Focus sur Joker

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Joker – « Si j’agonisais sur le trottoir, vous m’enjamberiez »

Il ne faut pas être drôle pour être humoriste ?

Arthur est un humoriste raté qui devient graduellement un furieux psychopathe.

Au lieu de se contenter de réaliser simplement un récit sur les origines d’un célèbre antagoniste d’un super-héros, Todd Phillips, pourtant davantage accoutumé aux comédies potaches, mais qui semble de se révolter contre un genre dans lequel on l’a cloisonné, met en scène un métrage montrant un personnage incompris, méprisé à cause de sa vulnérabilité, un homme pratiquement esseulé et nourri par l’amertume des laissés-pour-compte, proscrit et persécuté par une société malade et nihiliste. Même si c’est avant tout l’étude psychanalytique d’un individu, c’est aussi un véritable brûlot macabre envers les médias, les élites politiques et le rêve américain qui se mue en cauchemar violent. Quant à son handicap, son rire involontaire, il s’apparente parfois à des sanglots. Les dialogues recèlent de pépites d’humour noir telles « Ma mère est morte. Je fête ça » et cruel comme le nain qui ne parvient pas à atteindre la chaînette d’une porte. Joaquin Phoenix livre une prestation véritablement inquiétante, voire dérangeante. Bref, l’atteinte ultime au frivole studio Marvel et un spasme de sagacité hollywoodien provenant d’une œuvre magistrale, éthérée et foncièrement subversive.
IMG 0654 Focus sur Joker
Joker – Folie à deux – « On est tous des clowns »

Arthur est désormais interné dans un hôpital psychiatrique où il tombe sous le charme de Lee.

Je vais étrenner en subdivisant ma critique de manière schématique car j’ai une myriade d’arguments favorables et d’autres qui ne le sont pas. En effet, le métrage m’a laissé une impression des plus mitigées.

Aspects négatifs

Déjà, il faut déplorer le simple fait qu’il y ait eu un prolongement aux aventures de ce psychopathe qui transcendait la machine hollywoodienne ; elle a fini finalement par se plier à ses injonctions. J’ai compris l’intention du réalisateur qui était d’innover, mais je suis rétif aux comédies musicales, surtout que Joaquin Phoenix n’est pas aussi décontracté que Lady Gaga pour pousser la chansonnette, il aurait dû se contenter de ses facéties lors de la défense assurée par le Joker lui-même, mais il est tout de même parvenu à me convaincre avec une version anglaise de Ne me quitte pas. Par contre, la chanteuse malheureuse ne peut nullement compter sur une écriture formidable de son personnage. Le plus cocasse est l’extrême liberté accordée aux détenus d’Arkham, au point de laisser le couple se livrer à un coït, qui contient quand même des tueurs endurcis. L’écueil principal de ce genre de productions est présent, c’est-à-dire que toute une mélopée pourrait être résumée par une réplique unique. De plus, Joker – Folie à deux ne décolle jamais et il manque indéniablement d’un grain de folie pour une comédie musicale, ce qui offrait la possibilité à des divagations barrées. Il a perdu de sa superbe anarchiste en réprouvant son prédécesseur.

Aspects positifs

Le dessin animé liminaire est fantastique et il prend à contre-courant les attentes des spectateurs. J’ai apprécié la critique acerbe envers les journalistes que le film qualifie de « sensationnalistes ». J’ai été réellement captivé par la partie consacrée au procès. Également, que ce soit l’héroïne qui berne tout du long le protagoniste, Arthur est manipulé par une baveuse qui tente de le faire passer pour un cas psychiatrique, par un présentateur qui cherche à le faire sortir de ses gonds et une admiratrice qui lui fait croire à son amour.
SPOILER ALERT :
Le final est un pied de nez à ceux qui s’attendaient à une suite.