Denis Villeneuve, le réalisateur ultra talentueux de Prisoners, Enemy, Blade Runner 2049 ou encore Premier Contact, s’attaque à un monument de la science-fiction : Dune. Après que David Lynch se soit cassé les dents sur le projet dans les années 1980, Denis Villeneuve se lance lui aussi dans l’adaptation du classique de Frank Herbert. Et pour l’entourer, il a sélectionné un casting proprement hallucinant composé de Timothée Chalamet (Paul Atreides), de Rebecca Ferguson (Jessica Atreides), d’Oscar Isaac (Duke Leto Atreides), de Jason Momoa (Dunca Idaho), de Stellan Skarsgard (Baron Harkonnen), de Josh Brolin (Gurney Halleck), de Javier Bardem (Stilgar), de Dave Bautista (Rabban Harkonnen), de Charlotte Rampling (Révérend Mère Mohiam) ou encore de Zendaya (Chani).
Dune : une œuvre ambitieuse
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Denis Villeneuve n’a pas fait les choses à moitié. Il signe une œuvre monumentale, un spectacle grandiose, une adaptation fidèle et un film totalement ancré dans l’air du temps. Dune est un long-métrage intelligent, capable de parler aux néophytes, mais également de séduire les fans hardcores. Le metteur en scène dompte un roman, avec une verve qui lui ai propre, réputé très difficile à adapter.
Tout est gigantesque dans Dune : les décors, les effets spéciaux, les costumes, les comédiens, la photographie (surtout) c’est une leçon de cinéma, de spectacle et plus largement d’art dans sa globalité. Un spectacle admirable où s’exprime une photographie absolument superbe, dans des décors désertique somptueux, tout droit sortis de l’imaginaire de son orfèvre. Il faut également souligner le sound design incroyable, d’une efficacité magnifique.
Avec Dune, Denis Villeneuve compose un space-opera grandiose où un récit politique et de filiation s’exprime à travers un spectacle époustouflant de tous les instants. Dune est également la preuve que les blockbusters ont toujours des choses à offrir et à raconter, et que l’ampleur et l’ambition de ce genre de production peut toujours se marier avec une forme d’intimité, avec des thématiques plus humaines. Des ressorts émotionnels qui s’expriment surtout via le personnage de Paul.
Thimothée Chalamet offre ainsi une prestation étonnamment humaine, qui se remarque par rapport à une immatérialité volontaire ou non de certains protagonistes. On pourrait ainsi utiliser des superlatifs jusqu’à ce que l’encre soit écoulée. Dune est une œuvre de science-fiction qui fera indéniablement date dans l’histoire du cinéma, se plaçant au rang des chef d’œuvres et des classiques en devenir, au même titre que le premier Star Wars.
Un film parfois désincarné ?
Mais si on devait chipoter, Dune n’est malheureusement pas exempt de tout défaut. Déjà, sa longueur, plus de 2h30, peut finir par essouffler son public. La musique omniprésente d’Hans Zimmer, et l’absence totale de rupture de ton et de rythme, font de Dune un film parfois fatiguant.
L’ambition de Denis Villeneuve le dépasse parfois. Le cinéaste se regarde filmer dans un excès de confiance qui se ressent à l’écran : mise en situation trop lente et grandiloquente, visions redondantes et trop présentes, ventre mou au milieu du récit. Non Dune n’est pas parfait, quoi qu’en dise les critiques professionnelles.
Dune sonne parfois comme une longue marche pompeuse, qui suit consciencieusement la prophétie de Paul, via un excès d’explications, de bavardages, et une laborieuse avancée en ligne droite. Denis Villeneuve fait le choix d’expliquer à ses spectateurs ce qu’ils doivent savoir plutôt que de les laisser ressentir, de les laisser observer, de les laisser se perdre dans l’immensité de ce désert et finalement de laisser parler son image.
Paradoxalement, malgré ses 2h35 de film, Dune est peut-être l’œuvre la plus rapide de son auteur. Moins contemplatif que Blade Runner 2049, Dune ne laisse pas toujours le temps à son image de s’encrer durablement dans l’esprit de ses spectateurs. Exemple avec le design du Baron, trop rapidement effleuré, qui méritait que la caméra s’attarde davantage sur son esthétique impressionnante, inquiétante et d’une force hallucinante. Denis Villeneuve laisse parfois le spectateur en témoin oculaire, qui ne participe jamais vraiment, et qui se laisse porter par un surplus de constatations. L’œuvre est ainsi parfois désincarnée, et les émotions glissent en surface, sans jamais atteindre le cœur de son assistance. Ainsi, c’est clairement hypnotique, mais parfois un peu fade.