Marinette, biopic ambivalent

Critique du film de Virginie Verrier

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Marinette Pichon est une icône du football féminin français et international. En 2018, elle écrit sa biographie Ne Jamais Rien Lâcher aux côtés de Fabien Lévêque. Marinette nous raconte son histoire, ses combats, nous fait le portrait d’une femme pour qui tout est parti d’un rêve.

Lumière sur le football féminin

On ne parle que très peu de football féminin et on ne peut nier que les joueuses sont dans l’ombre de leurs camarades masculins. Les différences, voire même les inégalités entre les deux genres ne sont pas mises en lumière. La plus grande qualité de Marinette c’est bien de mettre le doigt sur ces choses là. L’immersion aux côtés de Marinette Pichon est très correcte et on ressent bien dans la mise en scène une véritable différence entre ses parcours Français et Américain. Le film libère tout son potentiel en même temps que son personnage dans une véritable explosion qui fait du bien. On assiste véritablement à de grandes scènes de sport avec une mise en scène agréable, une caméra mobile et un montage attentif à son action qui ose user de quelques effets. Le film porte le message de la joueuse de qui il raconte l’histoire et le personnage le montre bien : voilà ce que c’est de jouer au football sans aide de la fédération, nous sommes douées mais notre potentiel ne peut pas se révéler pleinement sans conditions professionnelles. 

Une construction narrative bancale

Si le film explose en même temps que la carrière de Marinette, c’est aussi qu’il souffre d’une narration qui a de vrais problèmes de construction. Le premier segment de Marinette consiste en un enchaînement de petites séquences parfois peu significatives qui sont tellement nombreuses qu’elles étouffent les séquences impactantes. La mise en scène est recherchée et travaillée mais se concentre parfois trop sur son image qui est bonne techniquement et jolie à l’écran mais qui cherche plus la beauté esthétique que le sens ou l’efficacité, quitte à ralentir un film qui raconte une histoire intéressante. On a aussi l’impression que le montage souffre de ce trop plein de séquences très courtes, et on est soulagés quand le film se révèle et finit par atteindre cette explosion. Le film a beau avoir de très bons moments et un message fort, on ne peut nier qu’il a de véritables problèmes de cohérence et de rythme qui lui nuisent dans sa globalité.

La performance exceptionnelle de Garance Marillier

Marinette Pichon est interprétée par Garance Marillier que la plupart d’entre nous ont découvert dans le sanglant Grave de Julia Ducourneau. Ici elle se fond parfaitement dans la peau de la joueuse : une femme à fleur de peau à qui on ne laisse pas le droit à la vulnérabilité mais qui ne cesse de se battre. Le personnage vit énormément de hauts et de bas et elle gère parfaitement ces montagnes russes émotionnelles, ainsi que le passage du temps dans un film qui se passe sur plusieurs années. On la voit vraiment grandir, mûrir et on a l’impression que le temps défile sous nos yeux en partie grâce à sa performance. On peut également souligner l’alchimie extraordinaire entre elle et Emilie Dequenne qui interprète sa mère (dont on saluera également la performance.) A noter que le casting est bon et qu’il fonctionne très bien ensemble, chapeau bas à la petite June Bernard qui joue très bien une Marinette déjà fascinée par le football.

Marinette est un film attachant qui dépeint le portrait d’une des plus grandes sportives française, et en ça il est important. Malheureusement il souffre d’une narration plutôt bancale malgré une vraie envie de mener sa direction artistique aussi loin que ses idées. On s’attache à l’histoire et au portrait de cette femme mais on ne peut s’empêcher d’être confus par un premier segment maladroit.

Marinette, en salles le 7 juin