Critiques de Le Deuxième Acte, The Old Oak et The Last Rifleman

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Le Deuxième Acte – « C’est ça qui est cool avec le cinéma. Ça sert à rien »

Florence décide de présenter l’homme de sa vie à son père tandis que lui essaie de la fourguer à un copain. Mais, ce n’est qu’un scénario.

Ce rendez-vous (déjà le troisième en un an) avec Quentin Dupieux remplit toutes ses promesses en matière de loufoqueries en n’oubliant pas de s’amuser avec le spectateur. Le réalisateur prolifique est le maître incontesté de la mise en abyme et il le prouve, une fois encore, en nous égarant au point de ne plus savoir quel film est dans le film. Il est cocasse de remarquer que dans une œuvre aussi concise, le réalisateur prenne le temps de filmer en un long travelling montrant prosaïquement des rails ou bien un figurant vaquant à ses occupations comme se coiffer ou se raser. Ce spectacle acerbe et cynique amène le gratin du grand écran dans un palais des glaces. Le métrage évoque l’intelligence artificielle, la futilité du cinéma mis en parallèle avec ce qui se déroule dans le monde, le rêve américain, un féminisme intempestif, le harcèlement sexuel, les égos surdimensionnés ou la culture de l’effacement, bref, toutes les turpitudes qui hantent la sphère du septième art. Manuel Guillot est brillant en comédien trémulant, c’est une vraie révélation.
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The Old Oak – « Donnez-moi un avenir »

L’irruption de réfugiés désunit un village.

Ken Loach pourrait montrer des arguments de ploucs décérébrés d’un patelin anglais quelconque, il accorde, au contraire, d’augustes dialectiques en faveur de la xénophobie (luxe de certains objets qui leur sont offerts, la peur de l’inconnu, de perdre sa propre identité et « on ne va pas accueillir toute la misère du monde, d’autant qu’on a la nôtre ») ; il vient les nuancer avec l’abnégation de son héros. Il est rassérénant de visualiser un métrage du cinéaste britannique pour nous redonner foi en l’humanité. Néanmoins, il use de deux sophismes fallacieux : l’héroïne syrienne ne porte pas le hijab et les migrants viennent en aide aux campagnards, je crois ne pas trop m’avancer que dans la réalité, ils seraient bien trop accaparés par leur propre détresse et le dénouement possède de la candeur en excès.
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The Last Rifleman – « Quelle personne saine d’esprit voudrait retourner là-bas ? »

Artie s’esbigne de sa maison de repos pour assister au cérémonial du septante-cinquième anniversaire du débarquement de Normandie.

Ce métrage m’a énormément évoqué L’Improbable voyage d’Harold Fry : des abouchements touchants et édifiants comme celui avec un ancien émule, une pérambulation invraisemblable, l’âge avancé du protagoniste, le même traitement humaniste ou encore la ferveur des médias… On pourrait reprocher le stéréotype des jeunes délinquants, s’il n’était pas contrebalancé quasiment dans la scène suivante par un pubère bienveillant avec le vieil homme. Pierce Brosnan livre une prestation fort sincère et émouvante.