Après les deux premiers Venom, le Sony’s Spider-Man Universe continue de s’étendre ce mercredi 30 mars 2022 avec la sortie de Morbius. Réalisé par Daniel Espinosa (Life – Origine Inconnue, Sécurité rapprochée, Easy Money), Morbius se concentre sur le vampire vivant, un antagoniste de Spider-Man assez célèbre auprès des lecteurs de comics. Pour l’incarner, Sony a choisi Jared Leto, qui quitte donc le Joker et l’univers DC pour rejoindre la concurrence. Malheureusement, comme pour les Venom, Morbius est un blockbuster totalement raté…
Morbius : le phénomène Venom se poursuit
Dès les premières bandes annonces, Morbius n’annonçait rien de bon. Et on ne s’était pas trompé… Morbius est un film de super-héros qui a littéralement 15 ans de retard sur son temps. Tous les clichés du film de super-héros du début des années 2000 sont dans Morbius. Daniel Espinosa rejoue la carte classique de l’origin story, et tout ce qui en découle.
Les spectateurs se retrouvent alors devant un divertissement qui reprend tous les codes de l’origin story clichée : deux meilleurs amis qui vont finir par se diviser et devenir pires ennemis (comme dans X-Men), la mort de la figure paternelle (comme dans la moitié des films de super-héros), le flash-back de l’enfance (on te voit Daredevil), une absence totale d’humour, un love interest arriéré, l’appréhension des pouvoirs, le questionnement éthique de l’utilisation des pouvoirs, etc… Tout y est. Morbius fait un voyage dans le temps pour reprendre des schémas scénaristiques super-héroïque façon Elektra, X-Men Origins Wolverine ou Les 4 Fantastiques qu’on pensait oublié et derrière nous.
Forcément, à cause de ce squelette narratif éculé, tout est téléphoné dans Morbius. Le récit est ultra attendu et du coup sans grand intérêt. En fait, Morbius est un film qui sous-estime ses spectateurs. Aujourd’hui, le genre super-héroïque est extrêmement répandu. Les codes du genre sont connus de l’audience, qui est de plus en plus exigeante et expérimentée.
La formule de l’origin story classique ne fonctionne donc plus dans l’univers des super-héros en 2022. D’où cette idée que le long-métrage a 15 ans de retard sur son temps. Marvel Studios a compris que ce genre de métrage ne marchent pas, c’est pour ça que Shang-Chi et Les Éternels ne sont pas des origins story classiques, mais des œuvres qui réinventent ce concept. Morbius préfère aller à fond vers une formule terriblement obsolète.
La magie de Venom opère encore
Morbius ressemble beaucoup aux deux premiers Venom (surtout au deuxième). Là encore, le long-métrage est porté par des CGI hideux et des séquences d’action dégueulasses. Filmé d’une manière à peu près semblable, les séquences d’action totalement tournées en image de synthèse sont un record de laideur. Le climax final de Morbius est identique à celui de Venom : Let There be Carnage, jusque dans la manière de tourner l’affrontement ultime. C’est d’une pauvreté visuelle sans nom, et d’une mollesse rare dans l’univers des super-héros. Daniel Espinosa tente de dynamiser sa mise en scène avec quelques ralentis, encore une fois très moches, placés au hasard dans les séquences d’action. Des effets gratuits donc, qui n’apportent absolument rien de concret et de réfléchi dans la manière de penser et de fabriquer l’action. C’est simple, on a l’impression de retrouver les séquences d’action de Ghost Rider (on exagère à peine)…
Si Jared Leto s’en sort pas trop mal dans la peau de Morbius, Matt Smith se vautre totalement dans la peau d’un méchant lisse, vide, cliché au possible et sans aucune consistance. Alors qu’il cabotine comme il peut, c’est la faiblesse d’écriture de son personnage qui lui porte malheur. Le voilà embarqué dans un stéréotype ambulant, simple miroir du héros, sans autre but que de tyranniser les plus faibles avec ses pouvoirs nouvelle acquis.
Et puis, les bandes annonces de Morbius nous avaient promis des connexions avec le reste du Marvel Cinematic Universe (MCU), notamment via ce plan avec une image de Spider-Man, ou un autre plan sur l’immeuble d’Oscorp. Mais ces séquences ont été supprimées du film, sans explication. Il s’agissait finalement d’images promotionnelles mensongères puisque Morbius n’est jamais rattaché au MCU, sauf le temps de deux séquences post-générique stupides et grossières.
Ainsi, Sony est en train de s’engouffrer à fond dans un univers connecté laid, absurde, grossier, construit lamentablement. Sony veut aller à fond sur la carte des blockbusters moches, sous forme de séries B stupides. Et le studio a un talent fou pour réduire a néant la personnalité de ses réalisateurs. Après Andy Serkis, c’est au tour de Daniel Espinosa de perdre toute sa substance. Bref, on est engouffré dans un univers qui semble vouloir capitaliser sur un style Morbius / Venom. Dur…