Après une carrière davantage portée sur la comédie, avec des films comme Scott Pilgrim, la trilogie Cornetto et plus récemment Baby Driver, Edgar Wright décide de se lancer dans un nouveau genre : l’horreur. C’est par ce prisme inédit que le cinéaste britannique met en scène Last Night in Soho. A travers cette aventure sombre et inquiétante, le réalisateur propose le récit d’une jeune femme de la campagne qui déménage à Londres. Celle-ci, passionné de mode, va alors rencontrer son idole qui vivait dans les années 1960 : chaque nuit elle semble remonter le temps. Pour porter son premier film d’horreur, Edgar Wright a choisi les jeunes Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy. Le reste de la distribution se compose notamment de Matt Smith et Terence Stamp.
Last Night in Soho : Edgar Wright à l’attaque du cinéma d’horreur
Last Night in Soho est incontestablement le film le plus sombre de son auteur. Jamais Edgar Wright n’était allé sur une pente aussi dark au cours de sa carrière. Le cinéaste de 47 ans décide donc de livrer à ses fans son tout premier film d’horreur. Sans être parfait, Last Night in Soho est un crescendo plutôt bien géré, qui offre ainsi une montée perpétuelle dans l’effroi.
Edgar Wright, même s’il maîtrise un peu moins bien l’horreur par rapport à la comédie, offre une fois de plus une mise en scène léchée et créative, dont il a le secret. Evidemment, il s’éloigne un peu de son approche clipée habituelle, ponctuée d’un montage vif et sur-cuté façon trilogie Cornetto. Ici, Edgar Wright est plus calme, plus mystérieux, plus lancinant. Sa vision artistique trouve sa quintessence dans les superbes jeux de miroir entre Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy. Comme d’habitude, Edgar Wright impose une mise en scène réfléchie, en témoigne la séquence d’ouverture, totalement hors du temps. Une scène dans laquelle le spectateur est incapable de situer l’époque, pensant être dans le passé, avant que le cinéaste ne révèle que cette introduction se déroule dans le présent de la campagne anglaise. Un joli tour de passe-passe propre à la méthode Wright, qui déroute d’entrée de jeu l’assistance.
Le cinéaste maîtrise moins bien le sujet
Pour autant, Edgar Wright est plus efficace dans ce qu’il sait faire habituellement. Last Night in Soho est globalement moins créatif, et surtout moins impactant que ses précédentes œuvres. En effet, le cinéaste utilise des clichés parfois assez grossiers pour exprimer ses ressorts horrifiques. Moins habile dans l’expression de l’épouvante, le metteur en scène opte pour une matérialisation attendue des démons. Les spectres, grossièrement traités, reviennent régulièrement et trop souvent pour inspirer une véritable peur. De même, le final tourne parfois un peu en dérision, tant Edgar Wright ajoute des éléments sur des éléments, et une succession de twists globalement téléphonés. Effectivement, le grand final de Last Night in Soho est malheureusement très prévisible.
Heureusement, Edgar Wright peut compter sur la présence d’un casting impressionnant. Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy crèvent tout simplement l’écran, et prouvent que ce sont deux très grandes actrices en devenir. Ainsi, Last Night In Soho est le film le plus dark de son auteur. Edgar Wright signe un thriller horrifique sous tension, qui doit beaucoup à ses deux interprètes principales. Et même s’il tombe parfois dans la caricature, il propose un tour visuel à la hauteur de son talent.