L’année écoulée, a vu la dernière réalisation de Pedro Almodóvar, Madres paralelas être présentée au festival de Cannes. Le film est sorti en décembre 2021 et est disponible en Blu-ray le 6 avril 2022.
Janis (Pénélope Cruz, Coupe Volpi de la meilleure interprétation au festival de Venise 2021) photographe pour la presse, part à la recherche de son grand-père tué pendant la guerre civile espagnole. Durant son investigation, elle rencontre Arturo (Israel Elejalde), un anthropologue chargé de fouiller les fosses communes. Séduite par cet homme marié, elle tombe enceinte de lui. Sur le point d’accoucher, elle partage sa chambre avec Ana (Milena Smit), une adolescente effrayée à l’idée de devenir mère. Janis essaie de lui remonter le moral malgré ses propres craintes. Leurs échanges vont créer un lien très étroit entre elles, allant jusqu’à vivre des événements qui vont bouleverser leurs existences.
Une simple situation qui débouche sur un constat de la société espagnole.
Comme toujours dans les œuvres de Pedro Almodovar, les femmes ont un rôle central. La rupture de la cellule familiale chère au réalisateur est présente dans cet opus. Il dépeint au travers de la rencontre fortuite des deux héroïnes. Une société espagnole hétéroclite où toutes les strates sociales cohabitent avec en arrière-plan la cicatrice du franquisme qui ne s’est jamais véritablement refermée.
La rencontre entre Janis et Ana sera la source du conflit. Cette dernière œuvre est sans doute l’un des films les plus aboutis de Pedro Almodovar. Évoquant à la fois, la folie du monde contemporain et les difficultés de la transmission mémorielle. Malgré, une certaine prévisibilité dans le récit et des ellipses assez importantes au début. Le film se joue de ses différentes imperfections avec une très grande habilité. Le personnage de photographe incarné par Pénélope Cruz n’est pas choisi au hasard.
Madres Paralelas est un instantané d’une société en pleine mutation où chaque détail peut cacher un secret. Les hommes sont voués à un silence assourdissant, ce qui les transforme en fantômes du passé dont l’ombre issue des charniers du franquisme plane sur tout le film.
La renaissance éternelle d’une actrice fidèle à Almodovar.
Le microcosme d’Almodovar ne serait pas aussi riche s’il ne savait pas s’entourer d’actrices, mises en valeur par son univers diégétique qui donne toute la grâce aux personnages tourmentés par les vies complexes qu’il représente. Après Volver en 2006, qui valu un prix d’interprétation collectif pour toutes les comédiennes du film, Penelope Cruz en tête. Dans Madres paralelas, elle se glisse dans la peau d’une femme indépendante et sûre d’elle, à la recherche de son grand père disparu. Jouant l’un des rôles les plus complexes de sa carrière qui lui valu une nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice 2022.
Elle est entourée d’autres comédiennes hautes en couleur dont certaines sont des habituées de l’univers d’Almodovar. Comme Rossy de Palma qui joue le rôle de sa meilleure amie, Elena.
Il y a également des nouvelles venues, à l’image de Aitana Sanchez-Gijon qui incarne à merveille, la mère D’Ana. Réussissant parfois, à voler la vedette à Penelope Cruz. Ces actrices incarnent la mémoire d’une Espagne que la jeune génération souvent apolitique tente d’oublier.
Le film touchant de franchise, à l’image de l’affiche, retirée parce qu’elle fut jugée choquante est qui évoque un œil représenté par un téton d’où coule une goutte de lait. Madres Paralelas est un hommage à toutes les mères y compris la mère patrie.