Le Menu : un délicieux repas qui mélange Saw et Sans filtre

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Porté par Ralph Fiennes, Anya Taylor-Joy ou encore Nicholas Hoult, Le Menu est le quatrième long-métrage de Mark Mylod après The Big White, Ali G et Sex List. Mais le cinéaste s’est surtout illustré à travers le petit écran puisqu’il a mis en scène des épisodes de Shameless, de Entourage, et Once upon a Time, de The Affair ou encore de Game of Thrones. Cette fois, Mark Mylod décide de s’engouffrer dans un autre type de cinéma : le thriller paranoïaque et horrifique. Critique de Le Menu :

Le Menu : un délicieux repas

Le Menu raconte le destin d’un couple : Margot (Anya Taylor-Joy) et Tyler (Nicholas Hoult), qui se rend sur une île isolée pour dîner dans l’un des restaurants les plus en vogue du moment en compagnie d’autres invités triés sur le volet. Et contre toute attente, <em>Le Menu est un petit jeu de manipulation perverse malin et efficace, bourré d’humour noir. Cette prise d’otage étonnante et artistique du chef (Ralph Fiennes) est d’une intelligence permanente.

the menu photo ralph fiennes anya taylor joy 1434150 Le Menu : un délicieux repas qui mélange Saw et Sans filtre

Par ce jeu pervers qui pourrait s’identifier comme un spin-off de Saw en moins hardcore et régressif, Le Menu propose une critique acerbe d’une société snobe totalement déconnectée de la réalité. Mark Mylod met en place une critique passionnante d’un intellectualisme poussé à l’outrance, absurde et même dangereux pour notre société contemporaine. Quelque part entre Saw et le récent Sans filtre, Le Menu porte un regard corrosif sur la perversité de notre société moderne.

Un questionnement sur l’art lui-même

Presque d’une manière méta, le cinéaste se sert de l’art pour dénoncer une performance artistique moderne qui tourne au cauchemar. Le Menu est une réflexion sur le dérèglement de l’art pour le profit, pour la satisfaction d’un ego personnel. En fait, le cinéaste aborde cette thématique par deux bous. Il critique à la fois la paresse d’une dimension artistique flemmarde, qui ne se renouvelle pas et se contente de proposer le strict minimum, notamment par le biais du personnage de John Leguizamo qui incarne une star de cinéma sur le déclin. Mais aussi via l’expérience artistique, la performance moderne qui sort de ses gongs, et devient carrément un danger de mort pour ses spectateurs. Comme si l’art devrait se trouver quelque part au milieu, sans être paresseux, ni complaisant dans sa manière de discuter avec son public.

the menu photo anya taylor joy 1444081 Le Menu : un délicieux repas qui mélange Saw et Sans filtre

Le Menu, surtout par le biais du personnage de critique gastronomique incarnée par Janet Mc Teer, est un examen d’une sphère sociétale riche et huppée qui se sert de la culture et de l’art comme pied d’estale, comme un tremplin pour mépriser les petites gens, comme différenciateur ethnique et de richesse. Le personnage d’Anya Taylor-Joy est la raison, la réflexion, entourée de participants qui ont perdu leur identité et leur raison de vivre il y a bien longtemps. C’est le commun des mortels au milieu d’adorateurs de l’art sectaires, avides, gourmands, aliénés et égocentriques.

Une mise en scène intelligente

Le Menu doit beaucoup aux présences d’Anya Taylor-Joy et de Ralph Fiennes qui portent à eux deux le long-métrage. Un jeu sadique et malin se met en place entre eux. Et on aurait aimé que le dénouement de leur affrontement dure plus longtemps. Le film aurait gagné en impact si cette confrontation entre ces deux personnages, entre ces deux camps, soit étirée pour laisser parler encore davantage la manipulation et la vivacité d’esprit de ses héros.

13cb2ee54f Le Menu : un délicieux repas qui mélange Saw et Sans filtre

Même si Le Menu est parfois un tout petit peu long, c’est une œuvre intelligente. Découpé sous forme de chapitres qui portent le nom de différents plats, le film propose une intrigue sous pression dans un huit clos malin. On aurait aimé que certains personnages soient davantage mis en valeur, mais en tout cas, Le Menu est une analyse satirique d’une société perverse qui ne sait plus hiérarchiser ce qui est important et ce qui est fugace…

Quelque part entre Saw et le récent Sans Filtre, Le Menu est un malin petit jeu pervers et manipulateur qui vient pointer du doigt l’egotrip et la suffisance d’une caste sociale riche et snobe. Bourrée d’humour noir, c’est une expérience culinaire passionnante