L’Etoile Cosmos est un petit cinéma d’art et d’essai situé à Chelles, en Seine-et-Marne. Depuis le mois de mars, l’établissement met en place des séances accessibles aux sourds et aux malentendants.
Militant pour l’accès au cinéma pour tous, Dorothy Malherbe est aussi directrice de l’Etoile Cosmos depuis fin 2013. « C’était une volonté depuis longtemps, car cela me tient à cœur que tout le monde puisse avoir accès à la culture quels que soient son handicap ou la langue qu’il parle. », soutient-elle. Le petit cinéma, composé de deux salles, souhaite en effet pouvoir toucher le plus grand nombre d’usagers. D’autant plus qu’à Chelles, beaucoup de spectateurs sont des personnes âgées atteintes de problèmes auditifs.
Un procédé rare
Si l’initiative fait parler, c’est parce que l’accès aux salles de cinéma aux personnes sourdes et malentendantes est plutôt rare. La mutation numérique du cinéma crée heureusement de nouvelles opportunités pour les personnes touchées par le handicap sensoriel. Pour adapter l’oeuvre cinématographique, on va compenser le sens déficient par un autre sens. Pour les sourds et les malentendants, la vue est mobilisée pour compenser l’ouïe. Dans le cas du cinéma Etoile Cosmos, cela est mis en place grâce à une manière de sous-titrer spéciale, nommée Ocap, qui consiste à retranscrire par écrit les paroles prononcées dans le film mais aussi à donner des descriptions de l’environnement sonore (bruits, ambiance sonore).
Chaque semaine, l’Etoile Cosmos diffuse un film en format Ocap. Pour le moment, il n’est pas possible d’en programmer davantage, car le procédé n’est pas encore vraiment utilisé dans le monde du cinéma.
Des solutions variées
Il y a également de nombreuses façons de rendre accessible le 7ème art aux personnes souffrant de problèmes auditifs. Dans le cas de la version Ocap, les sous-titres s’affichent directement sur l’écran de projection. Il existe aussi un procédé nommé CCAP (Closed Caption), pour lequel les sous-titres s’affichent sur des périphériques délivrés aux personnes malentendantes à l’entrée de la salle (écran personnel, lunettes à cristaux liquides, smartphone…). D’autres solutions peuvent également être mises en place, pour les malentendants seulement, comme l’amplification du son, par boucle magnétique ou d’induction, qui permet aux personnes portant des prothèses auditives de capter le son du film de façon amplifiée directement dans leur appareil auditif. Pour cela, deux solutions : soit la salle de cinéma doit être équipée avec un fil électrique intégré, soit l’établissement doit disposer de boucles « tour du cou » individuelles. Il existe aussi la transmission via un casque audio prêté en début de séance. L’usager peut alors choisir entre la version audiodécrite du film ou sa version amplifiée.
Au cinéma de Chelles, l’initiative plaît et possède déjà son public. La directrice, heureuse de ce succès, aimerait développer son projet aux personnes malvoyantes. Dans cet objectif, une des salles du Cosmos sera équipée du système audiodescription. Le dispositif devrait être installé dès 2019.