Depuis déjà quelques années, le mouvement MeToo a permis de libérer la parole des femmes sur les abus sexuels qu’elles ont subi et qui arrivent bien trop fréquemment. L’impact de ce mouvement a été considérable, et de plus en plus d’œuvres filmiques lui font honneur. En ce mois de journée internationale des droits de la femme, Moxie, adaptation du livre éponyme du même nom et réalisation d’Amy Poehler, n’y échappe pas, et tente de parler féminisme et patriarcat prépondérant dans le milieu scolaire.
Un teen-movie sur le féminisme…
Vivian, lycéenne à Rockport, introvertie de 16 ans habite de le Texan aux États-Unis. Elle mène une vie tranquille, vivant avec sa mère et toujours accompagnée de sa meilleure amie d’enfance Claudia. Cependant, l’arrivée de Lucy, une nouvelle camarade de classe, va tout changer.
L’adolescente a une véritable prise de conscience et décide de se rebeller contre le sexisme ambiant qui plane au sein de son lycée. Le décor est vite planté. Au bout de cinq minutes de visionnage, on apprend que chaque année, un classement est établi par les garçons de l’établissement pour catégoriser les filles en fonction de critères physiques dégradants. C’est alors le début d’une révolution féministe.
Cela va être l’élément déclencheur pour Vivian. Chez elle, elle trouve des journaux faisant honneur aux femmes. Elle apprends par la même occasion que sa mère a eu un passé de féministe accomplie. C’est après cette découverte qu’elle va se lancer anonymement dans la création d’une revue féministe s’intitulant « Moxie » (« courage » en anglais).
Elle y dénonce tout acte sexiste se déroulant dans son lycée, et donne à chaque fois aux lecteurs des indications à suivre pour montrer son approbation. « Moxie » rencontre un succès grandissant dans l’établissement. Il constitue le début de la révolte pour elle et son groupe d’amies, qui forme une véritable sororité. Elles sont bien décidées à faire évoluer les mentalités.
…qui manque cruellement de profondeur…
Parler du féminisme, et de tous ses enjeux actuels est un beau paris. Mais même si l’intention est bonne, et que ce film aborde d’autres thématiques brulantes tels que les inégalités ou le harcèlement, on peut tout de même dire qu’il manque d’ambition. Les thèmes sont abordés en surface, et la narration ne permet pas d’en saisir pleinement les enjeux. On survole l’ensemble pour montrer qu’on aborde le sujet et qu’il est important de le dépeindre dans l’histoire, mais cela ne va pas plus loin. Tout semble beaucoup trop superficiel et abstrait.
Le scénario n’est pas renversant, certaines scènes desservent complètement l’histoire en manquant de légèreté. Les tentatives d’humour sont nombreuses, mais malheureusement n’aboutissent pas. Même si l’ironie mise en place se veut dénonciatrice, notamment avec la représentation d’un corps enseignant attentiste et passif, cela ne fonctionne pas à l’écran. La simplicité prime, et cela est bien dommage puisqu’il est ainsi impossible de complètement accrocher avec l’histoire. La construction narrative ternie le féminisme : elle ne pousse pas à se questionner ce problème sociétal anormal.
… Menés par des personnages peu convaincants
Les personnages n’ont quant à eux pas énormément de matière. Ils donnent d’avantage l’impression d’être présents pour assurer diversité et mixité. En effet, le cast est composé de personnes noires, latino, handicapée ou encore transgenre. Bien que cette représentativité soit positive, on n’apprend tout de même pas à connaître les adolescentes.
Elles sont toutes concernées par le féminisme, mais il est compliqué de se sentir connecté à elle par leurs personnalités qui sont trop peu développées. Et lorsque Emma, la cheerleader par excellence, réalise une annonce significative et révoltante, c’est à la toute fin du film. Avec un discours de trois phrases, elle fait le tour du sujet, et c’est tout. Le thème mis en lumière aurait mérité d’être abordé bien avant et davantage exploré.
L’héroïne du film, Vivian, jouée par Hadley Robison (actrice que l’on a pu voir dans le film Les filles du Dr March) semble souvent perdue, et son manque de transparence envers la cause qu’elle défend limite l’impact qu’elle souhaite avoir. Elle semble être en conflit avec elle-même, et d’avoir le besoin d’être reconnue.
Une héroïne avec un caractère plus marqué aurait été préférable. Cela aurait été également plus cohérent : elle est tout de même l’initiatrice d’un mouvement féministe. On peut tout de même souligner l’intention de montrer que les privilèges entre personnes blanches et personnes non blanches ne sont pas les mêmes.
Moxie saura vous distraire le temps d’une soirée. Mais ce film n’ira pas jusqu’à vous faire réfléchir longuement sur les sujets sociétaux qu’il aborde. Le scénario manque sûrement de complexité et de consistance. À vous d’en juger !
