Mark Webb a la cote cette année au Festival du Cinéma Américain de Deauville ! Après avoir présenté le très appréciable Mary, celui-ci nous fait découvrir The Only Living Boy in New-York. Porté par un casting d’enfer, cette fable familiale repousse de manière intéressante les limites de la morale.
Les carcans de la moralité mis à l’épreuve
Quand Thomas découvre que son père a une relation extra-conjugale, il se met à s’inquiéter pour sa mère et son équilibre mental fragile. Cependant un autre problème va rapidement se poser quand la belle et séduisante maîtresse de son père le séduit à son tour.
Le ton de l’histoire est posé : entre le père infidèle et le fils qui a une relation avec la maîtresse de ce dernier, la morale a vite foutu le camp dans The Only Living Boy in New-York. Et pourtant, Mark Webb réussit à faire ce qu’il fait toujours : créer des personnages attachants, drôles et émouvants. L’évolution de Thomas sera particulièrement intéressante, notamment par le biais de sa relation avec W.F. Gerald. En effet, son nouveau voisin et mentor s’avère de bon conseil aussi bien pour lui que pour le spectateur. Ce personnage énigmatique, magnifiquement campé par Jeff Bridges, oblige les personnages (et le spectateur) à prendre conscience de ses désirs cachés et de ses talents enfouis. Ses désirs cachés seront par ailleurs mis à l’épreuve par une Kate Beckinsale au top de son sex-appeal dans le rôle de Johanna. Amante à la fois du père et du fils, celle-ci s’avère être un personnage mystérieux et fascinant, faisant évoluer tous les personnages qu’elle fréquente.
Si la moralité a déjà été bannie à grand coups de pieds avec la relation père-fils-amante, la conscience de Thomas n’a pas fini d’être mise à l’épreuve. En effet, une grande question taraude le personnage mais également le spectateur : comment annoncer à la mère instable que le père a une amante ? Et comment faire face à son paternel quand on a soi-même une relation avec l’autre femme ? Là où la morale est mise de côté, ce sont de belles leçons d’honnêteté qui sont données aux personnages et aux spectateurs. L’honnêteté envers les autres évidemment, mais aussi envers soi-même.
Un casting d’enfer en pleine osmose
Le casting de The Only Living Boy in New-York n’est pas seulement excellent, il est aussi parfaitement complémentaire. L’alchimie entre tous les personnages force le respect. Si cela est évidemment dû à l’écriture, le film doit aussi cela au choix des acteurs et à leur complicité à l’écran.
La complicité la plus évidente est celle entre Thomas et W.F. Gerald, respectivement interprétés par Callum Turner et Jeff Bridges. Leur relation mentor-élève, doublée d’une amitié profonde, est sincèrement touchante à suivre. Jeff Bridges est incroyable de charisme et est le personnage à l’origine des émotions les plus fortes du film. Callum Turner ne démérite pas face à lui et interprète Thomas avec beaucoup de talent. On peut noter une évolution palpable de ce personnage durant la totalité du film. Cette évolution que nous ressentons constamment démontre à quel point Turner maîtrise son personnage sur le bout des doigts.
Kate Beckinsale est également très convaincante en femme fatale à la fois forte et fragile. Subtile dans ses émotions, elle est le fil conducteur de toute l’intrigue et garde une personnalité assez mystérieuse jusqu’au dénouement du film. Enfin, Pierce Brosnan est une véritable surprise dans ce film. La surprise n’est pas qu’il soit bon acteur car, ça, nous le savons depuis longtemps. Ce qui choque, c’est à quel point son personnage, en apparence manichéen, est en fait bien plus complexe que prévu. Son interprétation toute en finesse de père autoritaire est particulièrement bluffante, notamment durant la seconde partie de l’intrigue. Mis ensemble, ces personnages forment un incroyable patchwork, bien plus surprenant que ce qu’on pourrait croire au premier abord. Il s’agit sans conteste du point fort du film.
Immoral, drôle, original et magnifiquement interprété, The Only Living Boy in New-York est la deuxième pépite « Made in Mark Webb » présentée à Deauville cette année. Un vrai souffle d’air frais dans un cinéma qui oublie parfois d’être simple à notre époque engorgée par les blockbusters. A découvrir dès sa sortie, tout comme le très réussi Mary.