La place des femmes dans le cinéma stagne toujours

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Les inégalités hommes-femmes sont présentes dans bien des domaines et le 7ème art n’échappe pas à cette réalité. Après l’étude réalisée par le CNC en 2017, le sujet est une fois de plus soulevé par la Fondation Annenberg-USC Think Tank, qui conduit une étude sur le sujet depuis dix ans.

Publiée en juillet, l’investigation annuelle de la Fondation Annenberg-USC Think Tank peine à montrer des améliorations concernant la parité dans l’industrie cinématographique. Portant sur les 100 films les plus populaires de l’année aux Etats-Unis, elle montre bien que les productions américaines laissent peu de place aux femmes. En moyenne, seulement 31,8% des personnages prenant la parole dans ces films étaient des femmes en 2017, contre 29,9% en 2007. Une évolution qui laisse à désirer, d’autant plus que sur ces 1100 films analysés en 10 ans, seulement 43 impliquaient des réalisatrices.

inégalités cinéma femmes
Pourcentage des femmes prenant la parole dans 1100 films populaires américains entre 2007 et 2017.

L’étude souligne également la sexualisation des rôles féminins par rapport à leurs collègues masculins : en 2017, 28,4 % des personnages féminins portaient des vêtements sexy, alors que cette proportion n’était que de 7,5 % chez les hommes.

Et nous ne sommes pas vraiment mieux loties de notre côté de l’Atlantique. En 2017, le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée) avait également pointé du doigt le sujet, en dévoilant les résultats d’une étude sur « la place des femmes dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle » française, entre 2006 et 2015. L’étude prouvait la persistance des inégalités dans ce milieu. En effet, sur les 300 films étudiés par le CNC en 2015, 63 étaient réalisés par des femmes (contre 232 par des hommes et 5 productions mixtes). Cependant, on constate tout de même une évolution en faveur de la parité, notamment du côté des scénaristes et des techniciennes, qui entre 2006 et 2014 ont augmenté leurs effectifs de 20%. Un changement bien plus important qu’aux Etats-Unis, où les femmes ont beaucoup de mal à se faire une place.

Et puis en France, les professionnels du cinéma essaient de faire bouger les choses. Dans une tribune de Le Monde publiée en février dernier, un collectif de professionnels du septième art ont plaidé pour la création de quotas dans le financement du cinéma. Parmi eux, Juliette Binoche, Agnès Jaoui, Charles Berling et Alexandra Lamy, qui militent pour la parité.

En dehors de l’Hexagone, quelques pays, comme la Suède et l’Irlande, ont choisi d’adopter le système de quotas, se fixant comme objectif que d’ici trois ans 50 % des subventions aillent à des projets portés par des femmes. Les résultats sont déjà là, puisque la proportion de réalisatrices est passée de 16 % en 2012 à 38 % en 2016.

On sait que beaucoup de chemin reste encore à faire, mais les mentalités se réveillent de plus en plus sur le sujet, qu’il s’agisse de cinéma ou de toute autre forme d’art, et on ne peut que féliciter les avancées puisque le talent, lui, n’a pas de genre.