Critique Zack Snyder’s Justice League : Un Opéra Super-héroïque

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Quelle aventure ! Voilà comment on pourrait résumer la sortie de ce director’s cut de Justice League. Il est impossible de commencer cette critique sans expliquer le contexte dans lequel celui-ci nous est livré. Revenons donc en arrière.

Résurrection. 

2013. Man of Steel sort. Ce film de Zack Snyder, supervisé par un Christopher Nolan auréolé du succès de sa trilogie Dark Knight, tente de remettre Superman au gout de jour. Franc succès, cette vision épique digne d’une adaptation live de Dragon Ball Z est choisie comme point de départ de l’équivalent DC du MCU (Marvel Cinematic Universe). S’ensuit Batman V Superman, conspué à sa sortie, mais réévalué suite à la sortie en Blu-ray d’une version longue de 30 minutes. Cet opéra christique et nietzschéen n’aura pas atteint le succès d’un Avengers au box-office conduisant Warner à orienter ces futures productions vers quelque chose de plus coloré et plus humoristique. Si cela a parfois pu s’avérer être une décision favorable à certains films tels que Wonder Woman ou Aquaman, dans le cadre de Justice League, cette décision se fut avérée être une décision cauchemardesque.

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Surveillé par deux producteurs exécutifs, Snyder a de plus été épaulé par Josh Whedon, avant d’être carrément remplacé par le fabricant des deux premiers Avengers. Snyder, devant faire face à un drame familial, a fini par quitter la production, tandis que Whedon retournait une grande partie du film, pour en arriver à une durée de deux heures. Le résultat ? Une abomination, essayant de mixer le style de deux cinéastes extrêmement différents, aboutissant à l’un des pires films de super-héros de l’ère moderne.

Suite à la manifestation d’une armée de fans sur Internet (allant jusqu’à louer un écran publicitaire sur Time Square), Warner Bros, en quête de produit d’appel fort pour le lancement de la plateforme de streaming du studio, HBO Max, finit par céder et donne une enveloppe de 70 millions de dollars, afin de permettre à Zack Snyder de faire sa véritable version de Justice League d’une durée de 4h. Alors, que vaut ce Zack Snyder’s Justice League, qui tombe à pic pour commencer le confinement pour les cinéphiles parisiens et nordistes ? Focus.

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Un opéra super-héroïque épique

Premier constat : ce Snyder’s Cut est un blockbuster tout à fait correct, qui rivalise avec la concurrence Marvel sans difficulté. Ces deux heures supplémentaires permettent d’étoffer les personnages de Cyborg et de Flash, qui sont parmi les grands vainqueurs de ce nouveau montage. Si, la caractérisation de ces personnages reste assez convenue, elle fonctionne assez efficacement pour les rendre plus attachants. Le Flash d’Ezra Miller devient un héros bien plus passionnant à regarder. Cette nouvelle version met véritablement en valeur ces pouvoirs, grâce à la réalisation de Snyder, toujours au taquet lorsqu’il s’agit d’iconiser des super-héros. Reste que l’humour n’est pas toujours une réussite, étant imposé au forceps par les cadres de la Warner.

La véritable surprise réside en l’amélioration de Steppenwolf, qui est enfin un méchant crédible. En quête de rédemption pour se faire pardonner envers Darkseid, le monstre en devient parallèlement plus humain et plus intéressant. Il devient enfin une menace crédible pour les héros. Cette mise en valeur de Steppenwolf permet d’enfin avoir une justification crédible à la réunion des super-héros.

De plus, la présence de Darkseid instaure un véritable sentiment de danger, et une atmosphère pré-apocalyptique. Si la ligue des justiciers ne se rassemble pas, c’est un avenir à la Mad Max qui s’annonce. Ce qui permet au Climax de prendre enfin plus de valeur et d’efficacité, les héros passant à deux doigts du désastre. En revanche, les personnages de Batman, Superman et Wonder Woman, ne se retrouvent pas grandis par cette nouvelle version, conservant les mêmes défauts que dans le JOSHtice League. Finalement, le véritable vainqueur ici est son réalisateur.

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Le retour d’un paria.

Zack Snyder est un des réalisateurs de blockbusters parmi les plus reconnaissables d’Hollywood. Possédant un talent fou pour créer des images-chocs rivalisant avec la démesure des plus grands comics-book, Snyder sait mettre en image un récit, et iconiser des personnages de super-héros. Le choix du ratio 4/3 (format carré) permet d’avoir un cadre se rapprochant des cases de comics. Justice League bénéficie du retour du cinéaste aux commandes, qui porte son style à l’extrême : ralenti absolument partout, cadre travaillé, donnant une stature divine à ces héros.

On doit en revanche compenser avec des effets visuels, mal fignolés, une musique assommante, sursignifiante, et certaines fautes de gout dont on se serait bien passé (le placement de produit pour Mercedes, même pas digne d’un Michael Bay). Si une version de 4h n’était pas forcément indispensable, cela permet malgré tout aux personnages de prendre plus d’ampleur, et à Snyder de dévoiler la toute-puissance de sa mise en scène. Quant à l’épilogue d’une dizaine de minutes, celui-ci apparait plus comme une note d’intention à un potentiel Justice League 2 qu’une véritable conclusion. En l’état, on a plus l’impression de voir la scène d’ouverture d’une potentielle suite, qu’une conclusion.

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Alors, toutes ces années d’attente valait-elle le coup ? Mille fois oui. Épique, opératique, parfois gore, ce Snyder’s Cut garde quelque trace des traces de l’implication de la Warner dans le projet, tout en restant un film de Zack Snyder. Pas un film parfait, parfois même bancal, mais un excellent film de super-héros, généreux et bien plus fascinant que de nombreux autres films du genre. À voir pour les fans de DC Comics, et de l’approche stylisée de Zack Snyder.