A Dark Song est le premier long-métrage du réalisateur irlandais Liam Gavin. Et qui dit premier long-métrage, dit (pour tout réalisateur normalement constitué) quelques maladresses. Suite à la perte de son fils, Sophia engage un spécialiste des sciences occultes afin de réaliser une série de rituels permettant d’entrer en contact avec son ange-gardien et d’exaucer l’un de ses souhaits. Ce film d’horreur indépendant réunit les éléments traditionnels du genre, tout en évitant l’écueil du banal film d’épouvante.
Une tension progressive aux antipodes du jump scare
On retrouve dans A Dark Song toute la panoplie du film d’horreur classique : la maison ancienne isolée qui sert de huit-clos, les pentacles, les portes qui claquent, de l’hémoglobine et bien sûr la présence de nappes musicales inquiétantes. Si au premier abord le film apparaît comme ordinaire, il s’écarte toutefois radicalement du jump scare si répandu au cours de ces dernières années. Le rythme se veut progressif, avec une montée en puissance des tensions latentes et s’inscrit ainsi dans la lignée des films fantastiques d’épouvante japonais comme Dark Water. Malheureusement, le montage qui forme un patchwork parfois difficilement compréhensible n’offre pas l’homogénéité nécessaire à l’installation d’une atmosphère lente et inquiétante véritablement efficace.
Un film d’horreur ancré dans le folklore gallois
Les paysages du Pays de Galle constituent une réelle plus-value pour le film. Outre la beauté incontestable des lieux, ils agissent comme une menace supplémentaire. En effet, les conditions météorologiques, un vent qui souffle fort et de lourds nuages gris, renforcent cette atmosphère d’hostilité et soulignent la vulnérabilité du personnage central. Ce paysage est même acteur de l’enferment de Sophia, puisque lorsqu’elle celle-ci tente de s’échapper, le chemin la ramène invariablement vers la maison.
Le folklore est également matérialisé par l’intermédiaire d’une petite figurine de gobelin, un ancien jouet du fils de Sophia qu’elle conserve précieusement. Cette figurine fait office de lien entre le monde matériel et le monde des esprits, ce qui permet au réalisateur de jouer avec la frontière entre réalité et fantastique (et donc de jouer avec la peur des spectateurs).
Des ténèbres à la lumière
Il faut relever le soin particulier accordé au traitement de la lumière tout au long du film. L’éclairage confère à A Dark Song un certain réalisme, avec la présence de contre-jours assumés par exemple, mais toujours dans un soucis d’esthétisme photographique léché. Il n’y a rien à redire sur les ambiances à la bougie qui constituent tout de même une bonne partie du film. Au-delà du traitement technique, la lumière revêt une dimension significative dans l’évolution du personnage principal. Sophia commence par s’enfoncer dans la noirceur du désespoir, avant d’effectuer une ascension vers la lumière et de ce fait vers la rédemption.
A Dark Song est un film d’horreur indépendant qui ne connait malheureusement pas (encore) de distribution en salle. C’est grâce à des festival comme le FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg) que le film part à la rencontre de son public. A Dark Song se dote d’une réflexion philosophique forte et inattendue, car peu courante dans ce genre cinématographique. Le dénouement surprend par son traitement formel et fera sans nul doute des sceptiques mais quoiqu’il en soit, le film ne laisse pas indifférent.
Bande-annonce A Dark Song
https://www.youtube.com/watch?v=vvQ2ClKbRcU