevante, ou irritante, voir fondamentalement ratée. C’est juste que c’est extrêmement classique. On s’ennuie gentiment devant un premier acte très enfantin, qui peine à décoller. Gentiment soporifique, cette première partie nous rappelle aussi que des animaux qui parlent en live-action en 2024, c’est malgré tout un peu obsolète. Et notre esprit ne peut s’empêcher de repenser à Le Clan des Rois, ce film britannique qui avait néanmoins l’audace d’utiliser de véritables images de vrais lions, avant de modifier leur gueule/bouche en post-production. Et franchement, même si ça a certainement pris un coup e vieux, c’était un parti pris très courageux.
Après une trop longue introduction , davantage destinée aux enfants, on entre enfin dans le vif du sujet. Malgré un scénario cousu de fil blanc qui va nous raconter comment Mufasa et Scar vont devenir les meilleurs ennemis, sans jamais entrer dans les détails ou dans une profondeur émotionnelle quelconque (un récit qui était d’ailleurs largement mieux présenté dans le récent Transformers One qui revenait lui aussi sur la genèse de Optimus et Megatron), l’action proposée par Barry Jenkins nous permet, parfois, de sortir de notre torpeur. Mufasa propose quelques envolées visuelles assez agréables, comme la superbe séquence avec les éléphants. Mais on se retrouve dans le perpétuel récit d’appartenance, d’affranchissement des codes, de recherche de soi, à travers un road movie assez agréable, mais balisé. Dommage, également, que l’antagoniste, on ne peut plus classique, soit incapable de faire un minimum d’ombre au Scar originel.
Un Scar qui n’est d’ailleurs ici que l’ombre de lui-même, tant son traitement de victime timorée ne lui sied guère. On regrettera également la présence de Timon et Pumbaa qui n’apporte absolument rien à l’intrigue. Leur présence est forcée, jamais légitime, et n’est ici que pour apporter un fan service lourdingue jamais justifié… Franchement, on vous laissera juger par vous-même, mais on cherche encore l’intérêt de ce long caméo… Enfin, on appréciera cependant les traitements de Zazu et surtout de Rafiki, qui prend une place centrale dans le récit, et apporte une touche de calme, de sagesse et de philosophie bienvenue.
En fin de compte, Mufasa n’est clairement pas une œuvre désagréable, mais c’est une proposition formatée, balisée, qui ne prend jamais de risque. Une œuvre jamais nécessaire, qui n’apporte finalement pas grand chose à la mythologie globale de Le Roi Lion, qui se suffisait largement à elle seule…