Après les trois premiers Jurassic Park, et les deux opus de la saga Jurassic World, débutée en 2015, Universal vient de sortir le tout dernier opus de la franchise : Jurassic World : Le Monde d’après. Réalisé par Colin Trevorrow, qui avait déjà dirigé le premier volet de la trilogie Jurassic World, ce nouvel opus a pour but de conclure à la fois la trilogie Jurassic World, mais également toute la saga Jurassique. C’est dans cette logique que la firme ramène à la fois le casting de la première trilogie : Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum, mais également le casting de la seconde trilogie avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard et Omar Sy. Un beau petit monde pour un film malheureusement terriblement décevant.
Jurassic World 3 : le pire film de la licence
Pour recontextualiser un peu, en 2015, Jurassic World voit le jour dans les salles obscures. 14 ans après la sortie de Jurassic Park III, Universal veut ramener les dinosaures sur le devant de la scène. Après les deux premiers films de Steven Spielberg, et un troisième opus réalisé par Joe Johnston, c’est donc Colin Trevorrow qui met en scène le premier Jurassic World. Malgré des critiques divisées, Jurassic World est un carton et rapporte plus de 1,6 milliard de dollars de recettes au box-office. Forcément, en 2018, Juan Antonio Bayona est chargé de mettre en scène Jurassic World : Fallen Kingdom (le meilleur opus de cette nouvelle trilogie). Et ce mercredi 8 juin, Colin Trevorrow vient apporter la grande conclusion à tout ça.
Et malheureusement, Jurassic World : Le Monde d’après est le pire épisode de toute la licence. Et de loin. Il y a avait une certaine forme d’attente autour de ce nouvel opus, notamment dans son idée de mettre en scène les dinosaures dans un milieu urbain. Mais aussi face au retour des anciens personnages de la saga Jurassic Park. Mais aucune promesse n’est tenue, et Jurassic World 3 est une énorme bouse. Et on va vous expliquer pourquoi :
Aucune promesse ne tient la route
C’est le pire épisode pour de nombreuses raisons. La première, c’est dans la réintroduction des anciens personnages. Même si c’est un plaisir monstre de revoir Sam Neill, Laura Dern et Jeff Goldblum, ils ne sont que des fantômes d’eux-mêmes. Colin Trevorrow ne parvient jamais à leur insuffler quelconque enjeux, quelconque intérêt scénaristique autre que de montrer leurs visages.
Déjà, Colin Trevorrow les réintroduit avec énormément de paresse. À la manière de Tobey Maguire dans Spider-Man : No Way Home, c’est un retour d’une paresse abyssale à travers lequel le cinéaste les ramène sans aucun tact, sans frisson, ni originalité. Ensuite, encore une fois, ils ne servent pas à grand chose. Et si ce n’est de faire de Alan Grant une parodie un peu marrante d’Indiana Jones, il n’y a aucun intérêt.
Ensuite, l’autre énorme défaut du film, c’est sa promesse manquée de mettre en scène les dinosaures dans le monde des humains. La fin de Fallen Kingdom, les bandes annonces et le court-métrage Jurassic World sorti il y a quelques années promettaient que l’intrigue prendrait place dans un décor urbain. Un peu à la manière de Predator 2.
Pour autant, jamais Colin Trevorrow n’exploite cette idée pourtant excitante. À part le temps d’une courte séquence à Malte, jamais les dinosaures n’évoluent dans le monde des humains. Et c’est un gâchis total de potentiellement emmener la saga Jurassic vers d’autres horizons. Non, Trevorrow préfère faire machine arrière pour mettre l’essentiel de son intrigue dans une forêt surveillée par des scientifiques et des militaires. Où comment prendre son spectateur pour un con et faire un parc sans parc.
Et c’est franchement dommage, parce que avec un tel concept la saga aurait pu prendre un autre tournant, et raconter comment le genre humain doit s’adapter pour vivre en cohabitation avec les sauriens. Le film exploite à peine cette idée le temps d’une courte séquence dans des champs de maïs confrontés à des insectes géants. Seuls quelques plans d’illustration, comme la séquence d’ouvertures ou les plans finaux du film, rappellent aux spectateurs que le film passe cruellement et indubitablement à côté de son vrai sujet : les dinosaures dans le monde des humains.
Personnages bancales
Et finalement, il n’y a pas que le trio d’anciens qui ne fonctionne pas à l’écran. Jurassic World 3 est un film illogique, où les personnages prennent des décisions stupides, et son utilisés comme des objets scénaristiques sans âme. Il faudrait compter le nombre de scènes qui proposent des entrées de champs impossibles et hallucinantes de discontinuité, où des protagonistes se téléportent d’un point A à un point B sans explication. Il faut également pointer du doigt le personnage incarné par DeWanda Wise, qui agit sans aucune logique. Cette mercenaire est en contradiction perpétuelle avec son discours, ses principes et son code de conduite. Elle met tout en danger pour aider gratuitement des gens qu’elle ne connaît pas. Bref, on en passe et des meilleurs.
Mais la quintessence de cette écriture merdique concerne directement Claire, le personnage de Bryce Dallas Howard, qui passe de femme forte et indépendante, capable de semer un T-Rex en talons aiguilles, à une mère de famille fragile qui ne cesse de geindre, et qui n’a visiblement plus aucune force de persuasion et de défense depuis qu’elle sort avec Owen (Chris Pratt).
Des dinosaures à foison
Alors oui, Jurassic World : Le Monde d’après regorge de dinosaures. Aucun film précédent n’a autant mis en scène les gros sauriens. Mais ces animaux préhistoriques ne sont plus que des outils fades, qui ne servent qu’un scénario réchauffé et prévisible. Ils ne sont plus les objets de fascination ou de crainte comme dans les films de Steven Spielberg. Ici, ils ne forment qu’une succession de contraintes et de ralentissements à vaincre pour nos protagonistes. Ce qui donne une désagréable sensation superficielle d’un simple enchaînement de niveaux dans un jeu vidéo, jusqu’à l’affrontement du boss final.
Et puis la mise en scène de Colin Trevorrow est un affront, un enfer. Le metteur en scène filme platoniquement ses séquences, son action et même ses décors. Jamais la fluidité d’une scène ne frappe l’esprit, jamais la crainte est mise en scène, et jamais la violence n’est réellement explicitée à l’écran. Le Monde d’après est un produit lisse, tout terrain et tout public, qui ne sait jamais comment raconter une histoire et filmer des scène d’action. Le gigantisme des créatures n’est représenté qu’en de rares occasions. Enfin, les thématiques parentales, trans-humaines et écologiques sont bidons au possible, et ne sont que des sujets survolés de très très loin, pour donner l’illusion que le film raconte quelque chose. Bordel, même le combat final est d’une nullité affligeante. S’il vous plaît, ne redonnez jamais un blockbuster à Colin Trevorrow, par pitié…