Ce n’est pas une nouveauté, la cible principale des grands studios d’animation est le jeune public. Et comme tous les bons studios de cet acabit, Dreamworks et Pixar savent que si les parents se déplacent dans les salles obscures pour y voir des dessins animés, ce sera généralement pour satisfaire leurs chères petites têtes blondes.
Heureusement pour ces parents et autres adultes sans enfants, les concurrents Dreamworks/Pixar ont depuis longtemps refusé de renier leur maturité, et décidé de satisfaire aussi bien l’enfant rêveur, que l’adulte désirant se divertir.
Depuis plusieurs années, Dreamworks et Pixar tirent leur épingle du jeu en mettant en avant des dessins animés aux sous-textes multiples, cachés plus ou moins subtilement dans leurs productions.
Si inclure ce type de sous-textes n’est pas une nouveauté chez les studios d’animation, ceux-ci firent cette démarche au début des années 2000, période où de rudes reproches étaient adressés aux films d’animation grand-public concernant leur manque de maturité, notamment parmi les productions Disney.
Ce manque de maturité était observable chez Disney, soit dans le traitement de ses œuvres originales (Atlantide, La ferme se rebelle…), soit au travers de suites bien moins marquantes que les volets d’origines (Mulan 2, Le Bossu de Notre-Dame 2).
En conséquence, et bien que le géant Disney ait longtemps détenu le monopole des grosses productions d’animation, ce seront les coups d’éclats successifs de sa branche Pixar qui hisseront cette dernière au rang de référence moderne du film d’animation.
Malgré son appartenance à Disney, Pixar a développé ses œuvres artistiques de manière libre et indépendante afin de se démarquer de celles du géant du divertissement. La force de Pixar vient notamment de la maturité palpable de ses films d’animation, malgré des sujets initialement manichéens. Si parfois (rarement) le résultat a pu être bancal (Rebelle), on ressent toujours ce désir du studio Pixar de toucher aussi bien le jeune spectateur que le public adulte.
S’agissant de Dreamworks, nous avons le droit à deux types de productions et donc, deux types de public. En premier lieu, il y a les longs métrages d’animation, pour la plupart de très grandes qualités et aussi agréables pour les enfants que pour les adultes. Mais Dreamworks a souvent choisi de décliner ses créations dans d’autres formats (téléfilms, séries…) qui sont eux, clairement plus axés pour le jeune public. En outre, il arrive que leurs suites soient bien moins travaillées que leur support de base (Madagascar 2 et 3). Ce qui ne les a néanmoins pas empêché de sortir des suites aussi fabuleuses, voire meilleures encore que les œuvres originales (Kung Fu Panda, Schrek 2, Dragons 2…).
De son côté, même si Pixar a distribué une ou deux séries plus enfantines que leurs longs métrages, le studio a décidé de faire preuve de la même maturité dans ses courts métrages que dans les longs. Certains d’entre-eux sont mêmes devenus cultes et font aujourd’hui partie intégrante de l’histoire du studio d’animation (« Drôles d’oiseaux sur une ligne à haute tension » Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 2002).
Même combat concernant les suites de Pixar, qui se veulent généralement aussi matures que leurs prédécesseurs (Toy Story 2 et 3) bien que le résultat ait déjà pu être inégal (Cars 2). Néanmoins, il est encore un petit peu difficile d’avoir du recul concernant les suites distribuées par Pixar, celles-ci étant aujourd’hui beaucoup moins nombreuses que celles de Dreamworks. Cela ne nous empêchera pas de continuer à juger la maturité des suites du studio Pixar, et cela dès cet été, avec la sortie mondiale du « Monde de Dory« .
Au final, si l’on peut parler de concurrence en langage d’affaires, on ne peut décemment pas parler de rivalité concernant les objectifs artistiques de ces deux studios. Leurs volontés et leurs méthodes sont les mêmes : faire grandir les enfants, en décidant de les considérer non pas comme tels, mais bien comme des adultes en devenir. En créant des œuvres aussi matures, Ils permettent à l’enfant de mûrir et de s’épanouir, tout en réussissant à réjouir le public adulte.
Nous pouvons donc remercier Dreamworks et Pixar d’avoir compris une chose : c’est que ce qui fait un grand dessin animé, ce sera toujours sa maturité. Car au final, la plus grande force des films d’animation, c’est de réussir à nous faire grandir avec eux. Et l’on peut d’ailleurs constater une chose. C’est que les divers coups d’éclats de ces compagnies auront poussé Disney à recréer des œuvres aux sous-textes très matures (comme Zootopie). Comme quoi tout arrive !