UN PREMIER FILM ATTENDU
La comédie satirique américaine de Justin Simien avec Tyler James Williams, Tessa Thompson, et Teyonah Parris sortira en salle mercredi 25 Mars 2015. Il dépeint dans un style humoristique piqué de référence à Spike Lee ou encore Kubrick, la vie de quatre étudiants noirs américains au sein d’une université prestigieuse des Etats-Unis.
Le film a été présenté au Festival Sundance 2014 où il a remporté le prix spécial du jury américain. A l’origine de moults polémiques et critiques qui n’ont fait que participer à sa popularité outre-Atlantique, c’est donc à New-York lors de ses vacances qu’Isabelle Dubar, la distributrice du film en France à fait la découverte de ce petit ovni. Si elle s’interrogeait sur ce que serait l’audience du film, le panel des spectateurs présents lors de l’avant-première lundi 23 mars a répondu à sa question. Dans la salle comble, on trouve de toutes les origines et de toutes les générations. On comprend tout de même sa fébrilité car si le genre est répandu aux Etats-Unis, c’est beaucoup moins le cas sur nos terres gauloises. Le film pourra donc intriguer certains spectateurs quant aux contextes dans lesquels se déroule l’action plutôt spécifiques aux Etats-Unis. Mais c’est surtout grâce aux personnages que l’on s’attache à la progression narrative du film.
ETRE NOIR DANS UN ENVIRONNEMENT DE BLANCS
Le premier film de Justin Simien questionne avec humour les rapports inter-communautaires au sein d’une prestigieuse université américaine dans l’Amérique d’Obama. C’est au cours d’une soirée au thème douteux que se cristallisent les tensions entre les étudiants afro-américains et blancs.
On découvre les différents groupes et protagonistes à travers les yeux de Lionel. Ce jeune homme homosexuel, timide et frêle, remarquable par sa coupe afro et son incapacité à s’identifier parmi lesdits groupes nous introduit donc à « Dear White people». « Dear White People… » c’est aussi le nom que porte la chronique de Sam sur la radio universitaire de cette prestigieuse faculté. La métisse douée et au tempérament anarchiste y stigmatise les comportements inter-communautaires avec une verve particulièrement acerbe et y dénonce les injonctions faites aux noirs. Il y a aussi Coco qui ne se trouve pas « si noire que ça » et cherche par tous les moyens à s’intégrer parmi les blancs. Enfin Troy Fairbanks, le fils du doyen de l’université est promis à un bel avenir mais reste écrasé par les ambitions de son père. L’histoire et l’évolution de ces personnages aux parcours distincts se mêlent entre ambitions personnelles, quêtes identitaires et préjugés interculturels.
La mise en scène est pétillante et très bien rythmée avec une part belle faite à l’esthétisme et un effort tout particulier sur les costumes -exception faite de la perruque de Lionel qui m’aura intriguée durant tout le film. La fraîcheur et le talent des acteurs agrippent le spectateur. En particulier Tessa Thompson qui incarne Sam avec brio et parvient même à donner une certaine profondeur à son personnage. De même que Teyonah Parris qui parvient à rendre de la sensibilité au personnage antipathique et opportuniste de Coco. L’exercice était assez périlleux tant la facilité vers laquelle les personnages auraient pu tourner à la caricature pure et simple était grande. J’ai tout de même eu du mal à dissocier Tyler James Williams de son rôle dans la série « Everybody Hates Chris ». La bande-originale est aussi intéressante et éclectique. Elle alterne entre musique classique, pop et hip-hop et ajoute encore de la fraîcheur et du rythme au film.
« Dear White People » fait bien rire, émeut même aussi à certains moments mais fait-il réfléchir pour autant ? A votre tour d’en juger!