Green Border – « Tu sais combien de gens se sont noyés dans la mer pour atteindre l’Europe ? »
Une famille syrienne est bloquée à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, représentant un accès vers l’Union Européenne.
Encore un métrage qui évoque la douleur des réfugiés, pourrions-nous nous dire, mais de celui-ci exsude le désespoir par exemple lorsqu’une petite fille s’abreuve de l’aiguail de conifères. Une situation qui se résumerait à la réplique « tu n’as qu’à les accueillir chez toi », révélant que ce sont des moutons noirs dont personne ne veut, mais – excusez-moi de jouer les gauchistes – ils sont humains néanmoins. La cinéaste polonaise ausculte la fourberie des allochtones à l’ethnie de ces expatriés, la brutalité des garde-frontières embrigadés, la veulerie des politiciens et la mansuétude d’anonymes. Il y a matière à se questionner sur notre propre humanité face à cette crise migratoire. L’argument ultime qui devrait vous pousser à visionner cette œuvre, c’est qu’elle a été conspuée par les politicards de Pologne, ce qui prouve son efficacité. De plus, elle n’omet pas d’insérer des moments de légèreté avec des propos tels que « arrêtez de m’appeler mademoiselle ». Bref, trois heures de compassion empathique.
La Vie de ma mère – « Tu crois que tu viens d’où ? »
Une mère maniaco-dépressive s’esbigne du centre où elle est. La responsabilité de s’en occuper revient à sa progéniture.
La bipolarité est traitée avec exhaustivité : la dépendance financière, l’exubérance, l’érotomanie, les insomnies, l’assuétude à l’alcool, les conséquences sur l’entourage ou encore les enfantillages. Ce métrage autobiographique n’est pas l’exposé d’un cas clinique, mais la réunion affectueuse et dolente d’une mère foncièrement ingérable et d’un fils qui veut juste mener une existence paisible. Agnès Jaoui interprète avec émotion, notamment lors d’un karaoké sur Fais-moi une place de Julien Clerc, une maman terriblement fantasque en parvenant même à être agaçante.
Making of – « De toute façon, on s’en fout : les making of, personne ne les regarde »
Des litiges concernant la fin d’un métrage et des soucis pécuniaires sourdent.
Cette excellente comédie adhère au pedigree des films qui parlent savoureusement du microcosme du cinéma. Ceci est une critique astucieuse d’un domaine où créativité et bénéfices doivent coexister. L’analogie du sujet de l’œuvre fictive (la fermeture d’une usine) rejoint sagacement le thème de cette production, c’est-à-dire les problèmes financiers. Cédric Kahn tente l’allégresse trois mois après Le procès Goldman, il porte un regard à l’emporte-pièce sur cette haute sphère, si fantasmée. Quant à Jonhatan Cohen, il accomplit la prouesse d’interpréter excellemment un acteur qui joue médiocrement. Bref, enfin un making of qui saisit l’esprit et l’essence du septième art.