L’année 2001 marqua un tournant pour la géopolitique mondiale. Elle est également l’année de sortie d’un des films les plus emblématiques du cinéma français. Le fabuleux destin d’Amélie Poulain de Jean Pierre Jeunet, sortie le 25 avril 2001. Cette année 2021 tout aussi particulière marque les 20 ans de la sortie du film.
Amélie Poulain (Audrey Tautou) est une jeune fille timide qui a vécu toute son enfance dans son imagination. Une fois adulte, elle travaille comme serveuse au café des 2 moulins. Par une soirée d’été, Amélie découvre par hasard, dissimulée dans le mur, la boîte au trésor d’un enfant. Après une minutieuse enquête, elle parvient à identifier son propriétaire. Trop timide pour le rencontrer frontalement, elle met au point un stratagème pour lui restituer sa boîte. Galvanisée par ce succès, Amélie décide de consacrer sa vie à faire le bonheur des autres…
Un plébiscite pour la culture française.
Le film est à la fois un hymne à l’amour mais aussi à la France. Tourné dans le quartier de Montmartre, haut lieu de la culture parisienne dans l’entre-deux guerres. Les décors du tournage sont maintenant des endroits très prisés des touristes qui viennent des quatre coins du globe pour les voir en vrai.
Si vous vous promenez dans le quartier vous croiserez surement des personnes qui cherchent un des décors emblématiques du film. Comme Le café des 2 moulins situé au 15 rue Lepic où seul le café subsiste, le kiosque à tabac tenu par l’iconoclaste Georgette (Isabelle Nanty) a malheureusement disparu en 2002 suite à un changement de propriétaire. L’épicerie de monsieur Collignon situé au 56 rue des Trois-Frères qui est en réalité tenue par monsieur Ali.
On trouve également le cinéma Studio 28 situé au 10 rue de Tolozé dont Jean Cocteau disait que c’était « la salle des chefs-d’œuvre et le chef-d’œuvre des salles. » N’oublions pas de citer la rue Saint-Vincent évoqué au début du film qui cache en réalité un hommage au film de Julien Duvivier, La Bandera (1935). Enfin, vous pourrez admirer la devanture du magasin de farces et attrapes où Amélie loue son costume de Zorro qui est au 11 boulevard Saint-Martin dans le 3èmearrondissement.
Un univers visuel fantasmé.
Le fabuleux destin d’Amélie Poulain est avant tout une œuvre fantasmée construite comme un conte. La voix off d’André Dussolier vient renforcer cet effet irréel en mêlant temporalité, hasards et rencontres.
À ce titre, le film véhicule l’image d’un Montmartre rêvé par Amélie, l’univers qui l’entoure est à son image, idyllique ou des souffleurs l’aident à trouver les meilleures réparties. Cette vision d’un Paris édulcoré souvent reproché au film n’est rien d’autre que le résultat d’un processus très simple au cinéma. Celui du point de vue. On voit le film et tous ce qui l’entoure avec les yeux d’Amélie. Le point de vue est un fondement du cinéma au même titre que la photographie. Il est présent non seulement pour le film, pour une scène mais aussi pour un plan. Il ne faut pas regarder le film avec un regard pragmatique, sinon, on passe à côté de la magie qu’il dégage.
Magnifié par une photographie signée Bruno Delbonnel qui travaille régulièrement avec Tim Burton. Elle donne à l’histoire un aspect de conte de fée perdu dans un Paris idéalisé. Ce sont des choix de mise en scène très minutieux qui rendent le film unique et intemporel.
Le fabuleux destin d’Amélie Poulain est le parfait exemple du pouvoir du septième art. Avec un film, des commerces en apparence communs comme une épicerie ou un café deviennent des hauts lieux du tourisme parisien.